L’instituteur tenta vainement de me sauver de mon naufrage annoncé et attendu. Si je ne faisais aucun effort, ma sixième serait dramatique avait-il dit à mes parents
« Tu vois ce qu’on te dit, il faut travailler à l’école, c’est pour toi ! Ce n’est pas pour nous ! Nous on s’en fout, notre vie nous l’avons faite »
C’est bien cela que je leur reproche, ils s’en foutent complètement. Ils font juste semblant d’être des parents dignes, le temps d’accompagner l’instituteur sur ses remarques, et sitôt les abandonner dans la poubelle de leurs propres préoccupations.
Le maître par tous les pores de son corps, des forces qu’il pouvait engager, du temps qu’il disposait devenait omniprésent. Il ne me lâchait plus, pour mon bien, je n’en doute point.
« Patrick, photographiez le mot en entier, imaginez-le en entier et seulement recopiez-le sur votre cahier ».
Aujourd’hui encore j’utilise sa méthode quand j’y pense seulement. Je revis avec une nostalgie touchante ces instants. Je revois ce pauvre instituteur qui tente à lui seul de combler tout le déficit de ma tendre vie, à lui seul m’apporter amour et connaissance, attachement et travail bien fait. Lui seul m’avait dit un jour les seuls mots que jamais mes parents n’avaient encore prononcés :
« Allez Patrick, vous en êtes capable ».
Aujourd’hui, je continue à détruire les mots à chaque syllabe, je les déchiquette, et les explose en milliers de lettres. Quand soudain mon maître d’école me touche l’épaule, il est vieux, mais ses yeux pétillants de sagesse et d’amour, ont toujours l’espoir de me sauver. Je reprends mon souffle revient en arrière, je relis le mot en entier. Je photographie pour lui, pour lui seul, qu’il soit fier du type que je suis modestement devenu. C’est vrai quand même ce qu’il m’a dit il y a 40 ans. Un mot en entier devient ton ami, il ne te trahira jamais.
Il retire sa main de mon épaule, sourit, il pense toujours que ce gamin est spécial. Je l’entends me dire :
« Je t’ai connu cancre, mais dans tes yeux pétillait la curiosité et c’est cela qui te sauvera ».
Et le temps passa jusqu’en septembre, lentement ou pas je n’en sais rien, je n’avais même plus la nostalgie de Midelt, j’étais là en France il fallait bien s’y faire.
Je devenais même le chef de classe, sans avoir eu à combattre. Le représentant de la classe pour aller chercher un trophée du « lendit » genre de gymnastique de groupe. Tous les élèves de l’Ariège s’étaient cette année-là réunis à St Girons pour y produire une manifestation de masse. Sans doute notre classe avait-elle été parfaite, pour cela nous reçûmes une coupe.
Je n’avais pas la télévision en ce temps là, c’est au catéchisme de Foix que des élèves m’annoncèrent que j’étais passé sur FR3 avec la classe.
19 commentaires:
RE-Bonjour Patrick,
On dirait que c'est le déclic. Un certain patrick se révolte et commence, sans combattre, à montrer aux autres de quel bois il se chauffe. Il suffit des fois d'un seul verbe dans sa forme active pour que derechef le tangage cessât et que celui qui s'agrippait au bastingage se reposât....."Vous en êtes capable " avait suffi hier à l'instit pour te revigorer et vous êtes encore capable aujourd'hui de mener rondement cette belle entreprise littéraire avec à la clé, un best seller...
Bonne continuation.
Bonjour S.abdelmoumene
C’est franchement trop, un best seller!,
Je n'en demande pas tant que cela bien que ma vanité soit touchée, ma réalité aussi me dit que tu es bien trop gentil avec moi
Ma modeste écriture n'a de valeur que pour les souvenirs qui remontent et qui parfois font mal par les regrets de ne pas avoir su...........
Merci je suis très touché
amitiés
Patrick
Bonjour Patrick
Ce qui est vrai et surtout touchant c,est cette volonté authentique de se raconter. Tu as gardé les émotions du petit Patrick au fond de toi pendant toutes ces années pour nous les racontées, aujourd'hui, de la meilleure des façons candide et troublante.
Bravo de t'être investis avec autant de recul et de vérité dans ta mémoire.
Cergie avait raison lorsqu'elle disait qu,une note chiffrée n,est pas de circonstance. L'écriture a un fardeau très routinier et plein d,ennui, c'est celui de se relire mille fois et d'apporter à chaque passage un ajout pertinent.
De toutes les façons un commentaire senti est plus révélateur qu'une note froide, subjective, souvent flatteuse et surtout impersonnelle BRRRRRRR. Tu as de vrais amis(es) car personne n,est tombé dans la facilité de te noter.
amitiés
Majid
raconter.
C'était une vocation pour certains instituteurs d'apprendre aux enfants, tu as eu de la chance de tomber sur l'un d'eux, et à te lire on ne penserait pas à toutes ces difficultés que tu as eu en classe, tu es un conteur hors pair! Moi aussi j'ai dit cette phrase à mes enfants, mais je ne m'en foutais pas, tu es dur avec tes parents.Bonne fin de semaine.
Bonjour Patrick, je passe chez toi avant le WE que je te souhaite fort agréable.
Ton épisode est très tendre, il me fait penser au documentaire "être et avoir" qui était sorti en 2002. Peut-être que tu l'as vu, il comptait l'histoire d'un maître de classe, tendre mais ferme qui, attaché à ses élèves, voulait les faire gravir par tous les moyens les échelons jusqu'à la grande école. En lisant tes mots, je vois bien l'instituteur. C'est fou comme on peut se rappeler, adulte, de quelques instituteurs qui ont marqué notre enfance. Et souvent, c'est avec un brin de nostalgie que l'on revoit ces années-là. Ce que je ressens tout à fait à la lecture de ton texte.
Oui patrick, tu en es capable et l'homme que tu es devenu confirme tout le bien que pensait ton instituteur de toi. Voilà, c'est dit et envoyé. Je t'embrasse et à bientôt pour l'épisode 17.
c'est moi le commentaire d'avant... mauvaise manipulation
Bonjour Patrick,avoir envie de travailler à l'école spontanément n'est pas pour tous les enfants une évidence .Suciter le désir d'apprendre chez l'enfant peut venir des parents où d' un instit bienveillant comme le tiens .le post de cette semaine est un beau message de gratitude et de reconnaissance pour lui .Amitiés
Patrick tu as un message sur la photo de Midelt Bien à toi.Le tutoiment est venu d'une facon insidieuse .
Bonjour Majid blal
Tout d’abord encore merci de ton livre, je le lis a la méthode de mon instituteur, très lentement, les mots et les phrases en « entier », non pas qu’il soit difficile à lire, mais surtout pour m’imbiber, m’imprégner de l’atmosphère de ton « toi »,
Je ne voudrai pas risquer de passer a coté de ce livre par une lecture trop superficielle, comme celle que l’on ferait d’un romans policier de seconde zone
Je tente d’être a ta place, et je te promet que quand tu parles de ton arrivée a Midelt et l’envie de prendre une cuite a l’hôtel el Ayachi, que tu es abordé par un « étranger » marocain de Midelt , j’y étais moi aussi,
Apres l’épisode du paquet de cigarette, je pensais que tu allais lui en offrir une…………..
Quand à ma modeste histoire, oui je l’avais enfouis depuis longtemps, ma famille est quelque peu surprise de ce que j’écris tout en sachant que tout est vrai
J’ai présenté la semaine dernière mon instituteur a ma femme, je ne l’avais pas revu depuis l’école primaire. Il n’est pas si vieux que dans mon histoire et j’en suis heureux
Il m’a de suite demandé
De que devenez vous ? Je lui dis, il a semblé satisfait
Il a ajoute « et l’orthographe ça va mieux » ma femme a rigolé. Elle me dit plus tard,
« Il est comme dans ton livre, tu as vu ses yeux »
Plus le temps passe et plus je souhaite ardemment aller au bout de ce roman
Amitiés
Patrick
Bonjour lyliane
Merci de tes sympathiques compliments
Il est vrai que j’ai aimé cette épisode, mon instituteur m’a aidé sans le savoir, en pensant a lui j’écrivais et voulais lui rendre hommage, ne pas l’oublier
Il y aura aussi quelques profs remarquable qui traceront ma voie
Merci de ton passage
Amitiés
patrick
Bonjour anonyme delphinium
Merci aussi de la tendresse de tes mots, et merci pour cet instituteur qui compta tant pour moi, c’est lui mon intégration à la vie sociale française
je n’ai pas vu le documentaire que tu écris ,moi je pense au « château de ma mère » et au père instituteur de l’auteur
Merci de ton passage reviens vite
Patrick
Bonjour Patrick.
Prendre une cuite. Au Quebec on dit prendre une brosse. J,ai bien deviné que tu parlais de Injdi le personnage de mon roman.
Amitiés.
majid
Ouf !!! enfin un instituteur sympathique . Tes précédents récits me faisaient frissonner, avec tous ces enseignants-dictateurs (non ? Un peu tout de même !). Il me semble pourtant qu'autour de moi il y a bien plus de profs qui se décarcassent sans compter leur temps que de profs juste là pour le salaire ( petitou) et les vacances.
Bon week-end et poutous .
Lhuna/Angélique
Bonjour luhna angélique
Oui il y a de nombreux prof qui aiment leur métier, qui plus est en ce moment l'exercent parfois dans des conditions difficiles
Moi qui avais la réputation d'être très chahuteur, je suis un ange au coté de certains gosses d'aujourd'hui
Et parfois il m'arrive de comprendre que certains baissent les bras, ils ne sont même pas aidés par les parents qui ne pensent qu’à se réfugier derrière les profs pour assumer leur rôle de parent qu'ils ont démissionnés pour la plupart
Merci de ton passage a bientôt
bonjour majidd blal
il est bien entendu que je parle de ton heros
a bientot
ps pas-a-pas ,je terminerai ton livre en me delectant de ta puissance d'ecriture
bonjour Patrick
pardon pour mes absences !
Tes récits sont toujours aussi captivants, Merci
bonjour anonyme, anonyme
merci de ton passage, un petit mot en passant fait toujours plaisir
revient
patrick
bonjour dr mouhib
je repond bien tard excusez moi, je vous remercie, en fait je te remerci de tes commentaires et j'ai pris note de l'information sur les zemmours merci beaucoup
patrick
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