28 janvier 2007

Retournerais-je a Midelt ?(episode 1)

« Tu as de trop mauvaises notes, tu as raison, cette école n’est pas pour toi, nous allons y réfléchir avec ta mère, pour le moment profite des vacances »
Et bien voila ! contrat rempli, à la rentrée, j’irai a nouveau à Midelt, certes je referai sans doute connaissance avec la baguette de Driss, mais cette éventualité aussi bizarre que cela puisse paraître ne me dérangeait pas, sans doute avais- je aussi oublié le goût si particulier de son outil de motivation
J’avais promis, avant qu’on me le demande, que j’aurai de bonnes note comme pour convaincre encore plus mon père qu’il avait eu raison de ne pas me réinscrire à Mibladen.
De cet été là, il ne me reste pas de souvenir spécifique de ces vacances, sans doute y ai-je chassé le moineau, renforcé mon adresse au lance pierre, j’ai sûrement escaladé maintes et maintes fois la MIMOUNA. La petite colline se dressait fièrement seule au milieu de cet immense plateau qu’est le moyen atlas. Toute proche de la maison elle servait de sanctuaire aux marocains pour le Haït el Kabîr, des taches de sang témoignaient des sacrifices des moutons, j’y trouvais même des coquillages, on m’explique qu’il y a très très longtemps, la mer était à Midelt, pour moi la mer c’est Imsouane, Agadir ou Safi, je ne crus jamais cette histoire.

24 janvier 2007

Rencontre furtive

Tous les jours valent d’être vécus certes, mais pour certains c’est à se demander si on n’aurait pas mieux fait d’aller se coucher, d’autres, où l’on aimerait bien un rappel, bis répétita !
Je me réjouissais à l’avance de la journée qui commençait, malgré les quelques 950 kilomètres qui m’attendaient dans la journée, et malgré l’heure matinale, je ne doutais pas que cette journée allait être agréable.
Mon sourire dans la glace venait de me le confirmer.
Sur le retour, la nuit tranquille et paisible commençait à me border, je constatais avec plaisir que la journée était en tous points conforme à mes espérances matinales.
J’aime ces heures tardives et solitaires où seul dans son carrosse, un cd en compagnon, vous estimez avoir bien rempli votre journée.
Benabar, Raphaël, Mickey 3D, et les Flamands roses m’accompagnaient, et s’ils voulaient se retirer après avoir mérité un petit repos : Encore ! Bis ! Bis ! Encore ! …... Benabar surtout doit m’en vouloir.
Ma voiture championne du monde et pas fière pour cela, me signalait qu’il fallait aussi penser à elle si je voulais qu’ensemble nous atteignions notre havre ce soir.
Mais juste ce qu’il faut de carburant, pas plus, ma voiture et moi sommes en harmonie, nous préférons notre pompiste au village. Le papé à la pompe, il te sert et en plus il est bavard et son fiston s’occupe bien de ma chère championne.
Quelques litres dans le réservoir, direction la caisse.
Une moto. Réflexe, je me gare à coté.
Un motard et sa compagne. Réflexe, j’engage la conversation.
Lui de face, sympa, elle de dos.
Elle semblait captive de ce bras qu’elle enlaçait comme s’il était son sauveur, son guide, son havre.
Conversation de motard :
« Le temps »
« La vitesse »
« La moto »
Lui sympa, elle toujours de dos.
« Il allait sur Béziers »
« J’ai aussi une moto »
« Non, d’une autre marque »
Lui sympa, elle toujours de dos.
Enfin, elle se retourna, sans desserrer sa prise, sans doute intriguée.
Je vis son visage et compris alors qu’il était ses yeux, elle cherchait, nez au vent comme un animal apeuré, d’où pouvait bien venir cette sensation de présence, me localisa, sans doute rassurée, me fit un sourire, mais pas un mot.
Je compris aussi qu’il était sa voix.
Il me dit adieu, enfourcha sa moto, elle en fit autant, un autre sourire, normal, elle me connaissait maintenant.
Elle s’agrippa à lui, que dis-je elle fusionna avec lui.
La moto s’éloigna, il n’y avait sans doute pas 10 minutes que nous nous étions rencontrés.
Il y a des jours comme çà où quelques minutes vous marquent pour des années.
La vie est un immense plat à consommer, avec modération ou excès, peu importe.
Mais des instants comme celui-là en donnent tout son piment.
Et vous…………………….

Benabar disponible me raconta la suite de son histoire.
La maison est à vendre, dans un terrain vague,……….. Et des gentils fantômes………………
I’ am a poor lonesome cowboy
And a long way from home …….

18 janvier 2007

Ah! la jeunesse !!!!!!


Ah la jeunesse!!!!!!!!
Nicolas Hullot réveille la mauvaise conscience des individus de ma génération.
Que dire de (ma) cette génération des années 1950, si ce n'est qu'elle n'a que détruit, et égoistement consommé sans partage l'héritage durement gagné de nos parents.
Nous avons croqué dans la vie et dans la terre sans jamais nous soucier du lendemain.Nous serons la 1ère génération tristement célèbre, à léguer la planète à nos enfants, dans un plus mauvais état que celui dans lequel des générations de citoyens se sont efforcés de l'embellir et de la rendre meilleure.Au discrédit de ma génération, la liste à la Prévert est d'une longueur effrayante ................
Vampirisation et colonnialisme du continent africain, Sida, Pollution, Climat, Sécu, Retraite, Egoïsme effréné, Individualisme, Génocides, Extrêmismes en tout genre, Drogue, Déchets nucléaires, 4x4 sur les places "handicapés"....... etc....etc........etc.......
Pas trés beau notre bilan!
Ce ne sont pas nos égoïstes largesses au téléthon ou au tsunami qui nous rendront quitte. Nous rachetons là, un morceau de notre mauvaive conscience.
Et pourtant, la nouvelle génération, celle des années 75-80, ne semble pas nous en tenir rigueur. Elle relève le défi, accepte bon gré son catastrophique héritage et d'en payer le prix de la succesion "Pour solde de tout compte".
Je les ai rencontré, ils ont pour nom : Steph, Marie, Junior, Aurélo, Jules, Yo, Angel, Benoit, Les children's JBB, Umbi, M.Hélène, Raphael, JF, ...............(liste surtout pas exaustive)........
J'ai grande confiance en eux, et à tous ceux de leur génération.
La "Hullomania" n'est qu'opportunisme électoral. Il suffit de voir pour s'en rendre compte qui a signé : " Un Karcher et une poupée Barbie" !
A ne point douter que sitôt nos "faiseurs de promesses" élus, notre secoueur de conscience collective apprendra malheureusement à ses dépens, et aux notres, que "les promesses ne sont faites que pour ceux qui veulent bien y croire" !

Quel menu pour l'avenir de cette nouvelle génération !

13 janvier 2007

L'insouciante jeunesse (episode 4)


Episode 4
1er jour à Mibladen,
Triste village que ce "bled" paumé au milieu de nul part, où personne n'y arrive ni en repart, un triste village minier, sans même des moineaux à chasser.
Fallait se faire virer pour retourner à Midelt, l'école devenait le chantage à mon adolescence, échange bonnes notes contre chasse, billard, pêche, ballades en 4x4 ect ...Il fallait faire vite.
Je compris rapidement que les élèves turbulents étaient écartés de l'école, et en plus ici point de Driss, la justice ce sera moi!
Il suffisait de provoquer une bagarre par jour, et à ce jeu-là, je me défendais.
Il se nommait Daniel, il était le plus fort de l'école, jamais il n'a su qu'il était le malheureux cobaye de ma funeste stratégie, en quelques minutes, après une futile provocation, il se retrouva dos au sol et demandait grâce.
Je récoltais ma première punition.
Chouette, je démarre fort!
"On ne peut plus le garder Monsieur Maurice, il se bat tous les jours ...............!"
Gagné! Il suffisait d'attendre un peu, je serai à nouveau chez moi à Middelt, je ferai la promesse que je travaillerai bien (quelques semaines) et le tour sera joué.
Mais c'était sans compter sur Vincent. Il arriva en cours d'année, son père mineur venait d'être muté, sa timidité ne dura que le temps d'attendre la récréation, il me provoqua.
Le bougre, en quelques secondes, c'est moi qui criait grâce dans le bac à sable!
Ainsi un inconnu venait de prendre le pouvoir, les gosses de l'école lui imploraient sa protection, qu'il acceptait contre quelques gateaux, bonbons, billes,
.......et en plus il s'enrichissait!
Moi, je terrorisais mais gratuitement! Il devint le héros.
Briseur de rêve!!!!!!!!!!
Ma stratégie venait d'avorter, je décidais la rebellion passive, "n'avoir que des mauvaises notes". Avec çà, je devrais retourner à Midelt, il n'y avait pas d'autres écoles à moins de 200 km.!!!!

01 janvier 2007

L'Insouciante jeunesse (épisodes 1+2)

L'Enfant sauvage.
Tout au fond du grenier de ma mémoire, j'ai découvert un coffre à jouets.En soulevant le couvercle de cet imaginaire passé, je découvrai pêle-mêle : une boule de billard, une cartouche de fusil, une canne à pêche, un trés vieux 4x4, une paire de claques, des cartes à jouer écornées, un chasseur de panthère, un soldat sur un cheval habillé de rouge et blanc, un enfant sauvage, les plaines arides du sud marocain, une fronde et mon père.
...................1961 Midelt maroc 7 ans
Ma seule préoccupation : me lever, ensuite enfiler rapidement un short, dans la poche, mon éternelle fronde et sortir jouer, chasser et me battre. j'excellais dans chacun de ces jeux.Dehors, Ali, Fatima, Slimane et les autres momes de mon âge semblaient animés eux aussi de la même insouscience.
Nos parents travaillaient sur place à la ferme locale.Après manger, demi-heure dehors, puis la rituelle sieste. Il m'arrivait souvent (déjà) de provoquer ma mère et de faire semblant de ne pas entendre ses appels.
J'ai tenté une fois l'escarmouche, la révolte avorta très rapidement par une paire de claques qui me fit comprendre qu'il fallait encore attendre pour prendre le pouvoir par la force.
Mes deux frères avaient tenté eux aussi, sans résultat, un coup d'état, qui se solda rapidement, par plusieurs aller et retour dans un fût plein d'eau pour l'un, et pour l'autre, par un formidable retour de raquette de jokari sur la tête.
La révolte était en déroute et devait être repoussée d'une décennie...............................
Je pris chaque objet, un par un, comme pour leur demander de me transmettre leur mémoire endormie par le temps.
A chaque fois, la silhouette protectrice de mon père y était associée, comme mon génie protecteur.
Je l'accompagnais souvent le samedi soir à ses fameuses parties de billard. Je comptais les points pour lui, je crois même avoir donné de temps en temps, discrètement, un petit coup de main au compteur lorsque je le sentais en difficulté.
En prenant la cartouche du fusil, je compris tout de suite qu'elle me rappelait la confiance qu'il avait en moi en m'en confiant son artisanale fabrication (voir demain on va à la Zaouya).
La canne à pêche, c'était les grandes vacances à "Imsouane" petit port de pêche de l'Atlantique. Nous louions une maison en terre blanchie à la chaux. Mes journées se limitaient à pêcher, pêcher, pêcher (et sieste, même là!) . Je me souviens, comme si ce passé était mon présent, de notre première sortie en mer (voir aller retour le maroc en 80 sec).
"T'es devenu chef papa". Par la qualite de son travail mon père venait d'obtenir une promotion méritée, il devait former d'autres ouvriers, dans d'autres fermes de la région. On lui confia alors un vieux 4x4, rescapé du débarquement Américain, une " willis".C'est à ses cotés que je fis ma première tournée à "Boumia" puis à "Arbalou n' serdane"...
En plongeant ma main parmi les souvenirs du coffre, je retirai le soldat de plomb. Il était fier dans sa tenue de "spahis, la meilleure cavalerie du monde" disait-on.A 17 ans, orphelin depuis déjà 9 ans de ses 2 parents, et comme il le fera toute sa vie, d'un coup de tête, mon père décida de son avenir. Il s'engagea dans la cavalerie au maroc, sans doute avait-il été attiré par l'alléchante affiche qui lui promettait une autre vie.
Mais avant il fallait avant tout "pacifier le maroc".Abd el-Krim, un chef berbère menait révolte contre le protectorat français. Il n'admit jamais cette "pacification" qui n'était autre qu'une guerre coloniale qu'il refusa de cautionner.
Par punition, mon père fût maintes fois exposé à de graves périls, mais les balles des tireurs d'élite d'Abd el krim ne l'atteignaient jamais, savaient-elles déjà, qu'il devriendrait le plus grand défenseur de cette émouvante culture berbère (voir : quand je serai grand je ferai berbère) .
"A la fin des vacances Patrick faudra quand même aller à l'école"."C'est quoi l'école ?""C'est un endroit où tu deviendras intelligent" me répondit ma mère. Pas convaincu du tout de la réponse, je sentais là instinctivement un piège, je n'avais pas le choix, mon père venait d'un hochement de tête lui donner raison.
Prochain épisode : les années scolaires