27 avril 2007

Quand le passé vous rattrappe!!!!


Quelle ne fût pas ma surprise de trouver les lignes qui suivent sur mon e-mail. Elles émanent du docteur Mouhib qui exerce à Midelt.
Internet et nos blogs nous ont rapprochés, voici son témoignage




"Depuis la lecture de ton blog qui parle de ton enfance, et de la période des vaches grasses du paysannat de Midelt , l'édifice abandonné commence à m'intéresser .
Féru de la micro histoire de la région , je me suis mis à questionner les anciens de Midelt sur ce qu'ils retiennent du paysannat. Surprise! Le disque dure rurale a enregistré beaucoup de choses .
Ton père a laissé très bonne impression chez les habitants de Midelt et de ses Ksours Ait Oufella, Ait Izdeg et Ait Ayach. C'était lui qui avait entamé la modernisation de l'agriculture dans la région.
Il introduit l'arboriculture non sans difficulté . Les fellahs, habitués à la culture du maïs, d'orge, de pomme de terre et de navet, n'avaient pas accepté facilement le pommier , le pêcher et l'abricotier .
Avec l'aide des autorités locales de l'époque , il avait pu influencer les Cheikhs des douars à planter les arbres pour donner l'exemple à leurs tribus.
Aujourd'hui le pommier, avec les 2 Millions de pieds, fait la richesse de la région de Midelt.
Dans les anciens vergers de la région, on trouve les anciennes variétés des pépinières des paysannats de Midelt et Ait Ayach: la reinette rouge, la rouge de juin,la Winterbanana,et la cremsonne.
Il faut ajouter que c'est bien lui qui avait appris le premier , à une équipe de jeunes, les méthodes de taille et de greffe.
C'était ton père, également, qui avait introduit l'utilisation du tracteur , et avait contribué à l'amélioration de la race bovine ( taurreaux géniteurs et vaches de race-pie rouge-).
Mr Bouazza, aujourd'hui âgé de 60 ans, et qui avait travaillé au paysannat entre 61 et 64 s'occupait, avec d'autres des vaches. D'après lui, ton père leur donnait des prénoms féminins. La vache prénommée Mimouna était traitée avec "respect": elle portait le nom de la sainte Lalla Mimouna qui a "la baraka du mariage"et dont tu as parlé dans ton blog.
La région et ses habitants sont redevables à ton père pour tout ce qu'il leur avait apporté.
Il pleut toujours à Midelt , chose que nous n'avons pas eu depuis bien longtemps.
La truffe réapparait dans la région.
Merci du lien du blog ."
Bien à toi, M.Mouhib

23 avril 2007

Retournerai-je à midelt (episode 12)


Mais pour le moment, la route me ramène à Midelt, et me rapproche lentement du paysannat, de ma maison. Petit à petit sans même s’en apercevoir les paysages changent. Ils ont la délicatesse du Maroc. Ils t’acclimatent lentement. Ils t’imprègnent de la tête aux pieds, et puis un jour tu es amoureux.
De cet amour fougueux et majestueux des premières rencontres.
De cet amour qui sera le seul et l’unique tant il est enraciné dans ton corps et dans tes songes les plus secrets.
Les couleurs et les odeurs des épices se font moins fortes, ici c’est le pays de la terre ocre, du sable, de l’alpha, du froid glacial de l’hiver, du soleil torride de l’été, du vent. C’est le grand pays des berbères. C’est aussi modestement mon pays. Celui que les Berbères ont bien voulu me prêter.
Le premier signe typique à ne pas manquer, ce sont les chèvres qui montent dans les arbres, dans les arganiers plutôt (des arbres qui n’existent qu’au Maroc et au Brésil).
Ses feuilles et ses fruits nourrissent les chèvres qui n’hésitent pas à imiter les singes de la forêt de cèdres. De ses fruits s’extrait une huile. De ses noyaux recrachés par les chèvres, des produits cosmétiques. Et quand l’arganier mourra, il servira à fabriquer un charbon d’une excellente qualité.
Un super marché à lui seul en quelque sorte, mais surtout l’emblématique arbre des régions pauvres du sud marocain.
Midelt……….. Je te respire.
Direction Ksar el Souk, le parfum des roses semble m’envelopper. Le vent vient de l’ouest, ça sent bon, l’usine doit fonctionner. Encore quelques maigres et interminables kilomètres. !
Nous y sommes, à droite le panneau du « Paysannat », l’allée est toujours aussi longue, les abricotiers sont bien beaux, les bourgeons gonflent.
La cour………….devant
Les bureaux ……………à droite……………..
La maison………….. à gauche……………..
La voiture s’immobilise…………
On arrive !…
Je descends, embrumé dans mes parfums et ma joie.
« Qui a dit à Toto que je rentrais ? »
Il l’a senti, il m’accueille, nous partageons encore quelques longs instants notre joie réciproque, il m’a reconnu malgré mon ridicule déguisement d’écolier de la ville, et toujours mes cheveux bien peignés.
Missoudie me l’avait recommandée.
« Madame a dit que je devais bien te peigner !». Missoudie n’avait jamais transgressé un ordre de Madame. Je la soupçonne même à certains moments d’avoir fait du zèle. C’est bien pour cela qu’elle était encore à la maison.
Alors j’étais bien peigné ! Je redoutais déjà l’arrivée des enfants de la ferme, ils vont encore et éternellement ricaner de ma grotesque coiffure, pire encore, ils n’ont pas vu mon ridicule short et ma blouse grise !
Toto est accompagné pour la 1ère fois d’un tout petit épagneul que je nommerai plus tard Mick. Rika la bergère allemande, d’habitude si taciturne et amoureuse de mon père n’a pas voulu manquer la cérémonie du retour du fils prodigue, du petit maître. Elle aussi était là, à me souhaiter la bienvenue.
Ma mère est dans la cuisine. Je m’élance pour aller la rejoindre. J’aimerai tant qu’elle me tende les bras, qu’on oublie avant, qu’on oublie qu’on ne s’aime pas, qu’elle me fasse juste un petit geste et je jure de lui sauter dans les bras et de l’embrasser de partout.
J’ai tant envie de l’aimer !
Mon cœur s’affole à l’idée que dans quelques secondes nous serons ensemble, face à face. Je suis sur le pas de la cuisine, mes bras chargés d’amour sont prêt à s’élancer, j’ai peur, elle va faire un tout petit geste vers moi, et je libérerai tout l’amour impatient de mes bras et de mon cœur.
Ça y est, je la vois.
« Maman ! Maman ! Maman ! Je suis là »
Je suis sur le palier, elle me voit.
« Tu peux pas crier moins fort non ? On ne s’entend plus, fini la tranquillité maintenant ».
Son regard me pétrifie, mes bras se referment, le cœur avec. Ce n’est pas encore de la haine non ! Mais c’est sur ça viendra !
Une bise amicale, je file dans ma chambre me changer et m’habiller en parfait berbère, et cette fois, je ne me coifferai pas, na !

02 avril 2007

Retournerai-je à Midelt (episode 10)


Nous passions par la forêt de Cèdres. J’aimais la traverser, le nez scotché sur la fenêtre, elle me magnétisait.
Dans cette immense forêt de cèdres plusieurs fois centenaires, nous nous arrêtions toujours au même endroit.
Un énorme cèdre sur le bord de la route nous attendait avec ses grands bras écartés. Mon père et moi essayions toujours d'en faire le tour avec nos bras. Cette fois encore, même avec Missoudie, nous n’y sommes pas arrivés. Je crois bien qu’on y cueillait aussi des pivoines, et que cette forêt était peuplée de milliers de singes. Elle semblait être d’une autre histoire, de ces livres imaginaires où courageusement je traquais la photo d’une hyène,D'ou me venait le plaisir de voir que mon arbre était toujours là?
Puis Azrou, les français y pratiquaient le ski, mais pas nous. Encore un paradoxe du Maroc. Le sud pour tous c’est le sable, le désert. Azrou est à 1250 mètres et cela lui suffit pour abriter une minuscule station et une petite industrie autour du bois.
Nous reprenions la route vers Midelt, c’était facile, le col du zad franchi, la route descend jusqu’à Midelt.
La route vous berce ensuite jusqu’à Kenifra, mais vous pouvez aussi couper direct pour Midelt. Kenifra, inutile de régénérer ma mémoire avec un guide de voyage. Kenifra je connais, je vous y emmène de suite, les yeux fermés, juste le temps de s’imprégner du temps qui s’est écoulé depuis.
Quand j’entendais le simple mot de Kenifra, je savais que l’on parlerait pêche et camping.
Le tout c’était de savoir s’ils allaient choisir le lac de l’Aguelmane de Sidi Ali ou Aguelmane d’Azigza, situé en premier sur la route.
Moi, cela m’était égal, je savais que la tribu allait se déplacer, les nomades de la pêche organisaient leur transhumance.
4 à 5 jours de pêche, camping autour du lac. La nuit pêche à l’écrevisse à la lampe électrique, souvent contre son gré mon doigt servait d’appât.
Le jour, pêche au lancer, à la cuillère pour les carnassiers, à la bulle pour le reste. Les femmes devaient, si elles ne partageaient pas cette passion, se trouver un passe temps : balade dans la forêt, cueillette des pivoines ou des asperges en fonction des saisons. Elles redoutaient avant tout l’heure de la préparation des repas, les hommes affalés dans leurs chaises, après une longue et pénible pêche si stressante, gratifiaient leur chère épouse d’une mission élémentaire et basique, mais tellement sérieuse : la préparation du poisson.