25 février 2008

Mes années collége ( épisode 4 )


Mon car quotidien me ramena le soir très tard à la maison, papa n’était pas encore là, c’était devenu coutumier et normal, son travail lui consommait toute son énergie et tout son temps. Ma mère ne me demanda pas si ma première journée s’était bien déroulée.
Et bien tant pis ! Je m’en fous !
C’est pas vrai, j’ai mal quand même!
« N’oublie pas les œufs à aller chercher au poulailler. »
Je compris que même le collège et ses horaires de forçat, entre le lever tôt et le retour tardif du car, et plus de 2 km de marche à pied ne m’exempteraient pas des corvées, le soir en rentrant. Et c’est avec ma gueule des mauvais jours que je saisissais rageur le panier pour aller au poulailler. Malheur à la poule qui se trouvait sur mon chemin, elle recevait dans son derrière innocent et fragile toute la haine de mon corps.
Mais qui allait me remplir les papiers et me donner des sous pour la cantine ? La panique m’envahit.
Jamais je n’oserais retourner à la cantine et mendier encore un repas. Jamais je n’oserai avouer à la dame au cœur gros que mes parents m’avaient oublié une deuxième fois.
Jamais je n’oserai retourner à l’école sans mes affaires. Les autres avaient tous des cartables neufs qui sentaient bon l’amour, des cahiers rouges, bleu, jaune selon la matière. Une trousse où l’on avait plaisir à fouiller pour y palper avec délectation la gomme toute neuve, la colle dans son tube jaune qui sent l’amande, et le nouveau stylo à bille qui n’attendait qu’un signe pour se jeter sur les lignes du cahier bien propre et bien neuf.
Mon effroi dura jusqu’à ce que mon père sauveur arrive. Fort tard d’ailleurs. J’avais honte, nous avions mangé sans l’attendre, ordre de l’intendance. Je me souvenais que quand j’étais gosse à Midelt elle procédait de la même manière avec moi. Je mangeais seul sur ma table en Formica, le mur compatissant me tenait compagnie.
Son assiette vide d’amour et solitaire l’attendait au milieu de cette trop grande table. Sans un mot, il se fit réchauffer la soupe qu’il se servit sans un mot. Ensuite il ira se couper un morceau de jambon espagnol. Puis selon l’humeur du frigo, et de son estomac, grignotera rapidement du fromage. Ou bien avec du pain, il se servira du beurre et de miel qu’il dégustera comme au Maroc avec les doigts. Il n’aura pas bronché d’un seul mot, préférant vivre seul son désespoir et sa maladie. Gardant aussi pour lui, sans partage ses soucis. Il semblait préférer être seul à souffrir.
Si j’étais un gentil petit garçon je lui préparerai son dessert préféré. Des noix mélangées avec du miel qu’il dégusterait avec du pain et toujours avec ses doigts qu’il lécherait inlassablement pour n’en rien perdre, ni le goût, ni les souvenirs que ce geste ne manquerait pas de l’apostropher. Je suis sûr que cela lui aurait fait plaisir et aurait enflammée ma mère qui m’aurait lancé son coup d’œil mortel, le spécial douanier. Je ne savais plus que faire, je décidais de ne pas être un gentil garçon ! Moi aussi j’avais mes problèmes ! Non mais !
J’espionnais, assis sur le divan qu’il finisse de se lécher les doigts, en faisant durer le plus possible son intense désir. Je guettais pour l’accoster et surprendre l’instant magique où il allait plier son couteau, rituel annonçant sa sortie de table, juste avant qu’il ne prenne le journal.

20 commentaires:

Anonyme a dit…

la suite, la suite !!!!
biz à plus plus

Anonyme a dit…

Bonsoir Patrick. Elle est triste ta description de ton père qui est obligé de manger tout seul. On sent en lui toute la misère du monde. Alors que dans certains épisodes précédents, on sentait encore sa rage de vaincre et de faire vivre sa famille, cet épisode nous fait comprendre qu'il est peu à peu en train d'abandonner, comme si la résignation était finalement la meilleure chose pour lui.
Et le gentil garçon restera gentil garçon, ce n'est pas parce qu'il demande de l'aide à son père que la méchanceté l'envahira... Je t'embrasse chez patrick et bravo pour tes descriptions toujours si vivantes et particulièrement touchantes.

Anonyme a dit…

je voulais écrire: je t'embrasse CHER patrick. Sorry

lyliane six a dit…

Ton pauvre papa, il avait bien du mérite, moi c'est ma maman qui trimait le plus pour nous et à qui je dois tout, c'est pour cela qu'aujourd'hui mon devoir est de lui rendre son amour, de l'aider, la chérir et m'occuper d'elle jusqu'à la fin de sa vie. bises Patrick

Pas a pas a dit…

bonjour julie
encore la suite! encore la suite!
tu aimes au moins?
amities
bises
patrick

Pas a pas a dit…

bonjour delphinium
que dire de ton com sinon qu'il est juste et pile dans l'histoire a venir
bien triste aussi de l'avoir laissé seul
amities
patrick

Pas a pas a dit…

bonjour lyliane
dans toutes les familles il y a de temps a autre un sacrifié
sans doute plus dans nos generations qu'a present, ou il semble que le partage des taches soit plus d'actualité
merci de ton passage
amities
patrick

Anonyme a dit…

Bonjour patrick!
Passionnante histoire! J'attends impatiemment la suite. C'est bien raconté et ça vient de toi en plus.
Quand tu dis que mes photos et mes textes sont bien... Tu t'es bien ri de moi!!!!
A bientôt, Elia

Pas a pas a dit…

merci beaucoup elia
ey oui c'est tres autobiographique
pour le reste je t'ai directement repondu sur ton blog
amities
patrick

lyliane six a dit…

Je t'envoie ce poème que j'ai reçu plusieurs fois car tu m'as conquise avec tes mots et ton superbe récit "Comme c'est la semaine de l'amitié, je t'offre ceci:

Si les bisous étaient de l’eau, je te donnerais la mer

Si les câlins étaient des feuilles, je te donnerais un arbre

Si la vie était une planète je te donnerais une galaxie

Si l'amitié était la vie, je te donnerais la mienne

C'est la semaine de la famille et des "meilleur(es) am(es)".

Envoie ce message à ceux que tu considères comme des ami(es), à moi si j'en fais partie."

S'il te revient plus de 3 fois tu es quelqu'un d'adorable

Pas a pas a dit…

bonjour lilyane
tres honore et tres touché de ton geste
je vais aussi envoyer ce poeme a mes amis et amies
je ne sais si tu t'en es aperç_u mais je t'ai inscrite dans mes liens
amities et merci
patrick

Cergie a dit…

Depuis quelques temps tes photos d'illustration sont magiques. Est ce toi qui les prends ?

Je repasserai, lorsque je serai moins bousculée, te lire (j'ai plein d'obbligations dont mon jeune fils qui est rentré hier d'Australie). Tu te doutes que te lire ne se fait pas en deux minutes

Je te renvois ton message d'amitié, ce qui ne veux pas dire que je n'en veux pas bien au contraire
Tu es qqn qui ne doit pas donner son amitié à la légère et je sais le prix de ce témoignage


"Si les bisous étaient de l’eau, je te donnerais la mer

Si les câlins étaient des feuilles, je te donnerais un arbre

Si la vie était une planète je te donnerais une galaxie

Si l'amitié était la vie, je te donnerais la mienne."

A plus tard, Patrick

Pas a pas a dit…

bonjour cergie
pour les photos, en noir et blan, soit mon fils region est france soit ma fille l'aude
les photos couleurs c'est moi
famille d'artiste tu vois
pour l'amitié comment as tu deviné
amities
patrick et reviens bientot, il faudra si tu le veux voter pour mon blog
patrick

vincent a dit…

salut Patrick!!
Vite la suite. Je veux savoir si tu as le droit de manger sur une table en formica de la cantoche.
Formidables tes descriptions!
Elles semblent si actuelles dans ton esprit!
Mais comment fais tu?
Tu prenais des notes?
merci pour ces belles pages.
Au fait!! tu me parles d'un autre blog. Peux tu me donner son adresse.
Vite la suite.
Et ton bouquin?
A plus

Pas a pas a dit…

bonjour vincent
merci de tes aimables remarques, je vais tenter de repondre a tes questions
mon livre terminé, lectures et relecture puis le marathon des editeurs
non je ne prenais pas de notes, je suis le premier surpris par mes souvenirs si frais er si vrai, a croire qu'ils n'attendaient que cela
l'autre blog? tu vas dans mes liens a "billets acides"
un autre patrick

lynn a dit…

Bonjour Patrick,

Je tiens à t'offrir aussi le même message que j'ai reçu:

« Si les bisous étaient de l’eau, je te donnerais la mer

Si les câlins étaient des feuilles, je te donnerais un arbre

Si la vie était une planète je te donnerais une galaxie

Si l'amitié était la vie, je te donnerais la mienne. »

L'amitié est si précieuse.
Excellente journée
Je t'embrasse.
Lynn

Cergie a dit…

Bonjour Patrick, c'est cela, chacun vit sa vie car chacun a une vie trop lourde et ses propres problèmes à résoudre pour se soucier de ceux des autres.

Tu as bien fait de ne pas y déroger, mais seulement brave petit coeur, cela ne t'empêchait pas d'en avoir conscience,mauvaise conscience, seulement il te fallait survivre...

Ton père avait sa fatigue et les soucis de faire vivre sa familele
Ta mère devait à sa façon faire tourner la baraque et renoncer à ses rêves
Et toi tu aurais voulu être un enfant comme les autres, une enfant "normal".
Mais en ce cas, Patrick, tu n'aurais pas été toi, tel que tu es, riche de ces expériences et cela aurait été dommage...

Pas a pas a dit…

bonjour cergie
je n'ajoute rien a ton commentaire, il est juste en tout point, je vois que tu arrives bien a cerner les personnages, d'une histoire qui deviendra je l'espere un roman
bises
patrick

Anonyme a dit…

chez nous aussi en ARDECHE en 52 il n'y avait pas de cartables neufs les livres et cahiers etaient à l'ecole la CONSOMMATION n'etait pas à l'ordre du moment nous vivions chichement mais bien

Pas a pas a dit…

bonjour lecracleur
merci de ton commentaire, je ne peu me connecter sur ton blog, il y a un probleme domage je voulais te rendre une visite
pour l'ardeche je connais mon frere y vit
amities
patrick