« C’est bon, vous pouvez passer, bienvenue en France ! »
Ils ne sont pas tous méchants, ces monsieurs.
D’un coup d’épaule rageur elle l’écarta, tous coupables ! Vous êtes tous coupables ! Pas de survivant, tuez les tous ! Dieux reconnaîtra les siens. Je parierai mon retour en France contre un village berbère perdu, qu’elle ruminait cela en ce moment précis!
Pas de circonstances atténuantes, maintenant elle haïssait la France. Ne dit-on pas que la première impression est la bonne, les douaniers en avait été les zélés ambassadeurs.
Je sentais, bien qu’étant à l’arrière de la voiture, emmailloté dans des bagages qui me prenaient toute la place, que devant, ils respiraient mieux, bien mieux .Des éclats de rires agités et nerveux, ponctués d’un geste affectif réciproque et si rare depuis notre départ, me confirma qu’ils ressuscitaient.
Ma mère rangea momentanément sa haine, pour mieux la catapulter plus tard. Elle redevint la femme froide et taciturne que la France allait découvrir. Ma nouvelle maman, celle qui m’aimera encore moins qu’avant.
« Premier café, on s’arrête » fut sans doute la première phrase de mon père en France, si j’exclue le ouf ! de soulagement qu’il cracha en passant la frontière sans dommage.
Ils venaient d’échapper « aux gentils » douaniers français. Maintenant le risque est écarté. Le silence conjugal de rigueur depuis notre départ pouvait reprendre toute sa place, temporairement rompu par la peur qui venait juste pour un court instant de les rapprocher. Comme à l’époque, il n’y a pas si longtemps, l’amour, l’aventure et la peur avaient fait d’eux le couple le plus fusionnel qu’il se pouvait d’exister.
Je compris bien plus tard, lorsque j’assistais au déballage des menus trésors enfouis, que le risque avait été minutieusement arbitré entre différentes cachettes que je ne soupçonnais pas.
Notre séjour français débutait par de la contre bande. Il parait qu’il était interdit de passer de grosses sommes d’argent entre les deux pays.
« Il faut bien aussi rapatrier ses sous, surtout qu’on en a pas beaucoup nous ! » grogna mon père.
« Ce soir nous dormons dans un gîte rural à « La mouline » et demain je vous montrerai la maison que j’ai acheté à Serres sur Arget ».
Ils ne sont pas tous méchants, ces monsieurs.
D’un coup d’épaule rageur elle l’écarta, tous coupables ! Vous êtes tous coupables ! Pas de survivant, tuez les tous ! Dieux reconnaîtra les siens. Je parierai mon retour en France contre un village berbère perdu, qu’elle ruminait cela en ce moment précis!
Pas de circonstances atténuantes, maintenant elle haïssait la France. Ne dit-on pas que la première impression est la bonne, les douaniers en avait été les zélés ambassadeurs.
Je sentais, bien qu’étant à l’arrière de la voiture, emmailloté dans des bagages qui me prenaient toute la place, que devant, ils respiraient mieux, bien mieux .Des éclats de rires agités et nerveux, ponctués d’un geste affectif réciproque et si rare depuis notre départ, me confirma qu’ils ressuscitaient.
Ma mère rangea momentanément sa haine, pour mieux la catapulter plus tard. Elle redevint la femme froide et taciturne que la France allait découvrir. Ma nouvelle maman, celle qui m’aimera encore moins qu’avant.
« Premier café, on s’arrête » fut sans doute la première phrase de mon père en France, si j’exclue le ouf ! de soulagement qu’il cracha en passant la frontière sans dommage.
Ils venaient d’échapper « aux gentils » douaniers français. Maintenant le risque est écarté. Le silence conjugal de rigueur depuis notre départ pouvait reprendre toute sa place, temporairement rompu par la peur qui venait juste pour un court instant de les rapprocher. Comme à l’époque, il n’y a pas si longtemps, l’amour, l’aventure et la peur avaient fait d’eux le couple le plus fusionnel qu’il se pouvait d’exister.
Je compris bien plus tard, lorsque j’assistais au déballage des menus trésors enfouis, que le risque avait été minutieusement arbitré entre différentes cachettes que je ne soupçonnais pas.
Notre séjour français débutait par de la contre bande. Il parait qu’il était interdit de passer de grosses sommes d’argent entre les deux pays.
« Il faut bien aussi rapatrier ses sous, surtout qu’on en a pas beaucoup nous ! » grogna mon père.
« Ce soir nous dormons dans un gîte rural à « La mouline » et demain je vous montrerai la maison que j’ai acheté à Serres sur Arget ».
21 commentaires:
Bonjour Patrick
C,est special comment certains evenements peuvent changer le caractere des gens et modifier leur comportement. On voit bien que la maman a reçu le coup de grace et qu,à partir des douaniers, elle se forgera une carapace et sera sur la défensive. Si" Retournerais-je à Midelt" est le récit d'un enfant qu'on extirpe à son milieu sans demander son avis, " Mes années France" débute par l'animosité de cette maman qui souffre son impuissance. on aurait pu l'intituler " Le récif et la mère"
Bonne continuation.
majid
Bonjour cergie
Cela fait plusieurs fois que tes remarques font mouches. Les plus cachés de mes sentiments ou actes tu arrives à le déterrer, comme ça ! Comme si nous nous connaissions, et c’est pour cela que j’aime tes commentaires !
Voila le voile est levé : Tous le monde disait que j’étais « le fils a ma mère »,et moi je voulais ressembler a mon père, et pourtant personne ne me l’a dit un jour
Comment as-tu deviné ce presque secret ?
Patrick
Bonjour Majid blal
Votre absence m’intriguait ! Se pouvait il que mes récits ne vous intéressent plus ? Mais non ! Je vois avec plaisir et joie, votre retour et comme toujours avec un œil avisé
Merci pour le conseil du titre, justement je cherche un titre pour mon récit. A ce jour je penchais pour
« Quand je serai grand, je ferai berbère »
Qu’en pensez vous ?
Je guette vos commentaires, je cherche si « mes années France » plait autant que « retournerai-je à Midelt ».
Pour moi l’écriture devient plus difficile, je ne sais pourquoi ? En avez-vous une idée ?
Je tiens énormément a vos judicieuses remarques
Amitiés
Patrick
Bonjour Patrick
Pour ma part je ne vois vraiment pas de baisse de régime dans ta manière d'écrire, quand tu as abordé "Mes années France", les gallycismes que tu proposes sont toujours aussi poignants que les précédents. Bon Courage, Nous attendons la suite.
Salah
Bonjour S.Abdelmoumene
Merci beaucoup de ta remarque sur les « années France », je compte sur toi pour rester à commenter
Moi aussi je suis un fidèle lecteur de ton blog et surtout de l’histoire de ton père. En cela nos blogs se ressemblent et en plus nos parents ne pouvaient pas ne pas se connaître a Midelt, mon père était féru de billard et allait chez katsikas pour y jouer. Si je ne me trompe tu as reconnu mon père sur la photo comme client de la boutique à ton père
Nous pourrions un jour dire que nos blogs sont « a la mémoire de nos pères »
Merci de ton passage
Amitiés
Patrick
Bonsoir Patrick, je ne sais pas, je crois que je deviens folle, il me semble que hier j'avais préparé un commentaire mais j'ai dû oublier de le poster.
La figure de la mère retient mon attention dans cet épisode. Elle ne dit pas grand-chose, mais la haine qu'elle ressent explose de tout son être. Tellement rigide mais quand la haine qu'elle ressent est trop forte, elle englobe tout ceux qui sont autour. Je pense qu'elle a dû souffrir de tout son être, souffrir de ne pas savoir montrer son amour, souffrir de quitter le pays, souffrir du regard des douaniers qui triturent ces affaires personnelles qui représentent toute la vie qu'elle essaie de sauvegarder malgré le déracinement. Vous petit garçon, j'essaie de me mettre à votre place. Rien n'a dû être facile, vous avez dû grandir très vite dans votre tête après de tels évènements. Peut-être trop vite d'ailleurs.
Bonjour delphinium
Rien de plus a ajouter a ton commentaire très juste, comme si tu avais connu cette famille
Oui la mère est entière, elle admet difficilement le choix des autres, surtout quand il lui est impose et pardonne peu voire jamais, et en veut toujours à toutes les personnes qui contrarient sa vie. Car en fait elle vie beaucoup pour elle, limite en égoïsme désespérée
Le petit garçon regarde sans le savoir encore se désagréger peu a peu son entourage et ses repaires jadis si forts.il cherchera longtemps pourquoi il a été mis a l’écart de la vie de sa mère qu’il aime autant qu’il la déteste, et pourquoi il ne fait plus pari de la vie de son père
Plus tard, tu apprendras comme lui le lourd secret de sa mère et le rôle important qu’a joué son père pendant les années Maroc, mais aussi le pourquoi cette situation
Mais peu a peu son père ne peut plus assumer, l’enfant grandit vite, très comme tu le dis et lui aussi va ressembler a sa mère. . Du moins c’est que pense beaucoup de personne et lui s’en défends
La suite va sûrement t’intéresser du moins je le pense
Merci de ton passage
Patrick
Bonjour Patrick, nous vons vu dans vos derniers messages l'humiliation dans la réception des français de souche venant de l'autre rive de la méditérrannée, qu'en était il des pieds noirs ayant la peau mate, les cheveux et les yeux noirs?
L'attitude de la mère est intrigante. Vivra t elle dans la douce France l'insouciance vécue au bled? Nous attendons la suite .
Amitiés.
Bonjour Dr Mouhib
J’avais laisse la porte ouverte et la lumière pour vous attendre et voila votre commentaire, qui comme un ami, est le bienvenus sur ce modeste blog
Oui en effet, quel est l’accueil des étrangers plutôt basanés et plutôt crépus, la question est bonne ! J’en parle souvent dans mes commentaires de post
Je crois la France profondément raciste envers ces pays, mais d’un racine bizarre, difficile à exprimer
Il y a le racisme primaire contre les délinquants qui sont souvent caractérisés par « ce sont tous des gris »
Et puis il y a « l’étranger intégré celui qui a réussi à vivre parmi nous. Et là aucun racisme une intégration parfaite, je citerai, les espagnol qui ont tous pour la plus part maintenant même réussi à nous faire croire que Hernadez, Perez, Sanchez, et autre sont des noms français. Les portugais qui sont aujourd’hui tous chef d’entreprise de maçonnerie… et d’autres
Le débat est profond. Pourquoi la France a t’elle ratée une marche dans l’intégration des « maghrébins » puis qu’il faut bien utiliser ce nom et le constater
Je n’en sais rien, je le regrette profondément
Les électeurs d’extrême droite ont reculé fortement aux dernières élections es-ce là un signe encourageant ? Je le souhaite tant
Merci e
Amitiés
patrick
je crois que l'intégration des maghrébins vivant en France passera par les mariages mixes, peu à peu les noms de famille deviendront courant au fur et à mesure des descendances, même si aujourd'hui il pourrait sembler qu'il y est encore beaucoup de résistances. La jeunesse maghrébine actuelle ne retournera pas dans les pays des pères, il y aura volontairement ou non une intégration par le territoire.
Maintenant ce sera long, cela je n'en doute pas.
Bien @twa
Merci pour ton message pendant mon absence, cela fait plaisir !...
Bon WE
Claude
bonjour claude
pas de quoi ,tu sais que je suis un visiteur assidu de ton blog
amities
patrick
Un petit bonjour, il y a longtemps que je ne suis pas venue ici...sourire
bonjour mahina
je te remercie de ton petit mot et de ton passage
tu es la bienvenue
patrick
bonjour fr@n6
C’est un très vaste et compliqué dossier que l’intégration de nouvelles personnes en France
Il y a deux problèmes
1 er les familles déjà en France, et honnêtement je ne connais pas de solution
2eme problème : les futures familles que la France va accueillir
Pour le 2eme sujet Majid blal pourrait témoigner avec l’expérience Canadienne et l’immigration sélective
En effet je crois qu’il est difficile d’accueillir toutes les personnes voulant travailler en France si leur accueil n’est pas en accord avec une intégration favorisée dés leur arrivée en France
Pour cela le travail garantit est une solide possibilité de réussir leur intégration
Je crois donc que nous pourrons accueillir toutes les familles à condition qu’en même temps ces gens savent trouver un travail en France
Qu’en pensez vous Mr Majid blal
Patrick
Bonjour Patrick,
Quelle souffrance de devoir quitter tout ce que l'on aime (amis, maison, racines,....)et de venir vivre dans un pays qui ne veut pas de vous!!...
Le petit garçon a vécu de terribles moments, et ses souvenirs d'enfance qui font ressurgir le passé me touchent encore une fois en plein coeur!
Dans la continuité de "Retournerais-je à Midelt", les épisodes de "Mes années France" sont pour moi toujours aussi agréables à lire.
A bientôt
Josie
Bonjour Josiane
Merci tout de suite de ton commentaire et je crois aussi de tes encouragements
Je pense aujourd’hui avec la sensibilité qui te caractérise que tu as bien compris ce petit garçon et que son histoire ne te réserve pas de surprise
Qui sait ?
Mais tu connais la suite bien entendu puisque aujourd’hui nous sommes presque voisin
Mais entre ce petit garçon et ton voisin de bureau du temps s’est écoulé…………. et des larmes
Patrick
n'oublions pas l'intégration par la scolarité, si même aujourd'hui tout cela semble ne pas se faire et que des résistances se lèvent. Mais je crois que même si le comportement de certains voudrait nous faire croire le contraire, la France reste un pays d'accueil. Maintenant il est vrai que c'est un pays qui économiquement s'apauvrit et connait le chômage de masse, ce qui n'aide pas à la compréhension pour l'ouverture des frontières et surtout l'ouverture à celui de différents en couleur de peau et de religion.
Bonjour, Patrick
Je reviens de déplacement. C'est dur. La vie à reprendre et tout et tout
Comment veux tu qu'un enfant n'aime pas sa mère ?
Normalement c'est la personne qui devrait vous aimer au delà d'elle même
Et bien tu en parles avec bcp d'admiration, car elle est forte.
Qd au couple fusionnel. Oui, ce couple devait être tout de même fusionnel car très complémentaire. Les enfants ne sont pas toujours de bons juges, ils n'ont pas tous les éléments en main, les moments d'intimité par exemple
Sans doute je me trompe, on ne peut généraliser.
Ta mère t'aimait sans doute, mais elle ne savait pas le montrer. Je me demande si elle s'aimait elle-même...
Je me demande quel adulte tu es devenu, à présent.
Quel adulte cette mère là a construit. Avec elle ou en opposition à elle.
Bonjour cergie
Depuis maintenant quelques mois vous étes certains devenus fidèle à ce blog, et j’en suis heureux, j’attends vos commentaires avec impatience, parfois quand l’un de vous manque a l’appel j’attends un pu avant de poster le suivant
Je me dix « il ou elle ne va pas tarder, j’attends »
Hpy,pynaj,fr@n6,Claude Mahina, en une ou deux phrases pas plus expriment l’essentiel!
Il y a les commentaires de Mouhib, abdelmoumene et Majid blal, les Marocains de Midelt, avec eux je partage les souvenirs de notre petite ville
Et j’en viens a toi et delphinium, là c’est de l’analyse humaine, le comportement et a chaque fois pile dans le mille
Je suis heureux de voir qu’a travers mes écris tu arrives a parfaitement bien saisir les situations
Quel adulte je suis devenu ?
Et bien je vais sans doute pour la première fois douleur après douleur mot a mot me dévoiler
Cela arrive, j’ai 12 ans en ce moment mais je grandis vite tu vas voir
Merci d’être là
Patrick
Bonjour tout le monde!
vous vous interrogez sur la facilité avec laquelle certains se sont intégrés ou pas.
J'ai pas une réponse qui plaira forcement, mais je la donne.
je souhaite que vous n'y voyiez aucune critique.
Les italiens, portugais, polonais, espagnols se sont intégrés plus ou moins rapidement car ils sont venus vivre dans un pays dont la vie est ponctuées de rites, usages voire des lois découlant de l'ancien régime : us et coutumes, fêtes religieuses, jours fériés liés à la religion.....
Alors forcement c'était plus facile pour eux. Ils parlaient souvent de la même chose avec leurs voisins ou collègues français. Quand aux langues ne sont elles pas pas voisines????. En occitanie, on comprend souvent pas mal de mots des langues latines.
Pour ceux qu'on appelle les maghrébins on connaît leurs problèmes. C'était loin d'être facile pour eux. Quand ça n'était pas les réflexions débiles relatives à "Poitiers" qu'on entendait souvent autrefois. Il est souvent d'ordre religieux. Leurs fêtes n'ont pas grand chose à voir avec les nôtres, souvent elle les éloignent de notre environnement : nourriture différente, coutumes qui empêchent le rapprochement (excusez mes maladresses éventuelles).
C'est dommage car ce sont les femmes qui auraient pu favoriser ce rapprochement : vous connaissez ces discussions entre ménagères au marché, devant l'école, dans les commerces. Le fait que les femmes des anciennes générations ne se mêlaient pas à nos mères n'a pas favorisé leur intégration.
Enfin mercis à Majid Bilal - S.Abdelmoumène - Dr Mouhid Mohamed et autres maghrébins qui viennent nous donner leurs avis et nous délectent par leurs propres blogs que je viens de découvrir grace à Patrick.
cordialement .
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