21 mai 2010

Quand je serai grand........le havre de paix episode 1


Layrole notre havre de paix

Ce qui ne changeait pas, c’était le caractère exécrable de ma mère, qui de plus en plus s’enfermait dans un drôle de mutisme exacerbant et inutile. Elle n’en sortait que pour étaler ses nauséabondes critiques à mon père, qui lui n’avait plus qu’une seule idée en tête, s’en aller le matin de bonne heure pour aller travailler la petite ferme que nous avions achetée, là-haut en montagne à Layrole. Il n’en revenait qu’à la nuit, espérant que ma mère avait dans la journée vidée son seau de fiel jusqu'à la lie.
Sans doute le travail ne manquait-il pas à Layrole. Je crois aussi que dans les verts pâturages, il s’y sentait bien, il pouvait à son aise, seul, s’évader de France, revenir sur ses pas, chercher la trace encore fraîche de son bonheur jadis à Timexaouine, Imintanaoute, Midelt... il était jeune... et la vie y était belle...
Le travail avançait et la fatigue se faisait toute petite pour le laisser gambader dans la forêt des singes, saucer l’huile chaude du moulin, chausser ses Pataugas et s’en aller à Arbalou N’Serdane ou Boumia.
Le village de Layrole est situé à sept cents mètres d’altitude et à environ cinq kilomètres de Serres-sur-Arget, en direction du col des Marrous. La route goudronnée nous abandonnait à l’époque, à l’intersection avec la route de Sahuc, le village voisin. Dès cet instant, il fallait être prudent et vigilant tant la route était en mauvais état surtout en hiver où le risque d’accident nous guettait à chaque virage. Mon père avait acheté cette propriété sans la voir, sur plan. Il n’a jamais imaginé qu’elle se situait en montagne. Les collines et les bosses s’étaient camouflées sur le plan cadastral que l’agent de la mairie lui avait envoyé au Maroc. Elles se découvriront par la suite. Je crois aussi que ces terres malignes et abandonnées depuis la nuit des temps, pauvres et oubliées de tous, elles se sont faites toutes plates sur le plan cadastral pour attirer ce doux rêveur de Français qui allait leur redonner leur liberté et leur splendeur d’antan. Comme les animaux d’un refuge devant l’adoptant potentiel, elles se sont faites belles et suppliantes, le grand jeu de la séduction.
Quand je dis « achetées » ce n’est pas tout à fait exact, il avait plutôt reconstitué avec le temps un semblant de terres qu’il avait réunies à nouveau, et qui, très modestement, pouvaient s’attribuer le nom de propriété. Il commença son immense patchwork parcellaire en 1965. Petit morceau par petit morceau, années après années, rêves après rêves, avec patience et minutie.
Il ne cherchait qu’à acheter les terres agricoles, mais les propriétaires locaux, chanceux de trouver un acheteur si rare depuis l’exode rural, exigèrent tous que les maisons soient solidaires des terres. C’est contraint et forcé qu’il acheta terres et maisons, parfois dans un état de délabrement avancé, se retrouvant ainsi à la fin de son œuvre de reconstruction propriétaire de soixante quinze hectares de terres de montagne inhospitalières, de dix sept maisons, et cent vingt quatre numéros de parcelles cadastrées. Un immense puzzle grandeur nature !
Sur deux files, les maisons frileuses en granit local gris et triste se tenaient au chaud, serrées les unes aux autres, coude à coude à flanc de coteau, le dos adossé à la colline. Les toits de tuile souvent invisibles, ravagés et camouflés par la mousse, ne dépassaient guerre la hauteur du talus pour mieux se protéger du vent mordant des trop longs hivers carnassiers. Elles se rejoignaient toutes en un point, le lavoir, papotaient un peu sur le sale temps et le brouillard, se serraient la main en signe d’amitié et de solidarité. Puis, de là sur deux longueurs toujours côte à côte, en forme de V, allaient conquérir la colline protectrice.
Seules, deux maisons vivaient isolées du village. Fâcherie familiale ? Étrangers refoulés ? Sorciers ?
Je me souviens qu’à cette époque, à la sortie de chez le notaire, il me confiait, dès que nous arrivions à la maison, les numéros des parcelles achetées. J’allais dans l’armoire sortir le plan cadastral de Layrole, je saisissais toujours le même crayon de couleur jaune et menait mon enquête. Voyons… la parcelle 132548 A. L’œuvre destructrice du temps qui n’en fait qu’à sa tête, était passée par-là. Rares furent les parcelles déclarées plusieurs décennies auparavant en terres cultivables ou prairies naturelles, à ne pas être redevenues sauvages, reconquises impunément et patiemment par les armées de châtaigniers, les fougères, les ronces ou les genêts. Je cherchais le trésor. Où pouvait-elle bien être cette parcelle ? Je dirigeais toujours mon enquête en premier vers les numéros les plus proches des taches jaunes déjà conquises. J’étais si heureux quand elles agrandissaient encore un peu ma zone de couleur et qu’elles continuaient à garnir laborieusement mon cahier de coloriage géant.
Parfois, je devais m’éloigner un peu, chercher dans l’immense désert des numéros perdus, le bon numéro, celui que j’allais, avec enthousiasme et méthode, colorier en jaune. À l’approche de mon crayon, j’entendais bien les parcelles s’agiter espérant chacune d’elle être l’élue, celle que nous venions d’acheter. Elles levaient le doigt. Moi ! Moi ! Moi ! C’est moi, le 132548 A. Point de tricherie ! Je continue mon enquête, et je sais bien compter. Déçues de ne pas être de la liste, déçues de ne pas avoir été achetées, synonyme de résurrection, elles attendaient patiemment le prochain achat. C’est certain, ce Pied Noir un jour ou l’autre possédera toute la montagne.
Peu à peu, fougères, ronces, arbustes désormais indésirables devaient abandonner sans condition ces parcelles avant que les moutons rageurs et gourmands ne reviennent et ne leur redonnent la splendeur de prairie d’autrefois. Les colchiques bleus du printemps, les marguerites blanches, pissenlits jaunes, en été reviendront de nouveau pacifiquement les coloniser.

04 mai 2010

Mais que fais tu ?


La fatigue d'ecrire un peu

l'envie de faire autre chose c'est certain


Alors je me suis lancé dans ça !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!





A bientot