02 janvier 2008

Mes années France ( épisode 21 )

Ces sacrés moutons que je malmenais parfois, souvent même, tant ils m’en ont fait voir. Les coups de faux rageurs pour nettoyer et extirper genets et fougères. Les prés à présent reconquis par la force et le courage. Les forêts où j’allais ramasser selon les saisons, champignons, châtaignes, pommes dans les vergers abandonnés dont le vieux monsieur m’avait parlé, et même fraises sauvages. J’en connaissais les moindres recoins, les moindres secrets qu’elle avait bien voulu partager avec moi. J’aimais plus que tout cet univers rassurant qui fonctionnait comme un régulateur.
C’était le matin le plus beau, en été surtout, même si été et Layrole rimaient malheureusement avec fourrages et travail.
Très tôt, juste à l’instant magique où le soleil a rendez-vous avec la montagne refroidie par la nuit, les premiers rayons effleurent les prés qui s’ébrouent et se chauffent au plus vite. La rosée disparaît peu à peu, l’herbe se sèche, on peut sortir les moutons.
Les jours où je gardais les moutons, j’ouvrais la bergerie, j’allais les accompagner vers les prés gagnés sur le maquis, un bien joli coin où je savais l’herbe en abondance. Les chiens depuis qu’ils étaient montés dans la voiture à Serres, n’attendaient que cet instant, celui de prendre en charge le troupeau, de deviner le plus rapidement possible l’endroit choisi pour aussitôt se mettre à mon service.
Ils n’avait d’yeux que pour mes signes de commandements, ils exécutaient l’ordre et souvent venaient chercher une caresse réconfortante et encourageante. Ils ne cherchaient qu’à repartir en manœuvre, en rajouter pour m’être agréable. Dés que l’un d’entre eux avait subtilement deviné où nous allions, il le faisait savoir aux deux autres, et mon travail s’arrêtait là, les chiens prenaient le troupeau en charge. Je marchais devant, eux balayaient l’arrière, l’oeil attentif, le nez pointé vers l’avant, vigilants à mes ordres, prêts à ramener les brebis fugueuses ou buissonnières. Les trois chiens de père en fille canalisaient cette bande désordonnée pour la transformer en quelques minutes en un régiment en ordre de marche.
Une fois sur place, je pouvais m’installer, m’asseoir, choisir un excellent point de vue, dominer le troupeau et rêver. Au loin, les Pyrénées, amies fidèles. Et je ne m’ennuyais jamais.
Je décidais seul de l’endroit où aller faire paître le troupeau. Je passais de temps à autre devant la maison de notre septuagénaire lorsque je les emmenais vers les « Fautils ».
Au fait comment se nommait-il ?
Je suivais des yeux en avançant cette bâtisse désormais fermée, désarmée à nouveau devant la vengeance des ronces et fougères. Je laisserai les moutons brouter de temps à autre, ils tiendront éloignés les envahisseurs, et lui la haut j’en suis sûr, en sera tout retourné.
« Ce petit décidemment pas très bavard a toujours le geste qu’il faut, mais faut faire vite pour le voir ou le comprendre » Lui me comprenait.
C’est presque à regret que l’été se termine. Je vais reprendre l’école.
« Les moutons ont bien profités » me dit me père. Je suis très fier de moi

14 commentaires:

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Patrick,
De l'escalade de la colline lalla Mimouna et de la recherche des pierres fossilisées à Mibladen aux randonnées dans les forets de Layrole pour cueillir des friandises naturelles, quelle belle activité d'enfance!
J'ai bien aimé également la complicité qui t'unissait à tes chiens ainsi que l'image de l'enfant reveur entouré de ses moutons en face des Pyrénéés.
Merci pour ce texte romantique que tu nous livre en ce début d'année 2008.
Amitiés.

Anonyme a dit…
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Pas a pas a dit…

bonjour DR Mouhib
quelle memoire!!
je voisa votre commentaire que vous etes bien impregné de mon "roman"
oui belle aventure que celle de ce petit garçon qui chassait les gerboises a Midelt et qui va garder ses moutons a Layrole les pyrenées en temoin, il y a toujours une montagne quelque part qui accompagne ce garçon , pyrenées et el ayachi
merci de votre si sympathique commentaire
amities
patrick

Anonyme a dit…

bonjour
c'est un test

lyliane six a dit…

Bonne année 2008, pour tous ceux que tu aimes aussi.Je rentre et j'ai beaucoup de rangements, aussi je reviendrai lire tes beaux textes à tête reposée. Mon chat faisait la même chose il se couchait dans la crèche tous les ans et cassait toutes mes boules de Noël en jouant avec.Il a vécu 19 ans, il y a eu 5 ans qu'il m'a quitté début décembre.

Pas a pas a dit…

bonjour lyliane
jeune mon chat cassé tout puis avec le temps il a respecté la creche et ses habitants, aujourd'hui il cohabite
merci de tes voeux
j'attends tes commentaires pour 2008 merci d'avance
patrick

Anonyme a dit…

Bonsoir cher ami. Tout d'abord tous mes voeux pour 2008, plein d'inspiration et une belle plume pour toi. J'ai beaucoup aimé la photo du chat dans la crèche, il n'est pas gonflé quand même. Mais il paraît qu'il fait toujours bon chaud dans une étable, entre le boeuf et l'âne gris. Encore une fois j'ai beaucoup aimé la suite de tes aventures. Tu sais à qui j'ai pensé lorsque j'ai lu ton récit?
A la petite Heidi et son cher Peter. Il ne gardait pas des moutons mais des chèvres et tous les matins, il gravissait les pentes pour trouver la meilleure herbe. Tous les matins, il admirait le lever du soleil sur la montagne, comme tu le dis si bien, "refoidie par la nuit". Et lorsque le soleil réchauffait la rosée de la nuit, les chèvres s'ébattaient dans les prés, heureuse de leur semi-liberté, comme Peter et Heidi étaient heureux de vivre dans une telle nature.

Tu dis à la fin de ton texte que les moutons avaient bien profité de toi. Mais je pense que c'est à double sens. Ils ont profité de toi comme toi tu as profité d'eux, proche de la terre, heureux de servir ta famille et d'être utile à tous les tiens. Quelle belle leçon pour tous les petits garçons de la terre. Je t'embrasse très très fort et te souhaite une belle soirée. A tout bientôt

Pas a pas a dit…

bonjour delphinium
toujours de magnifiques commentaires que je me regale a lire et relire
j'ai aimé cette comparaison avec Heidi elle est juste , et je pense que cela ressemble beaucoup a la verité , je me souviens de ce feuilleton
merci de tes voeux ,je te souhaite aussi beaucoup de bonheur pour 2008
merci de ta visite que j'aime beaucoup
patrick

Cergie a dit…

Bonsoir, Patrick,
Ce septuagénaire, c'est le monsieur dont tu nous a déjà parlé et à qui tu rendais visite ?
Le petit Patrick qui malmènait ses moutons me fait penser à Stevenson avec son anesse Modestine, têtue, qu'il battait et qu'il a regretté amèrement lorsqu'il s'en est séparée à la fin de son périple dans les Cévennes
Ce Patrick là, il a posé ses valises dans ce pays qu'il connait maintenant par coeur et lorsqu'il est tout là haut, il est le maitre de son destin et même du monde
Ce qu'il fait, il le fait bien, et son père n'a pas besoin de beaucoup de mots pour lui faire comprendre comme il apprécie sa valeur à son juste prix....

Anonyme a dit…

Bonsoir Patrick,

Te dédicacer quelques vers de La Fontaine qui font suite à ton chemin parcouru à côté de ces blancs moutons .
...Fais qu'avec que le berger
On puisse voir la bergère
Qui coure d'un pas léger
Qui danse sur la fougère

Et qui du berger tremblant
Voyant le peu de courage
S'endorme, ou fasse semblant
De s'endormir à l'ombrage

Accorde à nos longs désirs
De plus douces destinées
Ramène nous les plaisirs
Absents depuis tant d'années...

Merci pour cet épisode Patrick et pardonne moi je te prie d'avoir associé Jean de la Fontaine à ta prose.
Amicalement

Pas a pas a dit…

fabrice
ne t'excuse pas ,c'est pour moi un grand honneur que je ne merite pas
etre associé au nom de lafontaine me semble bien un reve inaxessible
ton commentaire me fait enormement plaisir
amicalement
patrick

Pas a pas a dit…

Bonjour Cergie
Oui le petit vieux, c'est bien celui que j'allais voir avec qui nous échangions
Tu as bien raison, mon père n'avais pas beaucoup de mots; comme moi sans doute la gène de dire a quelque que "on l'aime" tout simplement, et je ne l'ai pas toujours bien compris dommage non!
Merci beaucoup de ton passage
Au fait je me suis inscris au concours des romans sur blog, tu pourras voter pour moi si tu le veux, je te ferais signe
Amitiés
Patrick

Anonyme a dit…

Bonjour Patrick! je suis un peu en retard ( comme souvent) pour venir lire ce que tu écris.
C'est tellement beau cette complicité avec la nature et les animaux et c'est tellement fort que je ne sais plus quoi dire.
Si je sais ! continue de raconter pour notre plus grand plaisir !
Bisous.

Cergie a dit…

Bonsoir Patrick,
Je comprends ce que tu veux dire avec ton père qui n'avait pas beaucoup de mots, chez moi c'était pareil, mais l'amour on le sentait, et l'attention et que toujours on passait les premiers dans sa pensée, à mon père, toujours inquiet pour nos petits bobos et ne parlant jamais des gros siens

Ben oui, tu feras signe pour le concours des romans sur blog et je voterai pour toi, fais moi confiance. Tu n'as peut-être pas beaucoup de mots en dehors de ton blog, mais là tu en as pléthore; peut-être qu'il faudrait élaguer en cas de parution sinon il faudrait une brouette pour porter ton bouquin sur papier !
;o)
Et puis tu sais, je porte chance, Nina Louve a publié un texte qu'elle voulait mettre à la poubelle mais que j'ai sauvé en arrivant le commenter et lui disant que je l'aimais et Stephen a publié "imagine Sete" écrit en collaboration sur une de mes photos !