L’après
Quand un matin, il y a de cela 2 ans environ, je décidai d’écrire mon livre « Quand je serai grand, je ferai berbère », je n’avais qu’une ambition, écrire au moins un manuscrit que les enfants et tous mes petits enfants se transmettraient de génération en génération. Un peu comme une promesse faite à un ancêtre. Je voulais que les générations présentes et à venir n’oublient pas ce qu’a pu être la vie de Maurice.
Les pages se sont accumulées. Elles m’ont terrorisé, angoissé, parfois même fait pleurer, tant j’étais dans l’Abysse de ce livre, tant il m’avait envoûté.
Les pages ont enfanté des chapitres, qui parfois n’avaient pas le temps de voir le jour que je les « génocidait » rageusement. Je savais que « Maurice » n’aurait pas aimé, il fallait à nouveau se pencher sur l’ouvrage, y mettre son cœur et ses tripes, sinon autant retourner à mes Bonzaïs.
Il m’est arrivé de vivre l’enfer, pas un mot, pas une phrase, pas même une idée. Mon héros parfois m’échappait, je ne savais où le retrouver, ni quand il allait m’aider à reprendre mes lignes.
Cela ne m’étonnait pas, mais m’énervait toujours autant. Il n’a toujours pas changé, il continue à faire ce que bon lui semble. Et moi j’attendais impatiemment qu’il me fasse signe, un mot, une lettre, un lieu jadis que nous avions fréquenté ensemble, un indice, un bruit, rien. J’ai maintes fois tenté de lui forcer la main. J’ai allumé rageusement l’ordinateur, ouvert mon dossier, lu le dernier chapitre, et lancé mes doigts sur le clavier. Rien ! Ils restaient de glace. Rien ! Il n’en sortait rien.
Pire, si j’insistais en relisant un chapitre, je me surprenais à le haïr et tentais de le renvoyer au fin fond de mon disque dur.
J’attendais un signe ! J’attendais qu’il veuille bien revenir m’enchanter le clavier.
Alors, ces jours-là, marqué de son sceau, j’ai écrit à toutes heures, parfois même sur un bout de papier, un bout de ma mémoire, en pleine nuit, dans l’avion, sur un parking, dans mes rêves. J’écrivais. Des mots me venaient, des phrases toutes prêtes, toutes faites. Je n’étais pas seul à écrire, il m’encourageait. Des mots et des mots plus loin. Des phrases et des phrases plus loin, des chapitres et des chapitres plus loin, des incessantes scènes de rupture, mais aussi des heures de jouissance intense où mes doigts seuls guidaient, plus rapides que mon esprit. Un matin je crois, j’ai écrit FIN. J’étais fatigué, lessivé, mais fier ! Je crois l’avoir étonné.
La chrysalide du manuscrit a donné naissance à un livre, je ne voulais pas, mais une force dont je ne connaissais pas encore la source me poussait à le faire. Alors un jour, le manuscrit fut livre! un vrai ! Avec une couverture, une photo, mon nom orgueilleusement écrit tout en haut, un joli titre, et même le nom de mon éditeur. Tout était pareil comme pour les grands, d’Ormesson, Pennac, Choukkri…………..
Mais le livre peu à peu m’exorcisait, m’échappait, il n’était plus le mien, je ne maîtrisais plus sa folle envie d’être connu et reconnu.
Ce Monsieur s’est prit d’un coup d’une ambition nouvelle, être lu ! IL me dit être suffisamment grand pour savoir ce qu’il voulait faire de sa vie, et surtout ne pas croupir dans les bibliothèques de la famille, jusqu'à la 100ème génération.
Il voulait être libre, voyager avec ses lecteurs, il ne connaissait pas le Maroc, c’était de ma faute, je lui avais donné l’envie folle et irrésistible d’aller à Timexaouine rencontrer Youssouf. Puis aller à Douirane, goûter l’huile d’olive. Enfin à Midelt, grimper sur le haut de la Mimouna. Il voulait aller humer les pâturages de Layrole, voir la maison de 1739 à Serres. Et puis quand il sera connu, il voyagera au hasard de ses nouveaux maîtres. C’est cela, il était lui devenu Un Berbère ! J’étais abasourdi ! Mon manuscrit avait grandi et m’échappait définitivement, si je ne l’accompagnais pas dans ses rêves les plus fous
à suivre
Il voulait être libre, voyager avec ses lecteurs, il ne connaissait pas le Maroc, c’était de ma faute, je lui avais donné l’envie folle et irrésistible d’aller à Timexaouine rencontrer Youssouf. Puis aller à Douirane, goûter l’huile d’olive. Enfin à Midelt, grimper sur le haut de la Mimouna. Il voulait aller humer les pâturages de Layrole, voir la maison de 1739 à Serres. Et puis quand il sera connu, il voyagera au hasard de ses nouveaux maîtres. C’est cela, il était lui devenu Un Berbère ! J’étais abasourdi ! Mon manuscrit avait grandi et m’échappait définitivement, si je ne l’accompagnais pas dans ses rêves les plus fous
à suivre