
Sans un mot, l’un des douaniers nous fit un geste de la main. Le claquement des doigts militaire nous ordonnant de nous approcher. Je me souviens de cet instant, mortifié, j’étais sûr qu’ils avaient découvert notre trésor et que ce soir c’est en prison que nous dormirions. À moins que papa négocie, mais ce n’est pas du tout son genre, ce sera donc la prison !
« Il n’y a rien ! Vous pouvez ranger, dit-il sèchement, d’une mimique nerveuse et condescendante. »
« Je vous l’avais dis, il fallait me croire » lui répondit aussitôt mon génial de père. Voilà comme je l’aime. Jamais battu, cabochard, jamais soumis, comme le chasseur de sangliers et de panthères qu’il était. Il attendait, guettait ces douaniers, sa future proie. S’ils ne trouvent rien, il devenait pour quelques temps, l’animal dominant. Plutôt que de remercier platement ces douaniers de leur amical accueil, il en profite pour les narguer juste ce qu’il faut pour se faire plaisir, et retrouver son honneur bafoué. Je sais que de sa vie il n’a jamais baissé la tête, j’en témoignerai plus tard. Il le paiera cher parfois, mais je suis certain que cela lui était égal. Il se sentait l’égal de tous, y compris plus tard, du premier ministre de la république française, qu’il ne se gêna pas d’interpeller, lors d’une réception au village.
Pendant ce temps je ne remarquais pas ma mère accroupie qui rangeait consciencieusement les vêtements souillés de la honte. Elle nous tournait le dos, pliait, repliait, secouait, son passé simple pour les ranger dans les valises du futur. Une à une elle referma les valises de son bonheur passé. Papa les prenait et tentait de les ranger dans la voiture, sans doute elle aussi apaisée de cette fouille intime. le passage à tabac en règle de notre amour propre prenait fin.
Ma mère se releva, jeta un coup d’œil justicier sur ses violeurs de félicité. Des larmes coulaient lentement sur son visage. Jamais elle n’avait pleuré. Auparavant, elle était plutôt la joie de vivre et l’insouciance de ce pays. Je compris vite qu’elle ne pleurait pas de chagrin mais de haine. Elle cherchait de son regard revolver chacun des douaniers, et un par un elle les abattit d’une balle net dans le front. Moi, dans ces yeux humides de haine, je lisais que s’ils avaient été dans la forêt de « Tedders », ils n’auraient pas tenté seulement de lui prendre sa valise et encore moins de l’ouvrir. Rare furent les fois où son fidèle fusil, si réputé, ne l’accompagnait pas, charnellement blottit sur son dos, prêt à la défendre
Je ne sais si les uniformes bleus de ce jour furent impressionnés, mais l’un deux s’approcha, et tenta un geste de réconciliation militaire.
« C’est bon, vous pouvez passer, bienvenue en France ! »
« Il n’y a rien ! Vous pouvez ranger, dit-il sèchement, d’une mimique nerveuse et condescendante. »
« Je vous l’avais dis, il fallait me croire » lui répondit aussitôt mon génial de père. Voilà comme je l’aime. Jamais battu, cabochard, jamais soumis, comme le chasseur de sangliers et de panthères qu’il était. Il attendait, guettait ces douaniers, sa future proie. S’ils ne trouvent rien, il devenait pour quelques temps, l’animal dominant. Plutôt que de remercier platement ces douaniers de leur amical accueil, il en profite pour les narguer juste ce qu’il faut pour se faire plaisir, et retrouver son honneur bafoué. Je sais que de sa vie il n’a jamais baissé la tête, j’en témoignerai plus tard. Il le paiera cher parfois, mais je suis certain que cela lui était égal. Il se sentait l’égal de tous, y compris plus tard, du premier ministre de la république française, qu’il ne se gêna pas d’interpeller, lors d’une réception au village.
Pendant ce temps je ne remarquais pas ma mère accroupie qui rangeait consciencieusement les vêtements souillés de la honte. Elle nous tournait le dos, pliait, repliait, secouait, son passé simple pour les ranger dans les valises du futur. Une à une elle referma les valises de son bonheur passé. Papa les prenait et tentait de les ranger dans la voiture, sans doute elle aussi apaisée de cette fouille intime. le passage à tabac en règle de notre amour propre prenait fin.
Ma mère se releva, jeta un coup d’œil justicier sur ses violeurs de félicité. Des larmes coulaient lentement sur son visage. Jamais elle n’avait pleuré. Auparavant, elle était plutôt la joie de vivre et l’insouciance de ce pays. Je compris vite qu’elle ne pleurait pas de chagrin mais de haine. Elle cherchait de son regard revolver chacun des douaniers, et un par un elle les abattit d’une balle net dans le front. Moi, dans ces yeux humides de haine, je lisais que s’ils avaient été dans la forêt de « Tedders », ils n’auraient pas tenté seulement de lui prendre sa valise et encore moins de l’ouvrir. Rare furent les fois où son fidèle fusil, si réputé, ne l’accompagnait pas, charnellement blottit sur son dos, prêt à la défendre
Je ne sais si les uniformes bleus de ce jour furent impressionnés, mais l’un deux s’approcha, et tenta un geste de réconciliation militaire.
« C’est bon, vous pouvez passer, bienvenue en France ! »