01 janvier 2007

L'Insouciante jeunesse (épisodes 1+2)

L'Enfant sauvage.
Tout au fond du grenier de ma mémoire, j'ai découvert un coffre à jouets.En soulevant le couvercle de cet imaginaire passé, je découvrai pêle-mêle : une boule de billard, une cartouche de fusil, une canne à pêche, un trés vieux 4x4, une paire de claques, des cartes à jouer écornées, un chasseur de panthère, un soldat sur un cheval habillé de rouge et blanc, un enfant sauvage, les plaines arides du sud marocain, une fronde et mon père.
...................1961 Midelt maroc 7 ans
Ma seule préoccupation : me lever, ensuite enfiler rapidement un short, dans la poche, mon éternelle fronde et sortir jouer, chasser et me battre. j'excellais dans chacun de ces jeux.Dehors, Ali, Fatima, Slimane et les autres momes de mon âge semblaient animés eux aussi de la même insouscience.
Nos parents travaillaient sur place à la ferme locale.Après manger, demi-heure dehors, puis la rituelle sieste. Il m'arrivait souvent (déjà) de provoquer ma mère et de faire semblant de ne pas entendre ses appels.
J'ai tenté une fois l'escarmouche, la révolte avorta très rapidement par une paire de claques qui me fit comprendre qu'il fallait encore attendre pour prendre le pouvoir par la force.
Mes deux frères avaient tenté eux aussi, sans résultat, un coup d'état, qui se solda rapidement, par plusieurs aller et retour dans un fût plein d'eau pour l'un, et pour l'autre, par un formidable retour de raquette de jokari sur la tête.
La révolte était en déroute et devait être repoussée d'une décennie...............................
Je pris chaque objet, un par un, comme pour leur demander de me transmettre leur mémoire endormie par le temps.
A chaque fois, la silhouette protectrice de mon père y était associée, comme mon génie protecteur.
Je l'accompagnais souvent le samedi soir à ses fameuses parties de billard. Je comptais les points pour lui, je crois même avoir donné de temps en temps, discrètement, un petit coup de main au compteur lorsque je le sentais en difficulté.
En prenant la cartouche du fusil, je compris tout de suite qu'elle me rappelait la confiance qu'il avait en moi en m'en confiant son artisanale fabrication (voir demain on va à la Zaouya).
La canne à pêche, c'était les grandes vacances à "Imsouane" petit port de pêche de l'Atlantique. Nous louions une maison en terre blanchie à la chaux. Mes journées se limitaient à pêcher, pêcher, pêcher (et sieste, même là!) . Je me souviens, comme si ce passé était mon présent, de notre première sortie en mer (voir aller retour le maroc en 80 sec).
"T'es devenu chef papa". Par la qualite de son travail mon père venait d'obtenir une promotion méritée, il devait former d'autres ouvriers, dans d'autres fermes de la région. On lui confia alors un vieux 4x4, rescapé du débarquement Américain, une " willis".C'est à ses cotés que je fis ma première tournée à "Boumia" puis à "Arbalou n' serdane"...
En plongeant ma main parmi les souvenirs du coffre, je retirai le soldat de plomb. Il était fier dans sa tenue de "spahis, la meilleure cavalerie du monde" disait-on.A 17 ans, orphelin depuis déjà 9 ans de ses 2 parents, et comme il le fera toute sa vie, d'un coup de tête, mon père décida de son avenir. Il s'engagea dans la cavalerie au maroc, sans doute avait-il été attiré par l'alléchante affiche qui lui promettait une autre vie.
Mais avant il fallait avant tout "pacifier le maroc".Abd el-Krim, un chef berbère menait révolte contre le protectorat français. Il n'admit jamais cette "pacification" qui n'était autre qu'une guerre coloniale qu'il refusa de cautionner.
Par punition, mon père fût maintes fois exposé à de graves périls, mais les balles des tireurs d'élite d'Abd el krim ne l'atteignaient jamais, savaient-elles déjà, qu'il devriendrait le plus grand défenseur de cette émouvante culture berbère (voir : quand je serai grand je ferai berbère) .
"A la fin des vacances Patrick faudra quand même aller à l'école"."C'est quoi l'école ?""C'est un endroit où tu deviendras intelligent" me répondit ma mère. Pas convaincu du tout de la réponse, je sentais là instinctivement un piège, je n'avais pas le choix, mon père venait d'un hochement de tête lui donner raison.
Prochain épisode : les années scolaires

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Fidèle lectrice qui se laisse emporter dans tes souvenirs... un délice... je n'ai jamis mis les pieds au Maroc mais le paysage est devant mes yeux grace à tes mots si bien choisis... Quel talent...
Si je peux me permettre je trouve ta deuxième partie "trop rapide" (mais délicieuse à lire)... J'attends la suite avec impatience...
Et puis je profite de ce message pour te souhaiter à toi et aux tiens une excellente année 2007...
Que l'écriture continue de te chatouiller les doigts...

Pas a pas a dit…

merci de ta visite,et en plus je suis ok avec toi sur la seconde partie(trop rapide)
j'avais de quoi élaborer quelques lignes de plus,mais j'ai penser "lasser",alors comme on dit "j'ai fais court" et c'est une erreur
merci et bonne année
Patrick

Anonyme a dit…

lasser ??? J'crois que tu peux pas lasser, tu as des doigts magiques... bon et l'épisode 3 alors ????

Pas a pas a dit…

re-merci Mikano
le 3 arrive ,je le retravaille un peu en tenant compte de tes remarques
a bientot donc

Anonyme a dit…

De jolis souvenirs bien agréables à lire. Merci de votre visite. Bien cordialement.

Pas a pas a dit…

bonjour maminabelle
apres nos sinceres visites de politesses de blog à blog,sans doute allons nous par notre modeste talent d'ecrivain se revoir plus souvent
du moins ce sera mon cas
a binetot

Chrisounet a dit…

Salut!
Je n'avais pas encore pris le temps de lire "L'insouciante jeunesse", et pour ressentir pleinement tes émotions d'enfance, je me devais d'être à fond dedans! :)

Tes deux premiers épisodes (un peu court comme dirait mes collègues lecteurs) sont vraiment bien écrits. Et ce que j'aime par dessus tout, c'est toutes ces petites anecdotes et pensées d'enfants que tu mets ca et là... Car elle donne de la vie à ton texte, ca nous rappelle la facon de voir les choses, de réfléchir, tout nous touchait intensément, et tu transmets ça avec brio!
Et tu m'as même fait bien sourire, en particulier ta dernière anecdote qui te sert de conclusion! Je ne vais pas tarder à lire la suite je crois!

J'en profite pour te souhaiter mes meilleurs voeux, que la vie te sourit à toi et les gens que tu aimes
A bientot

Pas a pas a dit…

Bonjour chrisounet
Merci très beaucoup (comme disent les gosses)
Je suis très touché que tu aies pris un peu de ton temps pour m'écrire ce long com
Je vais attendre un peu mais tes mots me donnent envie d'aller encore plus loin
Sans doute donc va t'il y avoir une suite
Merci encore