29 décembre 2008

La Timide de la nuit


Elle est si timide qu'elle ne sort que la nuit
Parfois croissant, parfois demie, parfois pleine, parfois s'éclipse.
Alors sur terre on lui tire dessus, pendant que les vaches tarissent leur lait
Que les chouettes sont clouées sur les granges.
Que le paysan se pend dans son grenier pour récolte perdue.


Elle pleure de cette maudite invective qui la peine depuis des siècles
Elle aime la terre, le maraîcher le sait, il sème quand elle monte, il plante quand elle descend.
Les amoureux se bécotent sur les bancs publics
Et l'ami Pierrot prête même sa plume
Les marins lui font confiance pour se guider et suivre les marées.
La lune Docteur Jeckyl et Mr Dyde ?

21 décembre 2008

Aux pays des merveilles


Je me promène souvent du coté de chez « takkou » blog tunisien d’une très rare pertinence dans ses analyses de la vie de son pays. Il joue mieux que quiconque des mots pour passer au travers des filets de la censure sans doute, mais aussi manipule notre langue à faire rougir un « roumi » de français que nous sommes (je vous encourage à lui rendre visite). http://je-peux-dire-une-connerie.blogspot.com/

Et puis ce matin, sans doute moins endormi que les autres, une étincelle m’a titillé l’esprit, c’est le mot censure qui m’a explosé en pleine poitrine, j’ai pensé le tiers d’un quart de seconde que nous avions la chance en France de nous exprimer en toute liberté….. Si si si…. je l’ai pensé, pardonnez-moi.
Et vlan, voilà que l’actualité ressurgit.
Que dirions-nous d’un pays étranger bien sûr, disons là où nous aimons nous les français cataloguer la liberté de penser.
Dans ce pays fictif, un journal efface du doigt d’un ministre de la justice une bague de 15 000 €
Que dirions-nous de ce pays qui chaque année est condamné par les plus hautes instances mondiales pour ses prisons insalubres.
Que dirions-nous de ce pays où son tsar Nicolas 1er nomme le président de la chaîne publique, avec même la possibilité de le répudier comme une femme infidèle, à ses idées bien entendu.
Que dirions-nous de ce Roi de république bananière, si sa cour était composée des PDG du CAC 40 et s’il était le plus grand ami du plus grand bétonneur de France, comme par hasard PDG de le chaîne privée la plus regardée. Martin l’a rêvé et Nicolas l’a fait !
Que dirions-nous de ce Roi absolu qui porte plainte contre son effigie, même si c’est pour s’en exorciser.Moi en tout cas, si j’habitais dans un pays comme celui-là, je ne manquerais pas de me révolter dans un blog, en espérant ne pas être censuré.…………..

11 décembre 2008

J'ai des doutes..............


J’ai des doutes sur l’information des chaînes publiques quand Nicolas 1er nomme les présidents
J’ai des doutes sur la justice si tu ne t’appelles pas, Santos à Marseille, Tapie, ou Jean fils de Nicolas 1er
J’ai des doutes sur l’équité devant l’impôt, mieux vaut mieux être P. Pinault que Mohamed.
J’ai des doutes sur l’efficacité de notre ministre du logement, ce sont toujours les SDF qui meurent de froid
J'ai des doutes quand Edouard "Le pas Clerc "s'occupe de mon pouvoir d'achat.

J’ai des doutes, pleins de doutes
Vous en avez-vous des doutes ?


Mais j’ai mes certitudes, ma famille, mes amis, et vivre en citoyen

05 décembre 2008

Nous interrompons notre programme...........


Pour annoncer que les livres sont sur mon bureau, De magnifiques livres
Je me suis empressé de vous les préparer, de les bichonner. Je tente de vous y coucher une jolie dédicace, particulière à chacun, à la hauteur du bonheur de vous avoir comme lecteur.
Je rêve maintenant de vous imaginer, bien installés, un bon verre de vin rouge de l’Aude à la main.
Je voudrai tant qu’au fur et à mesure que vous découvrirez la vie de Maurice, vous aussi sur un fougueux destrier noir, vous galopiez dans les plaines du Maroc, accompagné de votre sloughi.
Rêvons ensemble..............au sable, aux dunes, il fait chaud, très chaud. L’alpha est balayé par le sirocco, et soudain au loin vous apercevez un lièvre! Votre cheval s’emballe et le poursuit. Votre lévrier plus rapide vous a déjà distancé…….. le lièvre saute, zig, zag , il court pour survivre………………… il disparaît derrière une minuscule dune, votre chien l’a aperçu…….. Va-t-il l’attraper !!!!!!!!!!………….
348 pages plus tard, revenez me voir et écrivez moi vos remarques et critiques que j’attends impatiemment

Bises à tous,

30 novembre 2008

Rien n'a changé n'es-ce pas?


> Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.

> Avec cette pleine puissance,> en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France,

> de l'Europe peut-être.> Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.

> Dieu sait pourtant que le Président se démène :

> il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;

> ne pouvant créer, il décrète ;

> il cherche à donner le change sur sa nullité ;

> c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

> L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère

> est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.

> Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.

> Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.

> Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit

> et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.

> On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé ".>


> Victor HUGO, dans " Napoléon, le petit "

> Réédité chez Actes Sud>


> VOUS PENSIEZ A QUI ? ...

23 novembre 2008

Il y a des jours comme cela ...................


Tous les jours valent d’être vécus certes, mais pour certains c’est à se demander si on n’aurait pas mieux fait d’aller se coucher, d’autres, où l’on aimerait bien un rappel, bis répétita !
Je me réjouissais à l’avance de la journée qui commençait, malgré les quelques 950 kilomètres qui m’attendaient dans la journée, et malgré l’heure matinale, je ne doutais pas que cette journée allait être agréable.Mon sourire dans la glace venait de me le confirmer.
Tard ce soir, là, sur le retour, la nuit tranquille et paisible commençait à me border, je constatais avec plaisir que la journée était en tous points conforme à mes espérances matinales. J’aime ces heures tardives et solitaires où seul dans son carrosse, un cd en compagnon, vous estimez avoir bien rempli votre journée.Benabar, Raphaël, Mickey 3D, et les Flamands roses m’accompagnaient, et s’ils voulaient se retirer après avoir mérité un petit repos : Encore ! Bis ! Bis ! Encore ! …... Benabar surtout doit m’en vouloir.
Ma voiture championne du monde et pas fière pour cela, me signalait qu’il fallait aussi penser à elle si je voulais qu’ensemble nous atteignions notre havre ce soir. Mais juste ce qu’il faut de carburant, pas plus, ma voiture et moi sommes en harmonie, nous préférons notre pompiste au village. Le papé à la pompe, il te sert et en plus il est bavard et son fiston s’occupe bien de ma chère championne. Quelques litres dans le réservoir, direction la caisse.
............Une moto. Réflexe, je me gare à coté.Un motard et sa compagne. Réflexe, j’engage la conversation.
Lui de face, sympa, elle de dos.
Elle semblait captive de ce bras qu’elle enlaçait comme s’il était son sauveur, son guide, son havre. Conversation de motard :« Le temps »« La vitesse »« La moto »
Lui sympa, elle toujours de dos.
« Il allait sur Béziers »« J’ai aussi une moto »« Non, d’une autre marque »
Lui sympa, elle toujours de dos.
Enfin, elle se retourna, sans desserrer sa prise, sans doute intriguée. Je vis son visage et compris alors qu’il était ses yeux, elle cherchait, nez au vent comme un animal apeuré, d’où pouvait bien venir cette sensation de présence, me localisa, sans doute rassurée, me fit un sourire, mais pas un mot.Je compris aussi qu’il était sa voix.Il me dit adieu, enfourcha sa moto, elle en fit autant, un autre sourire, normal, elle me connaissait maintenant.Elle s’agrippa à lui, que dis-je elle fusionna avec lui.
La moto s’éloigna, il n’y avait sans doute pas 10 minutes que nous nous étions rencontrés.
Il y a des jours comme çà où quelques minutes vous marquent pour des années.La vie est un immense plat à consommer, avec modération ou excès, peu importe.Mais des instants comme celui-là en donnent tout son piment.Et vous…………………….
Benabar disponible me raconta la suite de son histoire.La maison est à vendre, dans un terrain vague,……….. Et des gentils fantômes………………
I’ am a poor lonesome cowboyAnd a long way from home …….

17 novembre 2008

Enfin ,je l'ai fait !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Ouf !!!!!!!!!!!!!!!!!
Et bien maintenant le sors en est jeté, je ne peux plus rien pour lui, il faudra qu’il apprenne à vivre seul sans moi.
Apres une semaine intense de relecture parfois jusqu'à 1 heure du matin y compris le WE, hier soir j’ai confié mon livre à mon éditeur.
Snif…………………….
Puis viendra le temps de vous l’envoyer. A ce sujet je remercie les 59 personnes qui vont être les premières à le lire avant les autres
Mais ne pleurez pas les autres, il y aura un vrai lancement en janvier, il sera présent dans les bonnes bibliothèques, et puis quand même j’en ai commandé 10 de plus pour les retardataires qui tiennent à en recevoir un avec dedidace.
A bientôt mes amis
Patrick

02 novembre 2008

On ne devrai jamais se relire!!!!!!!!!!!!!!!


On ne doit jamais relire ses écrits………..
Jamais se demander si c’est bon ou pas……….
On devrait faire confiance à l’instinct du premier instant, celui qui vous a aidé à jeter les lignes sur la feuille blanche.
Les premiers mots sont toujours justes parce qu’ils vous viennent du plus profond des tripes. En ce noment l’éditeur me demande de relire mon livre édité à 1 exemplaire pour le corriger
Malheur !!J’ai envie de tout refaire
Dés le troisième épisode, j’ai arrêté et relu…. Relu….relu …..Et réécrit entièrement le chapitre trois
Ma femme m’a portée l’estocade : «Tes lecteurs après le 1er et 2 eme chapitre si bien écrit vont s’arrêter au 3eme et ne termineront pas ton livre ce qui serait une injustice »
Je crois en son jugement alors en un jour et des sueurs plus loin je l’ai entièrement revu
Elle a aimé ouf !!!!!!!!!!!!!!!!
Alors cher amis, ceux qui m’ont fait à ce jour l’honneur de m’acheter ce livre en toute confiance, s’il vous plait lisez le au moins jusqu’au chapitre trois, je corrige le reste, je vous tiens au courrant si vous pouvez lire le reste

Amitiés a tous
Patrick

20 octobre 2008

Je le pense! Alors je l'ai ecris dans mon livre


Dans chaque livre il y a quelques remerciements. Moi quand j'ai voulu le faire je ne savais plus ou m' arrêter tant j'avais de vrais amis à remercier. Alors l'éditeur a dit banco alons y! et voila ce que cela donne


Remerciements


A ma famille,

Ma femme Myriam pour ses encouragements permanents. A mes enfants, Marie Noëlle et Christophe mes fidèles supporters, et à mes frères Daniel et Claude pour leur avoir trituré leurs souvenirs.

A mes amis blogeurs, et autres supporters

Leurs commentaires m’ont aidé quand ma plume s’évaporait

Lyliane, Cergie, M. Mouhib, Majid blal, S.Abdelmoumene, Vincent, Delphinium, Evelyss, Julie, Margueritte, Elia, Fabrice, Thérèse, Viviane, Esperanza, HPY, Rosette et René, Didier et Mireille, Mike, Josie, Jean Bernard et Colette, Denis, Thierry et Nicole, Francis et Colette, Andrée et Jacques, Frederic et Christine, Tarek, Chrisounet, Celina, Takkou, Roger, Mikano, Julie, Jean, Chandler,……..et tous les anonymes visiteurs de mon blog
http://moto-rando.blogspot.com/


A mes amis du village pour leurs encouragements.

André et Roselyne, Wolfgang et Iris, Nathalie et Philipe, Pierre

Mes amis de lycée, avec eux j’étais plus fort

Jean jacques, Christian, Jean Luc, Denis

A mon éditeur,

T. Rollet du « Masque d’or » qui a cru en mon travail.

Enfin au héros de ce roman

Le Maroc, et ses habitants.

11 octobre 2008

Quand je serai grand, je ferai bérbére (roman)


je vous offre en primeur le debut de mon roman, les premires lignes qui d'aprés mon editeur, sont excellentes , a vous de juger.................................


Je souffre, je saigne. Il est minuit. Je n’arrive toujours pas à me lancer dans ce maudit roman que je repousse en permanence au lendemain depuis plus de 20 ans. Je le mijote à petit feu au plus profond de mes doigts, et malgré toute ma passion, et ma fougue, je n’arrive pas à l’écrire. J’ai tenté des milliers de fois l’ouvrage, j’ai écris, mais après quelques jours de pénible labeur, si j’avais le malheur de me relire je jetais farouchement en pâture, mes lignes au « delete » de mon ordinateur fatigué de ne cesser de faire et défaire mon Pénélope ouvrage.
J’étais épuisé. Maurice encore une fois avait gagné. Mon talent n’était pas à la hauteur pour écrire le roman dont il était le charismatique héros omni présent, et dont il en surveillait les moindres gestes, les moindres lignes. Il ne se gênait pas pour me dire que l’histoire que je tentais d’écrire était imaginaire et quelle sonnait faux. Que lui sa vraie vie, il ne l’avait pas vécu comme cela. Que je n’avais pas de talent, qu’il valait mieux comme toujours que j’abandonne et que j’aille me consacrer à mes bonzaïs. La vérité c’est que je détiens une fabuleuse histoire, mais que mon héros Maurice, n’est pas n’importe qui. Il m’étouffe, je le crains, je le sens toujours près de moi qui m’observe. Je suis seul devant mon clavier, comme devant un immense gouffre de lettres, de ponctuation, de vocabulaire et de mots. Je n’ose plonger dans l’abîme de mes premiers mots, de mes premières phrases. J’ai bien trop peur de ne jamais remonter tout à fait intact de l’abysse de ce livre.
Je déteste en plus que l’on lise par dessus mon épaule, et lui ne va pas se gêner, il va le faire en permanence, il va lire en direct tout ce que je veux écrire.
Tout ceci n’est il pas en fait, qu’une longue et une bien mauvaise excuse ?
J’ai aussi envie de me raconter un peu. Au passage. Mon héros c’est un peu beaucoup de moi, Si je parle de lui, je devrai à un moment parler de moi et partager son histoire. Alors tant pis pour toi Maurice si tu parcours en direct, sans filet ces lignes. Je vais partager avec toi ce roman, je vais m’inscrire dans ta vie, et tu verras un jour nous partagerons nos souvenirs.
Mes doigts enfin rassurés se jettent sur le clavier, et comme toute belle histoire………… elle commence par……………..
Il était une fois .........................
A suivre........ euh .......non pas à suivre......................vous savez ce qu'il vous reste à faire .. .....pour Nöel par exemple

03 octobre 2008

Quand je serai grand, je ferai bérbére


Extrait de mon livre qui va paraitre en decembre


Je repensais à ce gosse qui à Midelt feignait de ne pas entendre sa mère qui l’appelait pour la sieste, aujourd’hui j’aurais tant aimé qu’on me l’imposât ! Mystère de la vie ! Misère du temps qui change. J’aurai tant aimé entendre, tant rêver d’entendre, non seulement pour se reposer mais pour l’amour que ces mots dégageaient
– Tu es fatigué repose-toi cette après-midi
Au lieu de cela
– Patrick, allez, on y va, le travail n’attend pas »
Mon père la première fois qu’il avait entendu cette phrase s’était lui engagé dans l’armée. Moi pour l’armée point besoin de s’engager, j’étais servi sur place !
Comment pouvait-il être aussi présent au Maroc, et si absent aujourd’hui. Ce qui avait changé entre nous deux c’était la France. Oui la France nous éloignait sournoisement chaque jour un peu plus.
Je ne demandais qu’une journée de repos de temps en temps, aller pécher ou patauger à la rivière, un peu, pas beaucoup, pas souvent, de temps en temps pour aller jouer avec les copains dans la forêt. Je ne vous parle pas des filles, j’étais nul, et timide au point de les repousser alors que je voulais faire le beau.
Il y avait bien un été une fille, Viviane, une Corse qui passait ses vacances à la Mouline chez sa grand-mère. Je passais plus que de raison devant chez elle, à toutes les heures avec mon beau tracteur tout propre, pour lui montrer fièrement que j’existais. Quand j’arrivais devant la maison mon cœur explosait de trouille, et si par malheur elle était là devant la porte ou dans le jardin, je n’avais même pas le courage de lui dire bonjour. Pire : je passais devant parfois même en regardant ailleurs. Ridicule !
«Ah ! Ces paysans !» devait elle penser
Ce n’est pas grave : demain j’aurais le courage, demain je recommencerais. Et, bien sûr, je récidivais mes exploits de timide invétéré. Toutes les parcelles de fourrages dont l’itinéraire devait me mener devant chez elle, recevaient de ma part les soins les plus intensifs. Quand je passais devant chez elle et qu’elle n’était pas là, je souffrais toute la journée d’une vraie peine d’amoureux très transit.
Et fièrement con.

a suivre.....................................

Si vous voulez en savoir plus et le commander par exemple,ci joint le lien de mon éditeur

merci à vous

19 septembre 2008

Mes années college (épisode 17)



J’adorais monter à la « Deveze », aujourd’hui cette piste est devenue une randonnée pédestre. A l’époque on partait de bien plus bas. Arrivé en haut 3 a 4 heurs plus tard, nous prenions un déjeuné bien mérité, et moi je partageais le repas des grands. Pain campagnard, jambon de pays, œufs dur du poulailler, vin acide des vignes ariégeoises, fromage de brebis ou de chèvre des paysans du coin. Rassasiés, moi aussi et comme eux j’essuyais mon opinel sur mon pantalon ou sur la manche gauche, et le refermais comme un grand que j’étais. Les sacs vides et la panse engourdie nous redescendions alors vers la plaine, jusqu'à la prochaine fois, la semaine qui suivait.
Une à deux fois je suis resté une nuit la haut avec le pâtre, nous partagions une toute petite maison en pierres. Elle était si timide qu’on ne lui voyait presque que le toit. C’était bien la haut seuls lui et moi. Et puis au matin je redescendais.
C’est mon père qui avait eu l’idée de relancer la tradition de la transhumance, non pas par folklore régional, mais pour des raisons économiques. Nous les éleveurs de la région vivions tous sur de petites propriétés et partagions les revenus entre, moutons, vaches et de maigres cultures céréalières. Aucun de nous ne pouvait à lui seul se payer un berger pour un si petit troupeau. Ainsi proposa t’il de s’unir, de prendre un berger en commun que chacun payera en fonction du nombre de brebis à faire garder. Ainsi, dans la plaine les terres pouvaient se reposer et offrir leurs meilleurs ramages pour le fourrage. Après l’arabe, le pied noir, on l’appelait désormais Maurice, il en fut flatté. Ouf ! Enfin !
Les maquignons dans la plaine ne changèrent toujours pas de stratégie, et le mouton ne se vendait que pour mieux tenir les éleveurs de la région sous leur lucrative domination
a suivre
et si vous voulez faire un tour du coté de chez mon éditeur,vous y trouverz mon livre et bien d'autres
amitié
patrick

03 septembre 2008

Maintenant j'y suis..........


J’y suis………………………….
Je vais être publié, le livre issu de ce blog se nommera
"Quand je serai grand, je ferai berbere"
et c’est un vrai plaisir de jeune père. J’attends avec impatience de toucher le fruit de ce travail qui parfois m’a emmené vers d’autres horizons. Ecrire et décrire la vie de son père et ensuite creuser ses propres instants de vie, semble plus facile a dire qu’a écrire
Et puis un matin « le masque d’or » Mon éditeur vous fait confiance, il tente l’aventure et croit en vous
Que faire ?
Accepter et vivre une autre vie, celle de l’accouchement, ce sera pour janvier.
En attendant le livre est en pré-publicité et pré-vente, vous pouvez commander dés aujourd’hui. Je vous remercie tous, amis blogguer de votre soutien. Grâce à vos commentaires j’ai trouvé le courage quand ma plume se dérobait (il y a une petite page pour vous à la fin du livre)
Amitiés littéraires
Patrick

le 4eme de couverture

Pour commander

Quand je serai grand, je ferai Berbère
par Mail:

Résumé
Laissez vous entraîner par la saga de Maurice, l’orphelin de Lorraine, qui débarque au Maroc en 1926 pour y mater la révolte des tribus d’Abdel Krim. Suivez-le quand il s’opposera à l’armée américaine de Patton qui débarque au Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il aime passionnément le Maroc, mais Maurice sera pris dans la tourmente de ce pays qui cherche son indépendance. Meurtres sauvages d’Européens, réponse tribale de l’armée française et c’est l’engrenage dramatique. Il échappera à des attentats, il ne vivra plus qu’avec son revolver et sa grenade dans la poche.
Le calme revient, Maurice trouve sa voix au Sud marocain en aidant les fellahs à développer leur agriculture, il est aimé et respecté, Maurice c’est sur mourra au Maroc.
1965, le retour mystérieux vers la France : il découvre l’affreux nom de « Rapatriés », il est un étranger dans son propre pays, il souffre et sa famille aussi. C’est alors la longue adaptation à son nouveau pays. Maurice a 60 ans…
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31 août 2008

Mes années college (épisode 17)


J’apprenais trop vite et j’étais doué. Décidément rien n’allait comme je le voulais. Si j’avais été très nul, peut être ne m’aurait-il pas embauché, quoi que j’en doute. Il n’était pas homme à me laisser passer les vacances à ne rien faire. Seul le travail est réparateur et force de vie pensait-il.
J’aimais conduire le tracteur et ses travaux d’été à condition que l’on me laisse faire, ce qui n’était jamais le cas. Les fais ci et fais ça m’énervaient au plus haut point. J’aimais faucher les foins, puis les faner pour que cela sèche mieux, endainer correctement pour préparer le passage futur de la presse à fourrage, la dévoreuse de foin. Puis pour finir, passer avec la remorque tout près des tas de balles pour charger et transporter le fourrage vers les granges de Serres ou de Layrole son ultime voyage.
Tout cela semble bien simple, mais il faut maîtriser chaque épisode de ce long cheminement entre la fauche et le ramassage, afin de faciliter la tache de celui qui va suivre. Ainsi un bon faucheur saura comment « prendre la parcelle ». Il choisira le sens de la coupe pour bien préparer le futur fanage. Faner, il faut savoir faner en tournant, il faut être à la place de celui qui va endainer dans les jours à venir, lui tracer un circuit pour qu’il perde le moins de temps dans la parcelle et éviter les manœuvres inutiles et fastidieuses dans nos prairies bien trop exigus
Ensuite emballer, trouver la bonne vitesse pour ne pas « bourrer » la machine et perdre un temps précieux. Le fourrage en été c’est la course contre le temps, contre l’orage. Faire du fourrage c’est être organisé, et météorologue à la fois. On dit toujours les paysans vivent avec le temps, en vérité ils vivent contre le temps et le subissent, surtout l’été avec ses orages soudains. J’aimais tant ces orages brutaux, parfois sournois mais toujours bruyants. Même si à cause de lui il fallait tout recommencer pour obtenir par la suite un fourrage de bien moindre qualité tout juste bon en litière.
Quand l’orage éclatait, j’aimais trouver un abri, une vielle grange par exemple. Je m’appuyais sur sa porte branlante et j’admirai la nature se recroqueviller sous ses redoutables assauts. Elle pliait son dos jusqu'à ce qu’il fut bien rond pour mieux résister au déluge, et à la foudre menaçante, le bras armé et vengeur de Monsieur orage. J’aimais cette odeur de terre mouillée, de champignons et de sous bois. Des entrailles de la terre s’évadaient alors les senteurs trop longtemps emmurées par la chaleur. Tous les effluves de cette mère nourricière me bondissaient aux narines en même temps que le grondement du tonnerre me persécutait les tympans. Il nous rappelait qu’ici, il était le maître absolu, qu’il faisait ce qui lui plaisait, et qu’il fallait composer avec lui de temps à autre selon sa seule humeur. Puis venait le temps de la réconciliation, l’arc-en-ciel nous rassurait. Il nous murmurait :
– Vous pourrez bientôt reprendre le travail. C’est terminé pour aujourd’hui, rentrez chez vous et reposez-vous.
Les arbres et les oiseaux s’ébrouaient, et reprenaient possession de leur domaine, la vie redémarrait, un instant interrompue juste pour laisser maître orage piquer sa colère.
Cela nous donnait à peine une journée de répit que nous employions systématiquement pour monter le fourrage de notre propriété de Serres, vers Layrole en montagne, là où les brebis passeront l’hiver.

Il semble que j’excellais dans ces domaines. Et comme c’est moi qui fauchais et en final conduisait le tracteur pour ramasser les balles, j’organisais mes chantiers à la perfection. Comme j’étais un fainéant je les organisais pour le moindre effort à venir. Ainsi je gagnais mes galons auprès de mon père, sa nouvelle version sur son fils se modifiait lentement
– Comme tu es un fainéant, mais intelligent, tu réussiras dans la vie.
Bien, que la première partie de sa nouvelle version ne changeait toujours pas, il semble que la deuxièmement devenait légèrement plus plaisante à entendre. Sans doute y avait-il là un compliment à prendre, je prenais acte.
Le troupeau de mouton lui était en transhumance, en vacances à la « Deveze » en altitude. Ce fut sans doute les meilleurs souvenirs de mon travail saisonnier. La transhumance, consistait avant tout en une longue marche 25 à 30 kilomètres le premier jour qui nous attendait entre L’Ayrolle et Serres sur Arget. Là les brebis se reposaient une nuit, avant la dernière étape de montagne, Serres sur Arget, La Deveze. Nous partions très tôt le matin vers 4 ou 5 heures afin de ne pas fatiguer les brebis, et de profiter au maximum de la fraîcheur bienfaitrice des matinées d’été. Le lourd sac à dos militaire nous sciait les reins tant il était chargé, à la fois du ravitaillement pour la semaine du berger, mais aussi de grillage, clous, haches, et de tous les ustensiles que le berger utilisera . Quand nous le pouvions nous empruntions un âne à un ami, celui-ci comme beaucoup de ses compagnons ne dérogeait pas à la réputation de ces animaux, il n’était pas toujours de bonne humeur. Il avait la salle habitude de s’arrêter quelques kilomètres avant le sommet. Sans concession, sans négociation. C’est ainsi que les différents propriétaires de la région se répartissaient sa charge sous le brame stridente et l’oeil moqueur de ce foutu animal.

18 août 2008

Mes années colleges (episode 16)


Mais qu’est devenu le temps où j’étais son « Marlem » ? J’étais à présent devenu le fils de ma mère ! Et cela de plus en plus souvent. Si en plusieurs points, je commençais à lui ressembler semble t’il ! Je revendique seulement être son fils pour ma capacité à encaisser sans jamais gémir, et l’orgueil à fleur de peau de vouloir m’en sortir ! Tout seul ! Oui je devenais muet et étranger, et montrais une indifférence non feinte à leur vie, et à leurs soucis !
C’est dans ce contexte que mon père m’annonça un jour
– Quand tu seras grand, je te dirai un grand secret ! »
– ………………………….
Cette annonce me fit l’effet d’une punition.
– Tu ne sais pas tout sur tes parents et tu ne le sauras jamais tant que je n’aurai pas décidé du moment opportun pour te le dire !
Mais en attendant ce jour fatidique, je devais vivre avec cette phrase Damoclès mortelle suspendue au-dessus de mes émotions et rêveries. Je devrais subir cette énigme pour combien de temps encore?
Pourquoi justement maintenant se déchargeait t’il temporairement d’un trop lourd fardeau ? Pourquoi partager avec moi un morceau de son secret sans vouloir en dévoiler plus ? Et quand serais-je assez grand pour connaître la suite ?
Comme à mon habitude je ne lui posais aucune question, et ne montai aucune émotion particulière, j’avais bien entendu et ne laissait à aucun moment paraître mon désarroi, et ma hantise de connaître ce secret ! Je crois même que je le décevais par cette attitude désinvolte. Ma peau carapace apprenait lentement mais sûrement à se durcir avec les événements. Contre les événements
– Décidément tu ressembles de plus en plus à ta mère ! (Et vlan !) Tu ne réagis à rien ! Ce n’est pas possible d’être aussi indifférent à son entourage !
Ce que je sais moi, c’est qu’il venait de semer une graine qui produira plus tard une plante vivace envahissante, qu’elle allait me pourrir corps et âme tant que je ne connaîtrai pas ce secret.
Mais que ferais-je une fois ce secret connu, ne serait-il pas pire de vivre après ? Faut-il attendre ce moment avec délectation ou en redouter les effets funestes et destructeurs ? À présent son l’œuvre destructrice était irrémédiablement en marche !
Les vacances tant redoutées approchaient. Je n’us pas le temps de profiter de quoi que ce soit. Dés les premiers jours, ou l’herbe sentait le foin, et le collège fermait ses portes, je me retrouvais le cul sur un tracteur de trente cinq chevaux de marque Someca et débutais sans gloire et sans envie, ce qui aurait put devenir des vacances réparatrices.


























29 juin 2008

Mes années colleg (episode 15 )


Ainsi se déroulaient mes journées, entre panique de l’école et corvées à la maison.
Pour mon jeune âge, j’avais une force et une corpulence qui avait incité mon père à me demander de l’aider encore plus à la ferme. Un désir qui dans sa bouche équivalait à un ordre, de ceux que vous ne pouviez refuser.
J’abandonnais avec plaisir et sans rancune à ma mère, même avec un plaisir caché et jouissif, le ramassage des œufs, le nettoyage des lapins ou le sarclage du jardin. Elle n’appréciait ce legs, que de très mauvais cœur. Je me jetais sur le tracteur. Le plaisir de garder les moutons était devenu maintenant du passé.
Une promotion certes, mais passé le temps euphorique du changement, je n’allais pas tarder à le regretter, tant le travail était devenu pénible, et tant j’aurais aimé partager la vie normale, et semble t’il insouciante de mes copains du village.
Mon horizon de corvées venait subitement prendre de la hauteur, et de l’espace. Et surtout allait occuper mes dimanches et vacances pendant les 4 ou 5 années qui allaient suivre.
Dans ces conditions il ne pouvait en être autrement que ce qui m’attendait à la fin de l’année scolaire.
– Hierard moyenne générale sur l’année 9,13. Redoublement.
Je me souviens encore quelque 40 ans plus tard de ma moyenne au dixièmement prêt, tant ce chiffre me fit honte. Il est là, gravé dans le cœur, et dans la tête au fer rouge de ma flétrissure. Honte de redoubler et de risquer d’aller rejoindre les cancres là bas en bas de la classe, là où s’entassaient les oubliés et les cancres. Je redoutais aussi inconsciemment ce que l’on médisait des redoublants de ma classe.
J’allais moi aussi l’année prochaine subir les même quolibets des profs, et moqueries de mes concitoyens écoliers. De cela il n’en était pas question personne ne s’est encore moqué de « Patrick le chasseur de l’Atlas ».
J’aurais aimé que l’on me dise au moins que j’avais fais des grands efforts et que pour moi 9,13 ce n’était pas trop mal. Au moins j’avais échappé au ridicule. Je ne serai pas aiguillé vers les classes de « transitions ». Les classes de la honte, elles étaient la risée de tous. Moi aussi monstrueusement, je participais à cette primitive et invective hallali sur ces pauvres gosses. Nous savions tous que ceux là n’iraient plus bien longtemps à l’école. Certains profs même se moquaient ouvertement de ces pauvres gosses, certains nous disaient même que ces élèves n’allaient en classe que pour toucher les allocations. Rire et racisme mélangés nous acquiescions. Ils étaient les rebus, les tuberculeux en quarantaine de l’éducation nationale, les porteurs de la Burka du savoir. Ce n’était pas une classe de transition, mais une ligne directe à grande vitesse vers l’exclusion. Ou au mieux « Ils seront pour certains flics ou fonctionnaires et mangeront des poulets aux hormones » chantait Ferrat.
Les profs, les premiers avaient établi une inconsciente sélection dans les classes. Ils ne s’occupaient que des meilleurs. Les autres instinctivement se sentant repoussés du partage du savoir, se repliaient en ordre, un à un honteusement au fond de la classe. Un pacte tacite alors régissait ce fond de classe, l’ignorance mutuelle.Bien entendu mes parents se sentirent eux aussi obligés de participer à ma mise à mort scolaire. J’étais un « fainéant et un bon à rien ». Sobriquet qui ne quittera plus jamais leurs lèvres quand il s’agira de décrire le dernier rejeton de la famille. Parfois le mot chance et orgueil accompagnera leur vocabulaire

21 juin 2008

Mes années college (épisode 14)


J’étais franchement pommé dans ce CEG, autant qu’à Mekhnès, il y a maintenant 5 ans. Mes cauchemars ne sont pas encore dissipés, ils ne sont pas si loin que ça !
J’avais douze ou treize ans et le moins que l’on puisse dire c’est que je n’étais pas en avance à l’école, je dirai même que je patinais sérieusement en classe. À mon frère le « Math’ Élem’ » il avait fallu une dispense d’âge pour entrer en 6ème. Il avait 9 ans!
J’avais moi par contre rarement la moyenne générale, sauf dans quelques matières secondaires qui me permettait de flatter mon timide ego. Rien n’avait changé, comme toujours la gym, le dessin, la musique me sauvaient in extremis. Grâce à elles je parvenais à me tenir la tête hors de l’eau pour ne pas me diriger tout droit sans corde de secours, sur la voie sans issue de la bande des cancres. Là-bas au fond de la classe, proche de l’abîme et du radiateur ils m’attendaient. Proche d’une rivière sans retour, vivotait la tribu des laissés pour solde de tout compte de l’éducation nationale.
Pourtant dans cette désolation, une matière commençait à me titiller les doigts et l’esprit.
Le français.

J’aimais le français et les compositions. Il fallait utiliser judicieusement des mots. Les aligner les uns après les autres, mais pas n’importe comment ? Attention ! Il faut choisir des mots équilibrés, bien les placer, là où ils se mettront en valeur, et égaieront les autres. Là où ils accorderont les sons et l’harmonie à votre idée, à votre esprit, et à votre plume. Là où la phrase terminée vous pourrez la relire avec fierté.
Mais cette fichue orthographe…, elle me gâche mon plaisir !
Mauvais élève sans doute, mais cancre non. Je me doutais que si je sombrais au fond de l’ignorance, au fond de la classe, personne ne viendrait me tendre la main, pas même mes parents.
Je crois bien que je faisais tous les efforts possibles pour mériter mieux que ce triste sort. Mais le retard de ma scolarité me pesait chaque jour un peu plus. Pour une fois, je m’efforçais d’être bon à l’école. Je sentais bien que cela devenait la seule issue possible. J’enviais discrètement et anonymement ces premiers de la classe que je décriai, juste par jalousie de leur savoir. Être parmi ceux que les professeurs citent toujours comme la seule et vraie référence du savoir. Nous les moins bons étions rarement à l’honneur, si ce n’était que comme l’exemple à ne pas suivre nous étions les exutoires et la raillerie des élèves.

13 juin 2008

Mes années collége (épisode 13)


Alors je me réfugiais chez Alain. Lui non plus n’avait pas la télé, il m’attendait tous les dimanches. Rituellement. J’aimais sa mère, et ses cafés au lait de quatre heures avec des grands morceaux de pain dedans. J’admirai aussi son père qui partait dés le dimanche soir à son travail à l’usine de talc de Luzenac, la plus grande carrière de talc du monde. Il n’en revenait que le vendredi d’après. Lui aussi, de tout son corps, de ses mains pétrissait rageusement une vie meilleure pour ses deux garçons.
Silencieusement, consciencieusement, nous déballions nos soldats.
Hétéroclite armée que nous avions là, lui et moi. Point de course à l’armement, les revenus de nos parents ne le permettaient pas. Nos armées n’en avaient pas les moyens. Armées de pauvres. Nous composions notre armada, d’amour, de bric et de broc, de soldats de plomb et de plastique, de Cow-boy et d’indiens, de chevaliers et de policiers. Même Zorro combattait, dans l’armée composite du dimanche après midi. Selon les sous des parents, nous avions droit de temps à autre à un nouveau soldat qui venait renforcer joyeusement notre maigre armada. Pour les chars d’assaut deux carrés de bois, l’un plus grand que l’autre cloué l’un sur l’autre, un clou pour le canon et le tour était joué. Nous avions décidé de nous limiter à quelques chars, trois ou quatre, je ne sais plus. Un ou deux avions rafistolés de colle et de décalcomanie, achevaient les armées en présence. Et puis notre imagination faisait le reste ……
– T’es touché……..
– Ton char flambe………
– Ton soldat et mort………
– Ton avion est en panne…………….
Personne ne contestait, nous acceptions l’évidence. Il gagnait, je gagnais, peu importe. Lui et moi, drogués pour quelques heures, avions oublié le film que nous aurions tant aimé voir.
La guéguerre des soldats de plomb est terminée, je dois m’en aller. J’accepte avec joie l’amour et le café au lait que sa maman me propose. Il fait presque nuit, je n’aime pas l’hiver. Il fait toujours froid et noir dans mon âme vagabonde qui cherche désespérément quelque chose, je ne sais pas encore quoi. C’est triste non !
Je ne voulais ni ne pouvais rentrer à la maison, papa travaillait encore, sûrement. Et maman, maman………….. !
Je n’avais pas de maman le dimanche après midi, quand il faisait noir et que j’avais peur du lendemain.
J’errais.
Et toujours la même trouille au ventre qui me prenait tous les dimanches soirs à l’heure où les paysans trayaient leurs vaches. J’angoissais du lundi. Je n’avais que très rarement terminé mes devoirs. J’aurai juste le temps demain dans le car de copier sur Alain, Émilien ou Robert si comme moi, ils ne cherchaient pas eux aussi un complice.
Tous mes dimanches soirs maudits s’achevaient douloureusement, la peur au ventre. L’obsession du lendemain vissée au corps.
Je hais toujours le dimanche soir encore aujourd’hui. Ce ne sont plus les professeurs qui me terrorisent, mais à croire que mon corps et mon esprit se sont intoxiqués à la panique du dimanche, et qu’ils réclament encore leur dose hebdomadaire de détresse. Mes dimanches à Serres sur Arget m’ont drogué à vie, à mort.

08 juin 2008

C'est Fait !!!


C’est fait !!!!!!!!!!
Après 43 ans d’absence, je suis retourné sur les pas de mon père et sur les miens, avec un seul regret celui d’avoir attendu aussi longtemps.
En 15 jours, en autonomie complète, nous avons parcouru 3000 km, rencontré le Maroc que l’on dit profond, celui des villes et des champs. Dieu que ce pays est attachant, ses paysages et ses habitants aussi.
Pour ceux qui suivent mon histoire sur ce blog, sachez que je n’ai rien loupé. En premier, la maison où je suis né. Je devrais dire les ruines de la maison, mais ce n’est pas grave, elle a vécu sa vie.
L’usine où mon père travaillait, elle est toujours là, bien entendu en ruine, mais son souvenir est gravé, je l’ai reconstruite tout seul de la hauteur de mes 5 ans.
Plus loin, c’est Immsouane, et ses barques bleues. J’allais pêcher le maquereau sur le port, le matin très tôt. Les pécheurs sont toujours là, ils vendent encore à la criée. La petite place est à présent fermée par des bâtiments neufs, c’est moins beau. J’ai de loin aperçu l’énorme rocher où nous pêchions la nuit, il se nomme toujours « la Cathédrale ».
En roulant bien plus au nord, j’ai fouillé le passé de mon père, son coin de chute au Maroc après sa guerre soit disant de pacification, celle qu’il n’a jamais acceptée. J’ai trouvé sa maison en pisé, je devrais dire sa bicoque, celle où il m’a dit y avoir été si heureux avec maman.
Le choc, le vieux gardien de la maison forestière a connu mon papa, il m’emmène à sa maison, il me raconte toutes ses histoires de chasse, il m’invite à boire le thé, à manger, et à goûter à mon passé en me proposant du lait et du « sellou ».
Quel retour !!
Et puis la route vers Midelt, mes merveilleux souvenirs de jeunesse, et mes plus grandes larmes en mars 1965.
Le paysannat est certes en ruine, ma maison est fermée à clef, je n’ai pu y pénétrer, ce sera l’excuse pour y retourner prochainement. Mais sur le sol j’en dessine le moindre recoin au gardien qui acquiesce à chacun de mes mots. Il me dit que j’ai une extraordinaire mémoire, je lui réponds que le bonheur n’a pas d’âge.
A Midelt, le nom de mon père traverse le temps et deviendra un jour la légende « du français qui a introduit la pomme à Midelt ».
Le premier à avoir écouté mon père me raconte :
« Un jour ton père est venu, tu étais tout petit à coté de lui. Il nous a réuni et nous a expliqué que la pomme c’était l’avenir de notre région les Ait Ayache. Il a partagé une pomme pour nous la faire goûter, il a ajouté que grâce à elle nous serons riches, que nous pourrons acheter une voiture comme la sienne, il nous montre sa 2CV, et que nous pourrons emmener nos enfants à l’école, comme le sien, et c’est toi qu’il a désigné. »
Aucun mot n’est parvenu à sortir de ma gorge, tous bloqués au fond de mon estomac noué.
Il ajoute :
« Aujourd’hui, nous sommes riches, nous avons des 4x4, et nos enfants vont tous à l’école. Ton père a fait beaucoup de bien pour nous. »
(Je raconterai tout cela plus tard en détail dans un autre blog).
Ma route m’a menée jusqu'à Errachidia, Ouarzazate et le retour sur Marrakech.
Le Maroc a énormément évolué, il se modernise, son peuple - Marocains et Berbères - est resté un peuple attachant, amical, social, aimable, toujours prêt à rendre service.
Je n’aime pas donner des leçons, je vais me permettre juste un petit conseil. Si vous allez au Maroc, laissez à la frontière vos réactions et préjugés d’européen, prenez ce peuple comme il vient, et surtout faites-vous humble.
A bientôt sur mon autre blog, sur celui-ci la vie continue, mais avant tout un grand merci a Salah, Mohamed et leurs charmantes épouses pour le fabuleux accueil que nous avons eu droit A bientôt en France, je vous attends tous
Amitiés
PS pour suivre au jour le jour mon voyage allez sur mon autre blog:

22 mai 2008

Sur les traces de Livingstone




Je m’envole, je m’en vais la bas ou les chèvres grimpent aux arbres,
Porte ouverte sur mes reves d'enfance
Où le nom signifie « pays du soleil du couchant »
Pays froid ou le soleil est chaud
Plateaux arides et miraculeuses oasis
Cohue des médinas et ruche des villes
Espaces solitaires du désert majestueux
Civilisation raffinée et palais impérial
Le blanc, bleu , ocre.
Aller à la rencontre d’un peuple attachant que j’ai quitté en larme.

18 mai 2008

Mes années college épisode 12)


Très rarement ma mère me donnait l’autorisation d’aller voir la télé au bistrot chez « Nine » à la Mouline. Je me précipitais vers le café en espérant, en priant plutôt que la télé soit allumée sur la 2. Vers 14 heures je me pointais hypnotisé par son magnétique regard noir et blanc, je m’asseyais par terre, pour ne pas gêner, parfois même sous une table. Les émotions, il fallait se les garder dans la poche, ou s’émerveiller pas trop fort, pas plus encourager Rintintin. Je me faisais tout petit. Je la dévisageais dans les vapeurs de pinard, les brumes de tabac gris roulé, et les ralliements des joueurs de belotte qui tapaient le carton, ponctué de « millaudiou » sonores et de dépits.
- Atout ! Belotte ! Rebelote ! Et dix de der ! » Ils régnaient en maître de la salle.
Avec juste les images qui défilaient devant moi, je découvrais enfin les épisodes de Rintintin et Rusty, les Ivanoë avec Roger Moore qui deviendra le Saint, et James Bond. L'Aigle Noir, Winitou, les Thierry la Fronde, avec Jean Claude Drouot je pense, et avec Yves Régnier et autres globe-trotters que nous imitions les jours suivants dans la campagne, et les forêts entourant le village.
Lorsque je ressortais de ces séances de télé vinasse, j’avais les yeux rougis par la nicotine et la fixité du regard.Regard qui mettait une éternité à reprendre la vision normale des choses. Au moins jusqu'au retour à la maison, où je me faisais gronder par ce que mon pull et mes cheveux sentait affreusement mauvais. Je préférai me taire pour ne pas risquer d’être privé de télé pour les dimanches à venir. Elle aussi me tenait en laisse avec ce maudit outil de pression. Il suffisait de me promettre de m’en punir pour que soudainement je redevienne l’enfant docile que je tentais désespérément de sacrifier.

Il arrivait souvent que la télé soit branchée sur des émissions pour grands. Le tiercé, où bien sur Roger Lanzac, je ne l’ai pas aimé lui qui me privait de mes dimanches. J’attendais un peu et je repartais errer dans les rues, encore plus triste qu’avant. Il est 14 heures, les rues sont désertes, les mioches se plongent devant leur télé. Personne ne m’a invité. J’entends le générique du film ! Et merde !……………………
Je suis seul dans la rue. J’enrage d’être pauvre.

12 mai 2008

Mes années colleges (épisode 11)


Nous n’avions pas la télévision, ce n’était pas pour nous. Pas assez d’argent. Pas assez riche.
Pour la regarder cette P… .. de télé je devais ruser pour me faire inviter, et voler ainsi les quelques instants de bonheur que semblait parsemer autour d’elle ce nouveau jouet magique. Ceux qui la possédaient vivaient dans un autre monde. Dès que la dame en blanc et noir s’illuminait, je n’existais plus. Tous les gosses idolâtraient désormais un autre chef de bande. Je perdais sur eux mon pouvoir, et mon influence de chef accepté. Quoi que je propose le dimanche, à l’heure de Du Guesclin, Thierry la Fronde ou du film de Cow-boy, rien ne pouvait plus désormais les faire changer d’avis. Ce maudit écran me délestait de mon maigre pouvoir.
Fin lamentable d’un règne absolu. La télé avait réussi sans bruit avec ses images un fabuleux coup d’état, elle me dépossédait de tous mes titres fièrement conquis.
Ces sales gosses heureux possesseurs du jouet, avaient tout vu et tout entendu. Ils devenaient ceux qui savaient avant les autres. Et moi j’étais ignorant. Je redevenais cancre de ne pas avoir la télé. Je n’avais pas la télé, alors je ne pouvais me mêler à la discussion. Je me souviens bien de ce rejet, je les écoutais sans pouvoir participer à la conversation. Alors pour ne pas paraître idiot, pour éviter a nouveau le bannissement j’inventais des cabanes à construire, des arcs et des flèches à tailler, mais rien n’y faisait. Je reculais d’un pas, je m’excluais du cercle des érudits. Putain ! que ce fut dur à vivre cette exclusion !
Je repense soudain à un grand écrivain marocain que je découvre seulement aujourd’hui, Mohamed Choukri. Lors d’une discussion politique à la terrasse d’un bar je crois, il fit une remarque à l’homme politique en campagne électorale. La seule réponse qu’il reçu du candidat fut cinglante : « Tu ne peux te mêler à la discussion, tu ne sais ni lire ni écrire. » Cette phrase de la honte déclencha chez lui la frénésie d’apprendre, il devint instituteur et écrivain.
Inlassablement, surtout le dimanche après-midi, je cherchais niaisement la compagnie de Richard ou Joaquin, les chanceux qui possédaient une télé. J’espérais parmi eux le dimanche, partager le western de l’après midi. Mais rusés l’un et l’autre, affranchis à présent de la puissance de frappe que leur prodiguait la nouvelle arme, m’obligeaient alors à négocier et accepter souvent leurs jeux idiots.
Un jour en cachette je suis monté sur un pylône téléphonique pour voler des images de la télé de Richard. Il habitait au premier étage, je pouvais ainsi de l’autre coté de la rue suivre au moins les images. Il s’en aperçut et se décala juste assez pour me cacher l’écran. Je redescendis la rage au cœur et la honte au poing. Ce n’est pas la rouste qu’il reçut quelques jours plus tard qui me consola. J’avais eu envie de lui crier « Souviens toi de la télé ! ».
Mais la vérité d’aujourd’hui c’est que je mendiais pour regarder la télé, je quémandais un instant de bonheur furtif. Malgré cela, très rarement, j’étais invité à regarder le « cow-boys » du dimanche.
Je me revoyais au cinéma de Midelt, le Rex où les AYAKATSIKAS, les propriétaires, m’invitaient gratuitement pour voir tous les films de Cow-boy que je voulais. Pendant ce temps, mon père les défiait au billard.
Je pleurai souvent parce que les indiens mourraient tous et toujours. Moi j’aimais les indiens, j’étais toujours pour eux, contre les méchants cow-boys. Il y avait aussi des indiens Pieds Noirs, c’est ceux que j’aimais le plus. Sans doute étaient-ils comme moi une race en déperdition, en disparition, des exilés sur leur propre patrie.

03 mai 2008

Mes années colleges (épisode 10)


La vie s’écoulait beaucoup trop péniblement et lentement à mon goût. Elle se construisait autour du frénétique rendez-vous radiophonique de douze heures quarante cinq du jeu des mille francs et la pièce de théâtre policière du mardi soir.
Ah ! Lucien Jeunesse ! Le jeu des mille francs ! Le rendez-vous qui ne se manquait pas ! Dès le générique, la maison elle-même cessait de gémir, les meubles ne craquaient plus. La smala, père, mère et oui mère aussi, frère, et moi, avides de connaissance s’enroulaient autour de l’unique poste de radio. Notre seule concession à la société de consommation. Chut ! Lucien Jeunesse pose la première et éternelle question :
- Question bleue de Monsieur Tartanpion de Issy les Moulineaux, que désigne t’on par le mot : bla bla bla bla !!!!
Silence, le candidat réfléchit. Lucien aime les candidats alors il glisse un petit tuyau. Il aide intelligemment.
Derrière, nous entendions le xylophone égrener le temps, chaque seconde un ding, soixante ding et ding, ding dong…. Le candidat n’avait pas répondu. Désolé pour le candidat, Lucien Jeunesse revenait à la charge.
- Deuxième question bleue de Madame Pierrette Julien, une habituée de l’émission, que nomme t’on par « bla !bla !bla !!!!
Mon père répondait toujours le premier et traitait souvent les candidats d’ignares…
Le temps s’écoule au rythme du xylophone.
Lucien Jeunesse posait six questions, trois bleues, deux blanches et une rouge. Il fallait répondre aux six questions pour tenter le banco de 1 000 frs et si vous réussissiez vous tentiez le super banco de 3 000 frs. Si vous n’aviez que 5 réponses, monsieur muscle entrait en jeu. Sur son home traîner, il devait parcourir une distance minimale en quelques minutes. Le public chauffé à blanc encourageait le candidat régional ! Super ! Super, Super banco criait alors la salle, ou plutôt le cirque, car c’était au sein du cirque Pinder que se déroulait l’émission culte française de 12h45
Un jour le cirque Pinder avait planté son chapiteau à Foix. La veille sur France Inter, à la fin du jeu Lucien Jeunesse terminait toujours par :
- A demain, si vous le voulez bien. !
Bien sur que nous le voulions bien, nous ne manquions jamais notre rendez vous culturel.
Apres le jeu, un speaker à la radio, nous dévoilait la question énigme qui permettait de trouver une enveloppe cachée dans la ville. Ce sésame nous donnait alors le droit de participer au jeu.
Toute la famille et quelques amis furent réquisitionnés pour traquer le Graal caché dans les entrailles médiévales de la ville de Foix. Nous croissions d’autres traqueurs de trésor, c’est avec une extrême méfiance comme des chercheurs de champignons, que nous répondions à leurs questions. Il ne fallait pas les aider en leur signalant où nous avions déjà cherché.
Nous n’avions pas trouvé l’enveloppe, mais nous sommes allés quand même au cirque. Les autres gosses rêvaient de clowns, de tigres, de lions. Moi, je n’attendais qu’une chose, voir mon idole Lucien Jeunesse, et voir pour de vrai le jeu des milles francs.
Je n’écoute plus que très rarement France inter à cette heure là. Quand cela m’arrive, c’est Louis Bozon soixante dix ans qui a prit le relais avec talent. Les euros ont remplacés les francs. Je me revois pitchou à Serres. Je n’en doute pas, « Il » est là, et « Il » répond toujours aussi vite aux questions.

27 avril 2008

Mes années college (épisode 9 )


À présent, merles et pies, moineaux et grives, pouvaient sans danger pour leur douce vie, venir me narguer sans que ne s’éveille en moi mon ancestral instinct destructeur. Je n’avais plus le réflexe de saisir précipitamment et frénétiquement mon lance-pierre. Il avait maintenant déserté ma poche et dormait quelque part dans un placard, pour quelques temps encore.
Une fois, une seule, je suis allé comme tous les gamins de la région dénicher une pie. Dans sa boite à sucre, je dorlotais passionnément le petit oisillon que je nourrissais plusieurs fois par jour. J’étais devenue sa mère adoptive, il ne cessait d’ouvrir son bec en me voyant s’approcher de lui. Bien entendu, il se nommera Margot. Devenue adulte, je ne lui coupais pas les ailes, comme cela était la coutume. Elle était libre, et semblait m’en remercier en ne me quittant que très rarement. Il lui arrivait parfois de partir un à deux jours. Papa disait « pour faire des bêtises ». Elle revenait, se posait sur mon épaule, pour ne plus me quitter. Sur mon bras ou virevoltant dans le ciel nous étions devenus inséparables. Tout le monde dans le village, l’épicière, le boulanger et les badauds connaissaient Margot.
Margot était espiègle et joueuse. Elle choisit sa cachette sous le grand caoutchouc de la salle à manger. Sous ses feuilles protectrices, elle y entassait, pèle mêle, cuillères, papiers dorés et argentés de bonbons, enfin tout ce qui brillait et tout ce qui faisait du bruit. Margot savait compter, si vous lui vidiez sa cachette, elle hurlait, jacassait, terrifiait les chiens jusqu'à ce que vous fassiez tomber une petite cuillère au sol. Alors Margot intriguée par ce bruit familier, s’en approchait mine de rien, la comédienne jouait à celle qui ne semblait pas intéressée, puis d’un coup de bec furtif, la saisissait et allait la cacher, ouf ! Nous voilà sauvés, Margot s’était calmée. Margot l’emportait toujours sur nos nerfs.
Margot est morte. Un soir en rentrant de l’école, je l’ai retrouvée inanimée dans la gamelle des chiens. Cette fois, l’un deux n’avait pas trop apprécié qu’elle lui vole comme d’habitude un peu de sa pitance. Sans doute un coup de gueule amical, fatal. J’ai enterré Margot dans le jardin, avec un rosier sur le dessus de sa tombe. Il n’y aura plus jamais d’autre Margot, je le jurais. La mort des animaux que l’on aime passionnément est bien trop triste. Quand les fourrages ne me réclamaient pas, je retournais dans la forêt au dessus de la Mouline. Avec les copains, nous construisions notre refuge, notre cabane à rêves. Notre indépendanc

12 avril 2008

Mes années colleges ( épisode 8)


Comme pour l’argent caché dans le cric ou le rouleau de dentifrice quand nous avions passé la douane, je devinais sans mal la caverne où elle avait camouflé sa collection. C’est dans sa chambre que ses pièces trouvaient refuge. Facilité en cela par le fait que mes parents dormaient séparément. Comme leur vie.
- Pépé, ainsi nommait-elle son mari en notre présence, ronfle et lit toute la nuit et cela m’empêche de dormir. Et de compter tes sous ! Pensais-je par réflexe.
Dans sa chambre un petit coffret en bois ciselet de nacre de Mogador, accueillait régulièrement tel un tabernacle, ses offrandes volées et la taxe de son bonheur futile.
Je l’ai souvent surprise à aller se ressourcer les doigts et chuchoter à l’oreille des pièces de sa collection maudite. Elle revenait de son pèlerinage miraculeusement guérie. Elle y avait puisé une énergie nouvelle, maudite, qui l’affublait d’un sourire jubilatoire, celui que je lui connaissais jadis, lorsqu’elle avait tué un lièvre, un sanglier ou péché une magnifique truite.
Je préférai alors m’évader en dehors de la maison.

Dehors, mon univers et mon terrain de chasse s’étaient considérablement rétrécis. Non pas qu’il manquait d’espace libre ici, ni de bois et de prairies pour gambader mes chimères, mais l’âme et le désir du chasseur ne m’ensorcelait plus. Je n’avais pas encore définitivement oublié Midelt semble-t-il, bien qu’à certain moment je le souhaitais fortement.
J’étais en transhumance de sentiment, cerné entre le présent qui devait être mon futur, et ce passé qui suintait toujours de mon esprit voyageur.
Moi ce que j’aime c’est l’espace aride et sans vie apparente pour qui n’est pas berbère ou chasseur de l’atlas. Devant moi, à perte de vue, l’alpha et le sable m’attiraient, me magnétisaient et m’invitaient à errer encore plus loin. La fraîcheur de ma gourde sur le dos, et toujours Slimane le fidèle, l’ami, le frère qui m’accompagnait les yeux émerveillés.
Mon lance-pierre à la main, armé d’une bille de fer d’un roulement emprunté dans le garage de la ferme ou d’un caillou minutieusement choisi pour sa forme et son poids, je m’aventurai dans cet immense espace de rêve démesuré. J’étais lui. Mon père, celui qui avait tué tant et tant de sangliers au poignard en tête à tête, en homme fort. Celui qui chassait la panthère. Celui que tout le monde à Timexaouine, considérait comme le plus grand chasseur de tous les temps. Toto reniflait déjà une piste……. Je m’évadais…
Je retournais à Midelt…………………..
C’était si facile de fantasmer sur ce passé si présent encore. J’ai encore dans le cœur le plateau aride de Midelt qui inspirait mes pas d’aventurier, glacial l’hiver, et mordant l’été. Quelques secondes suffisaient pour que ce gosse pittoresque en short, maigre comme les vaches de ce pays se transforme en un chasseur intrépide. Dans mes rêves revivifiant, j’avais moi aussi mon pur sang arabe et Toto se métamorphosait en sloughi ...
Quand je croisais la route d’un cavalier, j’en avais le souffle coupé, la gorge sèche. J’étais tétanisé d’admiration et de curiosité.
Lui, là-haut sur son cheval, fier, en cape blanche, son « Tarbouch » enroulé autour de la tête, dégageait une force énigmatique. Moi à ses pieds, j’espionnais son visage retranché derrière ce tissu blanc mystère. Je le dévisageais droit dans les yeux bleus de ses ancêtres, pour y traquer sa force et percer son secret. Mon Dieu !quelles minutes merveilleuses dans la vie de celui qui croise un jour le regard soutenu et fier d’un cavalier marocain.
Lui s’interroge, c’est qui ce Roumi ? Pourquoi me dévisage-t-il ainsi ? Parfois, d’un coup d’œil attendri, il me saluait, il m’avait compris. Un frisson de fierté m’envahissait, j’étais des leurs. Alors, d’un léger coup de pied et de quelques mots, il talonnait son intrépide et majestueuse monture, elle n’attendait qu’un ordre de sa part pour dévoiler sa force et sa fierté. Même la poussière soulevée par l’animal s’imprégnait de la noblesse de ce couple qui venait de la fouler. Une forte senteur me parvenait. Un mélange subtil, de cuir, de transpiration et de sable doucement m’envahissait l’âme. Je respirais un bon coup. Désormais dans mes rêves les plus fous, je devenais à jamais un fier cavalier berbère.
Le nuage de poussière virevoltait lentement, pour faire durer le plaisir, à l’infini…….il se dissipait, le cavalier avait disparu. Il ne me restait plus que mon rêve en bandoulière, en mémoire pour des lendemains nécessiteux.
Je revis subitement l’épisode, il y a maintenant si longtemps, de la chasse au lièvre et ma première rencontre avec un berbère. J’avais promis qu’une fois grand moi aussi « je ferai berbère », ce ne sera jamais le cas. Toto sans doute est mort aujourd’hui, seul, sans moi. C’était la première fois que je pensais à lui ! Quelle tristesse soudaine ! Pauvre Toto. Je m’en voulais de mon égoïsme.

02 avril 2008

Mes années colleges (épisode 7)


Mes timides relations avec mon père se dégradaient, non pas qu’il m’aimait moins ou que moi-même lui en veuille de la vie que nous menions. Non rien de cela. Notre écart d’age 48 ans nous éloignait inexorablement, sans que nous puissions, ni lui ni moi, y remédier. Le temps se chargeait de cela, inéluctablement ! Fatalement !
Plus je grandissais, plus il vieillissait. Comment se retrouver maintenant? Et sur quel chemin ?
Comment nos deux vies pourraient-elles à présent se rejoindre ?
Celle de ce gamin, qui n’avait eu d’yeux que pour son dieu qui lui avait appris à pêcher, chasser, naviguer en mer, balades en jeep dans tout le moyen atlas, de ce père qui appelait son fils le « marlem ». Nos routes, je crains, ne se croiseront plus jamais, l’amour silencieux, muet, pudique même qui nous unit, évitera j’espère quelles ne s’éloignent d’avantage et ne se séparent à jamais. Fermeture pour cause de sentiments différents.

Après un ou deux ulcères à l’estomac soignés avec une grande dose de courage, de cachet à sucer, du lait, du bicarbonate de soude, du charbon, de remèdes de grand-mère, mais aussi avec beaucoup de dédain, la santé de mon père se dégradait toujours.
« Les médecins sont des incapables » disait-il, sans le penser. Il avait juste peur d’avoir rendez-vous de trop prés avec le mal qui le rongeait. Malgré sa santé de plus en plus fragile, il travaillait toujours autant. Orgueil ! Force !
Même pas malade ! Même pas malade ! Devait-il se répéter inlassablement.

Mon frère lui acceptait logiquement de moins en moins cette vie sans lendemain et sans avenir. Les disputes se resserraient, de plus en plus intenses.
Cela ne durera pas, il va se passer quelque chose. Je voyais bien le soir ma mère sortir momentanément de son mutisme réglementaire. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose, l’odeur de l’argent la réveillait, lui titillait le cerveau. Il y avait des sous en jeu, il fallait faire les comptes, bientôt, elle s’imposera dans la partie de notre vie qui allait se jouer.
De l’argent, ma mère n’en a jamais eu. Mais je n’ai vu une personne l’aimer autant. Elle l’aimait à en être béate, à flirter avec un billet de banque, à faire l’amour avec ses pièces de monnaies, celles qu’elle détournait méthodiquement, les pièces de cinq francs argent.
« Pour ma collection » disait-elle.
Nul ne sait quel magot elle avait pu engranger. J’imaginais sans peine, qu’il lui était aisé de nourrir sa fantasque collection. Elle allait acheter du pain en bas quand le boulanger klaxonnait, elle le payait en billet et espérait, quitte à le lui demander gentiment pour une fois, que la monnaie lui soit rendue en pièce de cinq francs.
« Pour sa collection ».
Les pièces envoûtées et si désirées disparaissaient inévitablement et subitement du circuit commercial familial. Si rapidement que mon père ne pouvait s’en apercevoir. D’autant plus que pour lui l’argent n’était pas son souci majeur.
« Un litre d’essence et un quignon de pain me suffisent pour être heureux ! ». Voila la devise qu’il ne cessait de répéter. Je le croyais et l’enviais presque de son détachement au matériel. Mais n’était-ce pas là aussi de l’égoïsme ? Un acte de père responsable doit il ne penser qu’à lui ? Malgré tout, sa famille en souffrait .

01 avril 2008

297 Mercis


297 mercis
Vous avez été 297 à voter pour mon blog.
Même si je ne suis pas dans les 10 premiers, cette expérience fut très sympathique et surtout très enrichissante, en plusieurs points.
En premier, ma surprise de voir des personnes se mobiliser pour trouver des voix. Bien sûr mes enfants, mais aussi, d’autres que je ne nommerai pas, mais qui déjà ont reçu un petit mail ce matin.
En second, la découverte de certains blogs que j’irai à nouveau visiter.
Enfin, j’espère que parmi les 1874 visites du blog ce mois-ci, quelques visiteurs me resteront fidèles.
En effet, la moyenne de visite de mon blog est de 800 à 900 par mois et en ce mois de mars, 1874 visiteurs ou rôdeurs sont venus se balader sur mes lignes.
A vous tous, connus et inconnus, fidèles et furtifs, je vous remercie à nouveau.
Bientôt, les aventures du petit garçon vont reprendre.

22 mars 2008

Encore quelques jours pour voter


Bonjour à tous

Je voudrai dans un premiers temps vous remercier tous pour vos votes à ce jour. ce n'est pas gagné loin de là, mais quelque soit ma place définitive, je vous remercie à tous, connus et inconnus venus visiter ce blog et qui ont pris un peu de leur temps pour voter

Ensuite, il nous reste une semaine pour maintenir mon blog dans les 10 premiers, par la suite un jury nous départagera tous
N’hésitez pas à voyager sur « le festival de Romans » il y a vraiment de fabuleux blog dans de nombreuses catégories, comme photo celui de EVELYS, vidéo, et autres

Si vous souhaitez voter pour ce blog, cliquez sur la bannière ci-jointe à droite, et vous serez directement sur mon blog et le site de vote
Vous revevez un mail pour confirmer votre vote, vérifiez aussi que ce mail n’arrive pas dans vos messages indésirables
Encore merci à tous et rendez vous à la fin du mois, pour les sélections
N'hesitez pas à laisser un message, je ne manquerai pas d'aller boire le thé chez vous
Amitiés

14 mars 2008

Mes années college (épisode 6)


Ma honte venait de s’inviter. D’ailleurs, chez moi, elle n’était jamais bien loin ! Il n’était pas nécessaire d’hurler pour qu’elle s’impose sournoisement, à tout moment de ma triste existence. Un rien me rendait timide, un rien suffisait à m’envelopper dans la honte d’être là, à l’instant.
D’un coup pied rageur, je rejetais mes souvenirs, rameutais mes esprits. Décidément, ces français ne comprenaient rien aux choses du Maroc. Ce n’est pas de la bique, c’est du chameau, ignares !
Sales gosses !
En descendant du car, je filais tout droit au café des éleveurs tondus pour y faire pipi, j’y oubliais mon cartable. Je reviendrai le rechercher ce soir ! Je ne résolvais pas pour autant mon problème. C’est l’angoisse tenaillée au ventre que je redoutais cette journée. Les profs allaient toute la systématiquement me demander où étaient mes affaires. J’entendais d’ici leurs sarcastiques reproches.
« Mais voyons, vous le savez, je veux un cahier rouge pour l’espagnol, pas votre truc. Le stylo, noir, pas autrement. Si demain vous n’avez rien de cela vous allez commencer l’année avec une colle, vous verrez ça soigne bien les étourdis ! »
Je ne pouvais pas leur répéter la vérité à longueur de journée, leur dire que mes parents se moquaient éperdument de l’école et de moi au passage. Qu’ils pouvaient toujours me punir, je n’étais pas un étourdi, je manquais seulement de l’amour qui fait que les mamans sont envahies du plaisir maternel d’acheter les fournitures, autant que les gosses de les recevoir.
Je n’allais pas leur dire non plus que ma mère c’était une drôle de maman qui mangeait seule le soir sans attendre son mari éreinté par le travail, et que mon père lui, n’avait pas le temps de s’occuper de moi.

L’effroyable calvaire se terminait enfin. J’avais invariablement dû expliquer à chaque prof, et devant toute la classe ironique et moqueuse, que je n’avais rien de ce qu’ils demandaient.
Puni, collé.
J’étais un têtu, et qui répond avec ça ! Catalogué maintenant !
Je n’étais en rien fautif, mais devais accepter sans broncher la punition pour ne « pas avoir donné d’explication valable et adopté une attitude rebelle », tel a été le premier motif de ma colle, pas beau ça ! Le prof s’était fendu d’une belle phrase digne de sa médiocrité. Il n’en fallu pas plus pour je devienne la tête de turc de certains de ces médiocres.
« Pas rouge clair, j’ai dit rouge foncé, vous me changerez ce protége cahier dés demain ! »
Plutôt que de continuer à répondre, je m’enfermais à double tour, en dedans.

Je haïssais tous ces profs qui n’existaient que par, et pour le règlement. Ceux qui n’avaient d’autre psychologie que de me menacer des foudres de l’enseignement, la démocratique de la claque éducative, ou la colle réparatrice. Parfois même le pire, l’indifférence, voire la moquerie. Ces profs tuent et fabriquent des rebelles.
Je reconnaissais parmi eux les douaniers de la frontière. Mais ces professeurs de misère eux, c’est dans mon âme et mon intimité qu’ils fouillent et qu’ils fouinent honteusement. J’avais envie de leur crier, j’en ai marre ! Laissez moi tranquille !
Pourquoi l’image du vieux lion en cage de Meknes me revient-elle si subitement ?
SI CE BLOG VOUS PLAIT VOUS POUVEZ VOTER POUR LUI au concours du "FESIVAL de ROMANS "(Ciquez dans le lien à cet effet)
MERCI D'AVANCE

08 mars 2008

Mes Années colleges (épisode 5 )


Il fallait égoïstement résoudre mon problème en urgence, sinon demain je me cacherai dans un café, celui des maquignons, et je n’irai pas à l’école. La honte, une journée ça va, mais deux ! Mon orgueil ne le supporterait pas. Il ferme le couteau, il se lève péniblement, je l’accoste mielleux :
« Papa, il me faut des affaires pour l’école de demain »
« Demande à ta mère, je suis fatigué »
Je me retourne, elle avait disparue dans sa chambre, retraite très stratégique.
« Maman n’est pas là et j’ai besoin de tout cela pour demain », je lui tendais timidement et apeuré la feuille, connaissant par avance sa réaction.
« Tout ça pour demain, où veux-tu que je trouve toutes ces choses, il faut attendre d’aller à Foix samedi. »
« Pas possible papa, les cours commencent demain matin et je n’ai rien. »
A-t-il lu la panique dans mes yeux et ma voix, il tenta alors de me rassurer.
« On va arranger cela, vient ! »
Il m’entraîna vers son armoire personnelle toujours fermée à double tour, des secrets et sa vie y étaient enfermés. Une armoire, son sanctuaire que jamais je n’avais osé violer.
« Voilà deux cahiers, un stylo, un crayon à papier, une règle,… il énuméra ainsi quelques fournitures qu’il retirait une à une de sa caverne secrète. Mais tout était d’occasion, rien de neuf, il arracha même quelques feuilles à un cahier pour qu’il soit neuf pour de faux.
« Voilà, avec ça tu vas pouvoir commencer et samedi on ira acheter ce qu’il manque, promis. »
Je n’osais lui dire qu’il me présentait là les fournitures de ma prochaine honte.
« Il manque le cartable papa pour demain. »
« Un cartable, un cartable voyons ce qui pourrait faire l’affaire. »
Ce qui pourrait faire l’affaire ? Je pourrai te le souffler, c’est un cartable neuf, plein d’amour avec des affaires neuves dedans, et qui sent bon le cuir et tes grands bras qui me serrent très forts. Point !
« Voilà, j’ai trouvé…C’est la sacoche de Midelt, elle ne te dit rien ! Tu te souviens quand tu m’accompagnais à Boumia, ksar souk, Arbalou, Rich, c’est elle que je prenais. »
Du geste tendre de mon père, je ne retenais que l’amour de ses yeux étincelants et les souvenirs qui venaient d’exploser lorsqu’il me tendit sa serviette. Passé cet instant, que je voulais rapidement rejeter, en décalage total avec les événements présents, je pressentis aussitôt la honte du lendemain matin de me promener avec cette vieille serviette d’un autre temps ! Jadis. Où nous étions tous heureux.
Bien sûr que je la reconnaissais ! Moi aussi, j’aimais la prendre, mais avant quand je n’étais que rêveur, et gamin, quand je jouais à imiter papa, le chef.
Elle était là, devant moi, et dégageait toujours son parfum délicat de chameau. Malgré le temps et l’usure du cuir, l’odeur forte du vaisseau du désert persistait toujours. La poussière française se mêlait à présent à celle du Sahara rapatriée, elle aussi, de l’Alpha, des courses des gazelles et des outardes méfiantes devant la jeep.
Meurtrie elle aussi par le temps, elle esquissait une retraite subie et anticipée au fond du placard. Etait-elle heureuse aujourd’hui de servir le fils de Maurice ? Sera-t-il aussi gentil que le père ? Là-bas, lui et moi, nous étions inséparables. Il parait même qu’avec moi dans les mains il ressemblait à un chef, il en donnait de l’allure.
« Va pour le cartable et les affaires, mais samedi, promis hein papa, on va à Foix ?

Le lendemain matin dans le car, on me demanda ce qu’était ce truc qui sentait mauvais.
« Mon cartable, répondis-je fièrement »
« Et bien il est en peau de bique ton cartable, tu as chié dedans ou quoi ? »
Le car en entier se marrait, même le chauffeur qui tentait maladroitement de s’essuyer les yeux rougis sans perdre la route de vue.
SI VOUS VOULEZ TOUJOURS VOTER POUR CE BLOG, CLIQUEZ A DROITE SUR LE CARRE ROUGE,FESTIVAL de ROMAN" Merci d'avance

29 février 2008

Ce blog vous plait, Votez pour lui

Bonjour à tous
je me lance moi aussi dans ma campagne electorale, je grapille vos votes pour mon blog
je suis inscrit au concours du "Festival de la ville de Romans" dans la categorie : litterature
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je vous remercie de tout coeur, laissez un message, je ne manquerai d'aller vous visiter
A bientot



Patrick

25 février 2008

Mes années collége ( épisode 4 )


Mon car quotidien me ramena le soir très tard à la maison, papa n’était pas encore là, c’était devenu coutumier et normal, son travail lui consommait toute son énergie et tout son temps. Ma mère ne me demanda pas si ma première journée s’était bien déroulée.
Et bien tant pis ! Je m’en fous !
C’est pas vrai, j’ai mal quand même!
« N’oublie pas les œufs à aller chercher au poulailler. »
Je compris que même le collège et ses horaires de forçat, entre le lever tôt et le retour tardif du car, et plus de 2 km de marche à pied ne m’exempteraient pas des corvées, le soir en rentrant. Et c’est avec ma gueule des mauvais jours que je saisissais rageur le panier pour aller au poulailler. Malheur à la poule qui se trouvait sur mon chemin, elle recevait dans son derrière innocent et fragile toute la haine de mon corps.
Mais qui allait me remplir les papiers et me donner des sous pour la cantine ? La panique m’envahit.
Jamais je n’oserais retourner à la cantine et mendier encore un repas. Jamais je n’oserai avouer à la dame au cœur gros que mes parents m’avaient oublié une deuxième fois.
Jamais je n’oserai retourner à l’école sans mes affaires. Les autres avaient tous des cartables neufs qui sentaient bon l’amour, des cahiers rouges, bleu, jaune selon la matière. Une trousse où l’on avait plaisir à fouiller pour y palper avec délectation la gomme toute neuve, la colle dans son tube jaune qui sent l’amande, et le nouveau stylo à bille qui n’attendait qu’un signe pour se jeter sur les lignes du cahier bien propre et bien neuf.
Mon effroi dura jusqu’à ce que mon père sauveur arrive. Fort tard d’ailleurs. J’avais honte, nous avions mangé sans l’attendre, ordre de l’intendance. Je me souvenais que quand j’étais gosse à Midelt elle procédait de la même manière avec moi. Je mangeais seul sur ma table en Formica, le mur compatissant me tenait compagnie.
Son assiette vide d’amour et solitaire l’attendait au milieu de cette trop grande table. Sans un mot, il se fit réchauffer la soupe qu’il se servit sans un mot. Ensuite il ira se couper un morceau de jambon espagnol. Puis selon l’humeur du frigo, et de son estomac, grignotera rapidement du fromage. Ou bien avec du pain, il se servira du beurre et de miel qu’il dégustera comme au Maroc avec les doigts. Il n’aura pas bronché d’un seul mot, préférant vivre seul son désespoir et sa maladie. Gardant aussi pour lui, sans partage ses soucis. Il semblait préférer être seul à souffrir.
Si j’étais un gentil petit garçon je lui préparerai son dessert préféré. Des noix mélangées avec du miel qu’il dégusterait avec du pain et toujours avec ses doigts qu’il lécherait inlassablement pour n’en rien perdre, ni le goût, ni les souvenirs que ce geste ne manquerait pas de l’apostropher. Je suis sûr que cela lui aurait fait plaisir et aurait enflammée ma mère qui m’aurait lancé son coup d’œil mortel, le spécial douanier. Je ne savais plus que faire, je décidais de ne pas être un gentil garçon ! Moi aussi j’avais mes problèmes ! Non mais !
J’espionnais, assis sur le divan qu’il finisse de se lécher les doigts, en faisant durer le plus possible son intense désir. Je guettais pour l’accoster et surprendre l’instant magique où il allait plier son couteau, rituel annonçant sa sortie de table, juste avant qu’il ne prenne le journal.

17 février 2008

Mes années college (épisode 3 )


Et cette 6ème à Foix, qui n’en finit pas.
Elle me gonfle.
Je perds mon temps.
Tous les jours de la semaine, je devais prendre le car très tôt le matin vers 6h 30 ou 7h, et me retrouver tout d’un coup à plus de trois cents élèves bruyants dans la cour. La rentrée de cet automne m’effraie encore. Il y avait plusieurs 6ème. Où trouver ma classe ? Je paniquais. J’étais au dessus de mes capacités à naviguer parmi les fourmis studieuses. Je ressemblais à ces lapins qui à chaque mouvement brusque et bruyant, se blottissent sur place, baissent la tête en espérant que le coup qu’ils vont sûrement naturellement recevoir va les laisser en vie jusqu'à la prochaine fois. L’ogre scolaire me faisait peur, il allait me manger tout cru.
« Ou sont vos parents jeune homme » quelqu’un de gentil venait sans doute de remarquer mon inquiétude au milieu de cette ruche
« A la maison madame »
« Ce serait bien mieux qu’ils soient là pour vous aider la première matinée comment vous nommez vous »
« H……… madame, H……….. Patrick »
« Venez nous allons voir ce que nous pourrons faire »
Je la suivis sans perdre un centimètre de la distance qu’elle avait décidé de caler entre nous. Je remarquais ses longues jambes et même le trait noir des bas qui la partageait en deux parts égales. Son visage m’apparut au début très commun, et peu à peu sans doute illuminé par sa gentillesse, je trouvais qu’elle était même belle. Autour de moi je vis bien qu’un grand nombre de parent avec leur progéniture s’emblaient virevolter dans tous les sens, dans cet enclos rustique du CEG de Foix
« H……… vous dites »
« Oui madame »
« Avec un H ou un Y »
« Un H madame »
« Je n’ai pas de H. ……. sur mon registre, vous ne vous étés pas trompés de bâtiment ?, il y a aussi un lycée dans Foix , le lycée Gabriel Fauré, ça vous dit quelque chose »
« Non madame, je suis sûr que c’est ici, mes parents mon dit que le CEG était près du foirail ou mon père emmène ses moutons pour les vendre, et moi je sais que les moutons ils sont vendus la haut pas loin du café des maquignons, je l’accompagne des fois »
Elle sourit gentiment et ne remit pas en cause mon témoignage tant il semblait fiable et précis. Qui aurait imaginé, ou inventer cette histoire de mouton pour repérer le collège, c’est sur ce gamin ne se trompe pas.
« De quelle école vient tu »
De Serres sur Arget l’école s’appelle LAKANAL et l’instituteur Maurice »
Bien on va t’inscrire, je vais aussi te demander de donner ces papiers à tes parents, dis leur que c’est pour l’assurance, et les fournitures à acheter pour l’école, et tu me les rendras très vite et rempli, c’est d’accord »
« Oui madame »
« Ton nom donc H………...D Patrick tu m’as dit »
« Né le » ?
« 19 juin 1954 »
« Où » ? :
J’hésite…………….
Devais je lui avouer mon lourd secret. Je pourrais lui dire que je suis né à Serres par exemple, ou à Nancy ce sont les seules villes de France que je connais. Mais mon père me disait toujours mentir ce n’est pas beau ! Prisonnier de l’atavisme de cette éducation je déclarais non sans en craindre des conséquences :
« A Marrakech, au Maroc madame »
Son visage ne broncha pas, j’espère qu’elle n’est pas la fille d’un douanier d’un gendarme, ou d’un maquignon. Elle inscrivit sans sourciller : MAROC.
« Nationalité ? »
Elle inscrivit en le prononçant sans même me demander mon avis : M.A.R.O.C.A.I.N.E
« FRANCAISE madame ! » Ma réponse fut rapide, presque brutale, sèche, et sans détour. J’étais français. Elle semblait s’excuser ne demanda pas d’explication. J’avais peur que par la suite il y ait une case « pied noirs rapatries et pauvre». Il n’en fut rien. J’étais content de parler avec elle, c’est vrai qu’elle était de plus en plus jolie, son cœur débordait, l’embellissait, et moi j’étais bien, je n’avais plus peur.
« Au fait tu es externe ou demi pensionnaire »
« Demi pensionnaire madame »
« Tu as les sous pour le repas ? Il faut aller chercher les tickets pour la semaine, je vais te montrer ou c’est »
« Non madame, je n’ai pas d’argent, je ne savais pas qu’il en fallait »
« Mais tes parents ne t’on rien dit de la rentrée ? Normalement, ils auraient dû recevoir un dossier avec tous les papiers que je te donne. On leur disait de venir le premier jour et on aurait pu tout faire.
« Sans doute le dossier s’est il perdu à la poste » conclu t’elle pour mon plus grand soulagement ! Je n’allais quand même pas expliquer que je devais me débrouiller tout seul ! J’avais trop honte !
« C’est ça madame, ils ne l’ont pas reçu sinon je suis certain qu’ils se seraient bien occupés de moi »
La poste avait bon dos, je n’en suis pas sur, mais si le dossier est arrivé, ils l’on rapidement oublié, reportant à demain………………
Je vis bien que le cœur de cette femme venait de flancher. Elle ne me quitta plus de la journée, ou plutôt ce fut moi qui ne la quittai pas de la matinée. Après le repas que le collège m’offrait jusqu'à demain je retournai dans la classe qui m’avait été désignée. Il y avait tellement de 6eme qu’il fallait qu’en plus je me souvienne de la lettre qui l’accompagnait.
C’était la 6eme C

09 février 2008

Mes années colleges (épisode 2)


Depuis maintenant plus de deux ans, ils ne prenaient quasiment pas de salaire ni l’un ni l’autre, ils se partageaient parfois aux bons grés de mon père les traîne-misère et solitaires billets qu’il restait après avoir payé les dettes.
Moi je survivais lamentablement ma 6ème, je n’étais même pas capable d’être parmi les premiers. Le soir après l’école quelques corvées m’attendaient toujours, ramasser les œufs, nettoyer les poules ou les cages à lapin, biner une planche de légume au jardin, ou je ne sais quelle malheureuse besogne que je rechignais systématiquement à accepter d’exécuter.
Et ma mère, toujours renfermée à double tour, ne levait pas le petit doigt de la journée, la maison était entretenue, les repas n’attendaient pas, certes. Elle devenait la reine pour accommoder les restes, et les restes des restes. Outre ce minimum vital, elle n’existait plus, si ce n’est encore de nous faire remarquer qu’au Maroc cela aurait été bien mieux et que, bien sûr, sans l’imbécile idée de mon père, en ce moment il serait au moins ministre de l’agriculture, et elle aurait un chauffeur …………..et … et … et encore…………………
Mon père excédé quittait la maison pour aller se réfugier dans le jardin sous son noyer, une croix y était astucieusement camouflée. Que lui demandait-il ? De quelle force avait-il un besoin urgent? Sinon comment s’est-il systématiquement retenu de ne pas la gifler !
L’ulcère à l’estomac de mon père s’aggravait de jour en jour, il devait maintenant être opéré d’urgence. Mais comme tout bon lorrain têtu, pieds noir, et qui plus est rapatrié, il s’y refusa. Le sang se mélangeait intimement à sa salive. Il avait de plus en plus de mal à nous dissimuler son état qui se dégradait lentement. Les souvenirs du Maroc se rappelaient régulièrement à lui, par des fortes crises de paludismes qui le faisaient trembler comme un érable sous les assauts de l’automne, juste avant que les feuilles vaincues ne tapissent le sol.
Même si le troupeau devenait peu à peu une référence dans la région, même si aujourd’hui, il n’avait plus besoin de vétérinaire tant il maîtrisait son sujet, même si la coopérative quelque fois patiente au regard du travail qu’il abattait l’aidait du mieux qu’elle le pouvait, même si le crédit agricole encore humain à cette époque ne présentait pas toujours la note, la vie ne s’améliorait pas, et le bout du tunnel reculait à chaque avancée, tout au plus, stagnait-elle. A se demander ce qu’il fallait faire pour vivre comme un être humain. Comment ne plus avoir peur des fins de mois, comment ne pas se priver de….. Comment s’arrêter juste un jour pour souffler……Comment changer la vieille voiture qui sera replacée par une encore plus vieille …………..comment vivre de son travail sans tout rendre aux maquignons.
Et s’il en restait, la famille en profitait

30 janvier 2008

Mes Années collége (épisode 1)


Le troupeau d’environ trois cents brebis, était très insuffisant pour deux familles, il en aurait fallu au moins cinq cents pour en vivre dignement. L’argent manquait cruellement et de plus en plus. Les terres aussi.
Mon frère, comme mon père, l’orgueil vissé au corps ne baissaient jamais les bras malgré les nombreux déboires auxquels ils avaient dû faire face.
Ce n’était pas les meilleures bêtes qu’ils avaient achetées, ni forcement la race la plus adaptée. L’inconnu, la découverte de la profession qu’ils venaient d’embrasser leur coûtait cher chaque jour.
Trouver un bon chien de berger, connaître les maladies, payer les vétérinaires dont le plus proche était à 25 kilomètres, et puis vendre ces agneaux. Il fallait faire comme les « gens du pays », vendre à la foire le lundi à Foix. La foire de Foix, point d’autre salut pour les paysans des montagnes, les maquignons de la région le savaient fort bien.
Dès 5 où 6 heures du matin, le café du foirail devenait le rendez-vous immuable des paysans de la Barguillière. Les paysans en attente d’être tondus, graves et le regard perdu dégustant un grand bol de café. Les maquignons adossés au comptoir examinaient leurs proies d’un œil acerbe, devant un ballon de rouge, un pain frais et un morceau « cambajou » (jambon) fermier. Leur éternelle baguette en noisetier, sceptre de leur pouvoir, accrochée au comptoir.
Les éleveurs présentaient leur maigre butin, je devrai dire leur maigre offrande aux maquignons de passage. Par tous les temps, toutes les saisons ou presque. Attendre l’hypothétique acheteur qui voudra bien daigner se pencher sur le malheureux animal que vous vendiez parfois pour vivre ! Seulement vivre !
La foire. Aux cris des veaux, vaches, cochons, bœufs, canards, chevaux, se mêlaient les exclamations du pouvoir régnant et sans partage des marchands de pauvreté.
Les paysans vivaient sous le joug des maquignons, de l’Aude, de l’Ariège, et même des Pyrénées Orientales. Ils se partageaient le marché sans vergogne. Avant le début des « enchères », les acheteurs s’accordaient sur les prix à payer pour la journée.
Nous avions vite compris la tactique des rapaces en blouse grise et bâton menaçant. Mais que faire quand le maquignon est maître ? Se faire voler le moins possible. Ils commençaient par renifler le marché, tâter du pouls de ces paysans mal dégrossis. Un tour du foirail encore engourdi par le froid matinal, juste pour repérer le marché, la qualité des bêtes, les nombre de mouton, et surtout quels éleveurs étaient présents.
Les blouses grises se réunissaient une deuxième fois au vu de tous pour bien faire comprendre aux serfs et manants que nous étions qu’il serait inutile de marchander. Le prix du marché sera tenu. Maquignon, c’est une secte ! De père en fils
Puis comme une nuée de rapaces sur les fragiles paysans, les voilà qui s’abattent sur le marché. Chaque paysan le souffle coupé, le regard hagard, interrogateur, voire aguicheur se demandait si les blousses grises daigneraient s’approcher de son coin.
Bien gras et transpirant, un rapace s’approche de mon père, espérant étreindre rapidement sa proie si facile et si docile désormais.
Première offre :
- Cinq francs, Maurice, c’est bon ! ». L’intonation n’est pas un point d’interrogation, mais point de discussion, c’est un ordre. Sans attendre la réponse de mon père, la main armée d’un ciseau, il commence à tracer sa marque, son sceau, en entaillant la laine. Les moutons lui appartiennent désormais.
- Voyons 5 francs, ce n’est pas possible ! La semaine dernière, c’était au moins 7 francs.
« La semaine dernière, c’était la semaine dernière. Il n’y avait pas assez de mouton. Tu vois aujourd’hui, il y en a trop, regarde ! D’un geste ample, digne des plus grands empereurs romains, comme si tous ces moutons lui appartenaient, montra la foule des paysans apeurés. Il avait raison.
- Vous allez en laisser sur le carreau, je vous le dis. Certains d’entre-vous remonteront avec vos bêtes. Vends moi les, voyons ! Tu démarres dans le métier, tu as besoin d’argent, non ? Mais continue, Maurice, tu fais du bon travail. Le genre d’encouragement qui vous permet juste de vous motiver pour ne pas arrêter, pour rester toujours sa proie, pour ne pas mourir de faim et nourrir son orgueil. L’encouragement qui vous maintient entre le suicide et l’enthousiasme.
Inutile de répondre, le maquignon avait raison, il y avait souvent plus de mouton que leurs besoins, du moins était-il capable de le faire croire après la messe de conciliabule de plein air qu’il venait de tenir.
Il était malheureusement vrai que mon père devait vitalement vendre. A 5 francs, il ne remboursait pas ses frais, mais s’il devait remonter avec ses 4 ou 5 brebis il lui manquerait de quoi acheter les premières nécessités pour la maison. Il entendait d’ici ma mère lui vomir qu’il n’était même pas capable de nourrir sa propre famille. Il n’en pouvait plus de cette éternelle réflexion qui le tuait à petit feu. Son orgueil d’homme libre lui pesait désormais. Il fallait aussi payer la coopérative, le crédit agricole, les assurances, et à manger s’il en restait.
Où es-tu Mandrin ? Reviens sauver les pauvres !
La laine ne se vendait pas mieux. Elle n’avait même plus de prix, on nous expliquait, les bras désolés, que les australiens avaient cassé le marché. Alors, on troque à la coopérative. De la laine, au poids, contre des vêtements en laine bien sûr !
Chaussettes, pulls, chemises…….mais la laine de mouton est inépuisable et les vêtements durent longtemps, alors on jette la laine.
Cette semaine encore nous mangerons les légumes du jardin, les œufs, les lapins, les poulets, les canards et tout ce qui porte plumes et poils dans la basse cour. Au moins nous ne mourions pas de faim et c’était déjà ça ! Pour l’huile, le café, le savon, il faudra faire attention. Les jouets ? Je ne savais plus à quoi cela ressemblait, je ne lisais plus le chasseur français ni Manufrance. Je n’avais plus le droit de rêver. Un enfant sans rêve………….ça crève à petit feu, c’est pire non !
Il devait vendre aussi parce que la bête non vendue à temps, au poids désiré par les fabricants de pauvres continuait à grossir et coûtait de plus en plus cher en nourriture, et vous n’étiez pas sur qu’au prochain marché le prix ne baisse pas encore.
- Elle n’est plus dans les normes Maurice cette bette, agneau de 100 jours ! Au lait de la mère ! On te demande ! Que veut tu que je fasse de celle là »
L’air franchement navré, il cherche une solution pour « sauver » mon père. L’œil en coin il pistait sans aucun doute sa réaction!
- Bon je t’aime bien tu sais je vais te rendre service 4frs çà va !
- Oui ça va » le tondu était soulagé d’avoir été volé ! Un peu pas trop !
Il l’aurai même laissé à 3 francs s’il avait fallu, tant qu’il ne se préoccupait plus de la marge qu’il pouvait faire, mais de la liquidité dont il avait cruellement besoin ! Mais des jours, il arrivait qu’un cher maquignon vous annonce assurément navré
- Votre mouton est bien beau, mais moi je cherche de l’agneau de 100 jours et là il est bien trop gros, il fallait l’amener avant, je vous l’aurai acheter ! Assurément !
C’est quoi qui nous retiens à cet instant de lui flanquer une trempe ? La stupéfaction ? La peur ? La lâcheté ?........Rien de cela, mais l’esprit de survie, et de conservation qui vous gère inconsciemment votre vie. Bousculer cet homme c’était mourir, pas de mort subite non, mais oh plus grave, la mort à petit feu, de celle du genre :
- Tu peux toujours descendre tes moutons Maurice, personne ne te les achètera », et c’est sûrement ainsi que cela se serai passé.
Comme à la douane française, encore une fois tu enroules ton orgueil autour de tes points, tu te fais la promesse qu’un jour viendra ou……, mais tu ne bouges pas en attendant ! !
Avale ton orgueil !avale !sans eau à sec ! Un jour viendra tu l’espères ou ils iront rejoindre dans la toujours grande fosse de la foret de Tedders, les dockers, les douaniers, et quelques français.
Ils étaient bougements puissants les gras en blouses grise, et point de Jacquou le croquant pour se révolter. Impossible de connaître le prix du marché qu’ils avaient fixé à la journée, parfois même à la demi journée. Le matin un prix et le soir un autre bien plus bas. La technique consistait aussi à faire faire le yoyo au prix pour affoler les paysans qui ne savaient plus ou donner du portefeuille
- Alors Maurice cinq francs c’est bon
- Non j’attends
- Attention Maurice cinq francs maintenant c’est beaucoup, ce sera peu être quatre tout à l’heure !
Ainsi ne reculant devant aucune ignominie, les blouses grises tondaient régulièrement tous les lundi, ce bétail humain, et docile à merci.
Au début il refusa ce chantage à la misère, il remonta plusieurs fois avec ses moutons. Préfèrent entendre les miséreuses remarques de ma mère que de capituler sans combat devant l’armée des blouses grises. Mais la coopérative, le crédit agricole, les assurances n’avaient pas beaucoup plus de compassion pour lui que les maquignons du marché
Lentement, fatalement, l’orgueil, sous le mouchoir, il vendait. Toujours à la limite de son prix de revient. Parfois bien plus bas, et parfois, mais rarement, il explosait de joie dans sa vielle 4 l. Quelques liasses de billets bien serrés dans le fond de sa poche lui tenaient chaud, et le rassurait pour quelques temps.
- Maman me disait il, ainsi nommait il ma mère, « me foutra la paix. Quelques temps !pas trop ! Le temps de reprendre son souffle, le temps que les billets fassent aussi leur temps, et l’anesthésies, puis elle recommencera.
Quelques notes sifflées sur l’air de la Montagne de jean Ferrat ne laissait plus aucun doute, il avait tout vendu et très bien vendu.
Alors mon frère et lui se sentaient à nouveau d’un courage tout neuf, à toute épreuve, c’est assuré maintenant leur travail va payer enfin, ses moutons sont appréciés, il va réussir et Claude avec ses trois enfants aura enfin un salaire c’est promis. Ils signaient tous les deux un nouveau baille avec les moutons et les maquignons, ça ira mieux maintenant !c’est sûr ! A table alors une bouteille de « vieux pape » venait sceller le renouveau