
Souvent mon père regrettera qu’en France, même un contrat en bonne et due forme ne vous mette pas à l’abri d’une escroquerie. Il en souffrit, il en sera même victime.
« Au Maroc, me disait-il, je faisais des contrats avec les fellahs ou les Caïds des Douars voisins tous les jours, jamais un écrit. Il suffisait que le sage du village soit présent, il était respecté et sa parole scellait les contrats. Après une tape réciproque dans la main qu’il fallait ramener sur son front et son coeur, nos allions boire le thé.
Nous espérions l’un et l’autre que les pommiers que nous allions planter allaient apporter non pas la richesse, mais un peu de bonheur, et amélioreraient la vie des gens. J’avais engagé mon nom, ma réputation, et lui son peuple. Il croyait en mes mots en mon enthousiasme pour ce projet fabuleux d’introduire la pomme à Midelt. Puis nous nous séparions sans oublier de nous saluer encore par respect. Le dernier mot de toutes les conversations avec un marocain se termine par « Inch allah » (Si dieu le veut). Jamais je n’ai eu le moindre problème avec eux. Et les pommiers sont encore dans la mémoire collective de Midelt.
« La parole d’un berbère vaut tous les contrats de tous les meilleurs avocats du monde ».
Cette phrase sans qu’il puisse s’en douter allait devenir le fil conducteur de l’éducation que je voulais me donner. Elle parlait d’honneur, de parole, et de berbère. Moi, j’avais promis d’être berbère quand je serai grand. Pour commencer il fallait leur ressembler. Je me répétais « honnête, et parole d’honneur, voilà la trace à suivre ».
Il nous éleva mes frères et moi, selon ce même principe du respect de la parole, du respect des autres. Ce fut là son seul héritage. Après en avoir parfois fortement douté, tant il est difficile dans ce nouveau monde de vivre au milieu d’individus n’ayant aucunement envie de respecter cette même règle. Ma foie en ses paroles vacilla souvent, mais ne rompit jamais. Je sais malgré tout qu’il avait raison.
A mon tour, modestement, j’ai tenté de faire partager cet héritage atavique à mes enfants, qui je le crois, eux ne doutent pas. Ils en ont fait leur mode de vie. J’en suis fier pour leur pépé Maurice. Son héritage survira une génération de plus.
Et tant pis si de temps à autre, nous aussi, ses fils et petits fils, avons subi des désagréments de cette éducation parfois trop idéaliste, si respectueuse d’autrui et des règles de vie en communauté. Nous sommes tous dignes de lui ressembler. En cela, nous sommes des fils de « Berbères », et pas peu fiers.
« Au Maroc, me disait-il, je faisais des contrats avec les fellahs ou les Caïds des Douars voisins tous les jours, jamais un écrit. Il suffisait que le sage du village soit présent, il était respecté et sa parole scellait les contrats. Après une tape réciproque dans la main qu’il fallait ramener sur son front et son coeur, nos allions boire le thé.
Nous espérions l’un et l’autre que les pommiers que nous allions planter allaient apporter non pas la richesse, mais un peu de bonheur, et amélioreraient la vie des gens. J’avais engagé mon nom, ma réputation, et lui son peuple. Il croyait en mes mots en mon enthousiasme pour ce projet fabuleux d’introduire la pomme à Midelt. Puis nous nous séparions sans oublier de nous saluer encore par respect. Le dernier mot de toutes les conversations avec un marocain se termine par « Inch allah » (Si dieu le veut). Jamais je n’ai eu le moindre problème avec eux. Et les pommiers sont encore dans la mémoire collective de Midelt.
« La parole d’un berbère vaut tous les contrats de tous les meilleurs avocats du monde ».
Cette phrase sans qu’il puisse s’en douter allait devenir le fil conducteur de l’éducation que je voulais me donner. Elle parlait d’honneur, de parole, et de berbère. Moi, j’avais promis d’être berbère quand je serai grand. Pour commencer il fallait leur ressembler. Je me répétais « honnête, et parole d’honneur, voilà la trace à suivre ».
Il nous éleva mes frères et moi, selon ce même principe du respect de la parole, du respect des autres. Ce fut là son seul héritage. Après en avoir parfois fortement douté, tant il est difficile dans ce nouveau monde de vivre au milieu d’individus n’ayant aucunement envie de respecter cette même règle. Ma foie en ses paroles vacilla souvent, mais ne rompit jamais. Je sais malgré tout qu’il avait raison.
A mon tour, modestement, j’ai tenté de faire partager cet héritage atavique à mes enfants, qui je le crois, eux ne doutent pas. Ils en ont fait leur mode de vie. J’en suis fier pour leur pépé Maurice. Son héritage survira une génération de plus.
Et tant pis si de temps à autre, nous aussi, ses fils et petits fils, avons subi des désagréments de cette éducation parfois trop idéaliste, si respectueuse d’autrui et des règles de vie en communauté. Nous sommes tous dignes de lui ressembler. En cela, nous sommes des fils de « Berbères », et pas peu fiers.