29 février 2008

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Patrick

25 février 2008

Mes années collége ( épisode 4 )


Mon car quotidien me ramena le soir très tard à la maison, papa n’était pas encore là, c’était devenu coutumier et normal, son travail lui consommait toute son énergie et tout son temps. Ma mère ne me demanda pas si ma première journée s’était bien déroulée.
Et bien tant pis ! Je m’en fous !
C’est pas vrai, j’ai mal quand même!
« N’oublie pas les œufs à aller chercher au poulailler. »
Je compris que même le collège et ses horaires de forçat, entre le lever tôt et le retour tardif du car, et plus de 2 km de marche à pied ne m’exempteraient pas des corvées, le soir en rentrant. Et c’est avec ma gueule des mauvais jours que je saisissais rageur le panier pour aller au poulailler. Malheur à la poule qui se trouvait sur mon chemin, elle recevait dans son derrière innocent et fragile toute la haine de mon corps.
Mais qui allait me remplir les papiers et me donner des sous pour la cantine ? La panique m’envahit.
Jamais je n’oserais retourner à la cantine et mendier encore un repas. Jamais je n’oserai avouer à la dame au cœur gros que mes parents m’avaient oublié une deuxième fois.
Jamais je n’oserai retourner à l’école sans mes affaires. Les autres avaient tous des cartables neufs qui sentaient bon l’amour, des cahiers rouges, bleu, jaune selon la matière. Une trousse où l’on avait plaisir à fouiller pour y palper avec délectation la gomme toute neuve, la colle dans son tube jaune qui sent l’amande, et le nouveau stylo à bille qui n’attendait qu’un signe pour se jeter sur les lignes du cahier bien propre et bien neuf.
Mon effroi dura jusqu’à ce que mon père sauveur arrive. Fort tard d’ailleurs. J’avais honte, nous avions mangé sans l’attendre, ordre de l’intendance. Je me souvenais que quand j’étais gosse à Midelt elle procédait de la même manière avec moi. Je mangeais seul sur ma table en Formica, le mur compatissant me tenait compagnie.
Son assiette vide d’amour et solitaire l’attendait au milieu de cette trop grande table. Sans un mot, il se fit réchauffer la soupe qu’il se servit sans un mot. Ensuite il ira se couper un morceau de jambon espagnol. Puis selon l’humeur du frigo, et de son estomac, grignotera rapidement du fromage. Ou bien avec du pain, il se servira du beurre et de miel qu’il dégustera comme au Maroc avec les doigts. Il n’aura pas bronché d’un seul mot, préférant vivre seul son désespoir et sa maladie. Gardant aussi pour lui, sans partage ses soucis. Il semblait préférer être seul à souffrir.
Si j’étais un gentil petit garçon je lui préparerai son dessert préféré. Des noix mélangées avec du miel qu’il dégusterait avec du pain et toujours avec ses doigts qu’il lécherait inlassablement pour n’en rien perdre, ni le goût, ni les souvenirs que ce geste ne manquerait pas de l’apostropher. Je suis sûr que cela lui aurait fait plaisir et aurait enflammée ma mère qui m’aurait lancé son coup d’œil mortel, le spécial douanier. Je ne savais plus que faire, je décidais de ne pas être un gentil garçon ! Moi aussi j’avais mes problèmes ! Non mais !
J’espionnais, assis sur le divan qu’il finisse de se lécher les doigts, en faisant durer le plus possible son intense désir. Je guettais pour l’accoster et surprendre l’instant magique où il allait plier son couteau, rituel annonçant sa sortie de table, juste avant qu’il ne prenne le journal.

17 février 2008

Mes années college (épisode 3 )


Et cette 6ème à Foix, qui n’en finit pas.
Elle me gonfle.
Je perds mon temps.
Tous les jours de la semaine, je devais prendre le car très tôt le matin vers 6h 30 ou 7h, et me retrouver tout d’un coup à plus de trois cents élèves bruyants dans la cour. La rentrée de cet automne m’effraie encore. Il y avait plusieurs 6ème. Où trouver ma classe ? Je paniquais. J’étais au dessus de mes capacités à naviguer parmi les fourmis studieuses. Je ressemblais à ces lapins qui à chaque mouvement brusque et bruyant, se blottissent sur place, baissent la tête en espérant que le coup qu’ils vont sûrement naturellement recevoir va les laisser en vie jusqu'à la prochaine fois. L’ogre scolaire me faisait peur, il allait me manger tout cru.
« Ou sont vos parents jeune homme » quelqu’un de gentil venait sans doute de remarquer mon inquiétude au milieu de cette ruche
« A la maison madame »
« Ce serait bien mieux qu’ils soient là pour vous aider la première matinée comment vous nommez vous »
« H……… madame, H……….. Patrick »
« Venez nous allons voir ce que nous pourrons faire »
Je la suivis sans perdre un centimètre de la distance qu’elle avait décidé de caler entre nous. Je remarquais ses longues jambes et même le trait noir des bas qui la partageait en deux parts égales. Son visage m’apparut au début très commun, et peu à peu sans doute illuminé par sa gentillesse, je trouvais qu’elle était même belle. Autour de moi je vis bien qu’un grand nombre de parent avec leur progéniture s’emblaient virevolter dans tous les sens, dans cet enclos rustique du CEG de Foix
« H……… vous dites »
« Oui madame »
« Avec un H ou un Y »
« Un H madame »
« Je n’ai pas de H. ……. sur mon registre, vous ne vous étés pas trompés de bâtiment ?, il y a aussi un lycée dans Foix , le lycée Gabriel Fauré, ça vous dit quelque chose »
« Non madame, je suis sûr que c’est ici, mes parents mon dit que le CEG était près du foirail ou mon père emmène ses moutons pour les vendre, et moi je sais que les moutons ils sont vendus la haut pas loin du café des maquignons, je l’accompagne des fois »
Elle sourit gentiment et ne remit pas en cause mon témoignage tant il semblait fiable et précis. Qui aurait imaginé, ou inventer cette histoire de mouton pour repérer le collège, c’est sur ce gamin ne se trompe pas.
« De quelle école vient tu »
De Serres sur Arget l’école s’appelle LAKANAL et l’instituteur Maurice »
Bien on va t’inscrire, je vais aussi te demander de donner ces papiers à tes parents, dis leur que c’est pour l’assurance, et les fournitures à acheter pour l’école, et tu me les rendras très vite et rempli, c’est d’accord »
« Oui madame »
« Ton nom donc H………...D Patrick tu m’as dit »
« Né le » ?
« 19 juin 1954 »
« Où » ? :
J’hésite…………….
Devais je lui avouer mon lourd secret. Je pourrais lui dire que je suis né à Serres par exemple, ou à Nancy ce sont les seules villes de France que je connais. Mais mon père me disait toujours mentir ce n’est pas beau ! Prisonnier de l’atavisme de cette éducation je déclarais non sans en craindre des conséquences :
« A Marrakech, au Maroc madame »
Son visage ne broncha pas, j’espère qu’elle n’est pas la fille d’un douanier d’un gendarme, ou d’un maquignon. Elle inscrivit sans sourciller : MAROC.
« Nationalité ? »
Elle inscrivit en le prononçant sans même me demander mon avis : M.A.R.O.C.A.I.N.E
« FRANCAISE madame ! » Ma réponse fut rapide, presque brutale, sèche, et sans détour. J’étais français. Elle semblait s’excuser ne demanda pas d’explication. J’avais peur que par la suite il y ait une case « pied noirs rapatries et pauvre». Il n’en fut rien. J’étais content de parler avec elle, c’est vrai qu’elle était de plus en plus jolie, son cœur débordait, l’embellissait, et moi j’étais bien, je n’avais plus peur.
« Au fait tu es externe ou demi pensionnaire »
« Demi pensionnaire madame »
« Tu as les sous pour le repas ? Il faut aller chercher les tickets pour la semaine, je vais te montrer ou c’est »
« Non madame, je n’ai pas d’argent, je ne savais pas qu’il en fallait »
« Mais tes parents ne t’on rien dit de la rentrée ? Normalement, ils auraient dû recevoir un dossier avec tous les papiers que je te donne. On leur disait de venir le premier jour et on aurait pu tout faire.
« Sans doute le dossier s’est il perdu à la poste » conclu t’elle pour mon plus grand soulagement ! Je n’allais quand même pas expliquer que je devais me débrouiller tout seul ! J’avais trop honte !
« C’est ça madame, ils ne l’ont pas reçu sinon je suis certain qu’ils se seraient bien occupés de moi »
La poste avait bon dos, je n’en suis pas sur, mais si le dossier est arrivé, ils l’on rapidement oublié, reportant à demain………………
Je vis bien que le cœur de cette femme venait de flancher. Elle ne me quitta plus de la journée, ou plutôt ce fut moi qui ne la quittai pas de la matinée. Après le repas que le collège m’offrait jusqu'à demain je retournai dans la classe qui m’avait été désignée. Il y avait tellement de 6eme qu’il fallait qu’en plus je me souvienne de la lettre qui l’accompagnait.
C’était la 6eme C

09 février 2008

Mes années colleges (épisode 2)


Depuis maintenant plus de deux ans, ils ne prenaient quasiment pas de salaire ni l’un ni l’autre, ils se partageaient parfois aux bons grés de mon père les traîne-misère et solitaires billets qu’il restait après avoir payé les dettes.
Moi je survivais lamentablement ma 6ème, je n’étais même pas capable d’être parmi les premiers. Le soir après l’école quelques corvées m’attendaient toujours, ramasser les œufs, nettoyer les poules ou les cages à lapin, biner une planche de légume au jardin, ou je ne sais quelle malheureuse besogne que je rechignais systématiquement à accepter d’exécuter.
Et ma mère, toujours renfermée à double tour, ne levait pas le petit doigt de la journée, la maison était entretenue, les repas n’attendaient pas, certes. Elle devenait la reine pour accommoder les restes, et les restes des restes. Outre ce minimum vital, elle n’existait plus, si ce n’est encore de nous faire remarquer qu’au Maroc cela aurait été bien mieux et que, bien sûr, sans l’imbécile idée de mon père, en ce moment il serait au moins ministre de l’agriculture, et elle aurait un chauffeur …………..et … et … et encore…………………
Mon père excédé quittait la maison pour aller se réfugier dans le jardin sous son noyer, une croix y était astucieusement camouflée. Que lui demandait-il ? De quelle force avait-il un besoin urgent? Sinon comment s’est-il systématiquement retenu de ne pas la gifler !
L’ulcère à l’estomac de mon père s’aggravait de jour en jour, il devait maintenant être opéré d’urgence. Mais comme tout bon lorrain têtu, pieds noir, et qui plus est rapatrié, il s’y refusa. Le sang se mélangeait intimement à sa salive. Il avait de plus en plus de mal à nous dissimuler son état qui se dégradait lentement. Les souvenirs du Maroc se rappelaient régulièrement à lui, par des fortes crises de paludismes qui le faisaient trembler comme un érable sous les assauts de l’automne, juste avant que les feuilles vaincues ne tapissent le sol.
Même si le troupeau devenait peu à peu une référence dans la région, même si aujourd’hui, il n’avait plus besoin de vétérinaire tant il maîtrisait son sujet, même si la coopérative quelque fois patiente au regard du travail qu’il abattait l’aidait du mieux qu’elle le pouvait, même si le crédit agricole encore humain à cette époque ne présentait pas toujours la note, la vie ne s’améliorait pas, et le bout du tunnel reculait à chaque avancée, tout au plus, stagnait-elle. A se demander ce qu’il fallait faire pour vivre comme un être humain. Comment ne plus avoir peur des fins de mois, comment ne pas se priver de….. Comment s’arrêter juste un jour pour souffler……Comment changer la vieille voiture qui sera replacée par une encore plus vieille …………..comment vivre de son travail sans tout rendre aux maquignons.
Et s’il en restait, la famille en profitait