Depuis maintenant plus de deux ans, ils ne prenaient quasiment pas de salaire ni l’un ni l’autre, ils se partageaient parfois aux bons grés de mon père les traîne-misère et solitaires billets qu’il restait après avoir payé les dettes.
Moi je survivais lamentablement ma 6ème, je n’étais même pas capable d’être parmi les premiers. Le soir après l’école quelques corvées m’attendaient toujours, ramasser les œufs, nettoyer les poules ou les cages à lapin, biner une planche de légume au jardin, ou je ne sais quelle malheureuse besogne que je rechignais systématiquement à accepter d’exécuter.
Et ma mère, toujours renfermée à double tour, ne levait pas le petit doigt de la journée, la maison était entretenue, les repas n’attendaient pas, certes. Elle devenait la reine pour accommoder les restes, et les restes des restes. Outre ce minimum vital, elle n’existait plus, si ce n’est encore de nous faire remarquer qu’au Maroc cela aurait été bien mieux et que, bien sûr, sans l’imbécile idée de mon père, en ce moment il serait au moins ministre de l’agriculture, et elle aurait un chauffeur …………..et … et … et encore…………………
Mon père excédé quittait la maison pour aller se réfugier dans le jardin sous son noyer, une croix y était astucieusement camouflée. Que lui demandait-il ? De quelle force avait-il un besoin urgent? Sinon comment s’est-il systématiquement retenu de ne pas la gifler !
L’ulcère à l’estomac de mon père s’aggravait de jour en jour, il devait maintenant être opéré d’urgence. Mais comme tout bon lorrain têtu, pieds noir, et qui plus est rapatrié, il s’y refusa. Le sang se mélangeait intimement à sa salive. Il avait de plus en plus de mal à nous dissimuler son état qui se dégradait lentement. Les souvenirs du Maroc se rappelaient régulièrement à lui, par des fortes crises de paludismes qui le faisaient trembler comme un érable sous les assauts de l’automne, juste avant que les feuilles vaincues ne tapissent le sol.
Même si le troupeau devenait peu à peu une référence dans la région, même si aujourd’hui, il n’avait plus besoin de vétérinaire tant il maîtrisait son sujet, même si la coopérative quelque fois patiente au regard du travail qu’il abattait l’aidait du mieux qu’elle le pouvait, même si le crédit agricole encore humain à cette époque ne présentait pas toujours la note, la vie ne s’améliorait pas, et le bout du tunnel reculait à chaque avancée, tout au plus, stagnait-elle. A se demander ce qu’il fallait faire pour vivre comme un être humain. Comment ne plus avoir peur des fins de mois, comment ne pas se priver de….. Comment s’arrêter juste un jour pour souffler……Comment changer la vieille voiture qui sera replacée par une encore plus vieille …………..comment vivre de son travail sans tout rendre aux maquignons.
Et s’il en restait, la famille en profitait
Moi je survivais lamentablement ma 6ème, je n’étais même pas capable d’être parmi les premiers. Le soir après l’école quelques corvées m’attendaient toujours, ramasser les œufs, nettoyer les poules ou les cages à lapin, biner une planche de légume au jardin, ou je ne sais quelle malheureuse besogne que je rechignais systématiquement à accepter d’exécuter.
Et ma mère, toujours renfermée à double tour, ne levait pas le petit doigt de la journée, la maison était entretenue, les repas n’attendaient pas, certes. Elle devenait la reine pour accommoder les restes, et les restes des restes. Outre ce minimum vital, elle n’existait plus, si ce n’est encore de nous faire remarquer qu’au Maroc cela aurait été bien mieux et que, bien sûr, sans l’imbécile idée de mon père, en ce moment il serait au moins ministre de l’agriculture, et elle aurait un chauffeur …………..et … et … et encore…………………
Mon père excédé quittait la maison pour aller se réfugier dans le jardin sous son noyer, une croix y était astucieusement camouflée. Que lui demandait-il ? De quelle force avait-il un besoin urgent? Sinon comment s’est-il systématiquement retenu de ne pas la gifler !
L’ulcère à l’estomac de mon père s’aggravait de jour en jour, il devait maintenant être opéré d’urgence. Mais comme tout bon lorrain têtu, pieds noir, et qui plus est rapatrié, il s’y refusa. Le sang se mélangeait intimement à sa salive. Il avait de plus en plus de mal à nous dissimuler son état qui se dégradait lentement. Les souvenirs du Maroc se rappelaient régulièrement à lui, par des fortes crises de paludismes qui le faisaient trembler comme un érable sous les assauts de l’automne, juste avant que les feuilles vaincues ne tapissent le sol.
Même si le troupeau devenait peu à peu une référence dans la région, même si aujourd’hui, il n’avait plus besoin de vétérinaire tant il maîtrisait son sujet, même si la coopérative quelque fois patiente au regard du travail qu’il abattait l’aidait du mieux qu’elle le pouvait, même si le crédit agricole encore humain à cette époque ne présentait pas toujours la note, la vie ne s’améliorait pas, et le bout du tunnel reculait à chaque avancée, tout au plus, stagnait-elle. A se demander ce qu’il fallait faire pour vivre comme un être humain. Comment ne plus avoir peur des fins de mois, comment ne pas se priver de….. Comment s’arrêter juste un jour pour souffler……Comment changer la vieille voiture qui sera replacée par une encore plus vieille …………..comment vivre de son travail sans tout rendre aux maquignons.
Et s’il en restait, la famille en profitait
9 commentaires:
Que de "comment?" étouffants, que de "comment ?" kidnappeurs de vie...
Terrible sensation que d'accompagner ton père au cours de ce récit. C'est écrit de manière sobre, réaliste et belle. Bravo !
bonjoue malaika
merci de ton passage et de commentaire, oui il y a beaucoup de comment! des repetitions volontaires pour marquer encore plus l'enfer de mon pere
amities
patrick
J'avais promis de te laisser un petit lors de mon passage, tu vois c'est fait...
Lire, je le fais depuis un sacré bout de temps, quand Vincent et Angie m'ont fait découvrir tes talents d'écriture.
J'aime ta façon de raconter toutes ces années. Tu arrives à t'effacer derrière le "je" comme si tu te regardais vivre. Un peu comme si tu étais "désincarné".
Bonne soirée.
Amitiés
Maud
bonjour Maud
surtout continue a laisser des commentaires
je crois avoir tout lu comme remarques agreables, mais jamais on ne m'avait dit que j'etais à l'exterieur à me regarder vivre
j'adore cette remarque, je crois meme que je vais l'utiliser un peu plus souvent comme style
j'ai fini le livre , j'en suis à la 2eme relecture,
je n'avais jamais pensé a ta remarque fabuleux
merci de m'en dire plus pour m'aider à mieux saisir
amities et bonjour à angelique
patrick
ps merci aussi vincent
Qu'elle dure jeunesse tu as eu, remarque la mienne n'était pas plus gaie, c'était dur aussi à la maison, mais j'étais toujours sur mon lieu de naissance.
La génération des parents était courageuse et le peu de bien qu'ils ont eu, ils le méritent amplement.
Mais j'ai eu de la chance, ma maman m'a toujours appris à sourire et aimer la vie.Bon weekend.
bonjour lyliane
il y a eu ausii d'excellents moment ,sans doute plus itimes
merci de ton passage et bon we
patrick
bonjour Patrk c' est difficile d'elever les enfants sans salaire,ton enfance comme la notre etait dure ;je cois que ce sont les passages difficiles qui forgent l'homme .amitiés mouhib
bonjour dr Mouhib
je suis bien d'acord avec vous
la vie qui vous forge, c'est je pense ce que l'on nomme "l'ecole de la vie"
Et a cette ecole je pense y avoir été un excellent eleve
amities
bonjour Patrick
j'admire le courage de tes parents.
A très bientôt.
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