Sur une carte de France, je cherchais Serres sur Arget, ce doit être très petit. Je ne trouve pas. Si ça n’existe pas, on ne pourra pas y aller ! Diable que les gosses sont innocents !
Je me rends compte aujourd’hui que pendant mes années Maroc, je ne me suis jamais préoccupé à quoi pouvait bien ressembler la France, pas même où elle se situait.
J’exagère un peu, je savais qu’on traversait la mer. J’aimais prendre le bateau à Tanger. Puis il fallait traverser l’Espagne, au choix, parfois par la côte, et parfois au plus court par le centre. Mon père aimait énormément ce pays.
« Le soleil n’y chauffe pas comme ailleurs, les filles sont belles, et le vin excellent ». En quelques mots il résumait parfaitement l’attachement festif qu’il portait aussi à ce pays. Mais il aimait par-dessus tout, s’arrêter chez l’habitant et manger des tapas, au bar, un verre de « Rioja » ou de « Valdepenas» à la main, et discuter avec les espagnols, loin des hôtels à touristes.
« Tapas y vino tinto, ariba Espana » lançait-il toujours pour démarrer et clôturer la soirée, avant d’offrir toujours la dernière tournée ».
D’années en années, il s’arrêtait toujours au même endroit « el rincon de Pépé » à Valence. Il y était attendu, j’en suis sûr ! J’ai dû, sûrement moi aussi, hériter de ces tendances hispaniques.
Ensuite nous arrivions en France, juste après que les monsieurs en habit bleu de méchant aient frénétiquement terminés de dépouiller la voiture. C’était un rituel bien huilé, avec un malin plaisir et chaque fois qu’ils voyaient une voiture immatriculée au Maroc.
Nous le savions tous, c’était le rituel auquel il fallait se soumettre. Nous passions ensuite des heures à re-ranger les vêtements et objets habilement étalés sur la chaussée un peu à l’écart du poste.
« Pourquoi papa à chaque fois qu’on passe devant les monsieurs en bleu, ils nous vident la voiture ? »
« Ils n’aiment pas les Pieds noir mon enfant »
Cela suffisait comme explication, les pieds noirs ! « Ces esclavagistes buveurs du sang qui nourrissait leurs ouvriers avec un bol de riz ». (Sic)
Mais l’Espagne est bien loin ce jour d’avril 1964. Je vivais dans l’angoisse journalière d’entendre le signal. J’imaginais comme au temps des cow-boys mon père sur son fier destrier siffler et d’un geste de la main, nous indiquer à tous que la caravane s’élançait vers l’aventure. Malheureusement, là nous rentrions, humblement, tout simplement sans faire de bruit.
Je me rends compte aujourd’hui que pendant mes années Maroc, je ne me suis jamais préoccupé à quoi pouvait bien ressembler la France, pas même où elle se situait.
J’exagère un peu, je savais qu’on traversait la mer. J’aimais prendre le bateau à Tanger. Puis il fallait traverser l’Espagne, au choix, parfois par la côte, et parfois au plus court par le centre. Mon père aimait énormément ce pays.
« Le soleil n’y chauffe pas comme ailleurs, les filles sont belles, et le vin excellent ». En quelques mots il résumait parfaitement l’attachement festif qu’il portait aussi à ce pays. Mais il aimait par-dessus tout, s’arrêter chez l’habitant et manger des tapas, au bar, un verre de « Rioja » ou de « Valdepenas» à la main, et discuter avec les espagnols, loin des hôtels à touristes.
« Tapas y vino tinto, ariba Espana » lançait-il toujours pour démarrer et clôturer la soirée, avant d’offrir toujours la dernière tournée ».
D’années en années, il s’arrêtait toujours au même endroit « el rincon de Pépé » à Valence. Il y était attendu, j’en suis sûr ! J’ai dû, sûrement moi aussi, hériter de ces tendances hispaniques.
Ensuite nous arrivions en France, juste après que les monsieurs en habit bleu de méchant aient frénétiquement terminés de dépouiller la voiture. C’était un rituel bien huilé, avec un malin plaisir et chaque fois qu’ils voyaient une voiture immatriculée au Maroc.
Nous le savions tous, c’était le rituel auquel il fallait se soumettre. Nous passions ensuite des heures à re-ranger les vêtements et objets habilement étalés sur la chaussée un peu à l’écart du poste.
« Pourquoi papa à chaque fois qu’on passe devant les monsieurs en bleu, ils nous vident la voiture ? »
« Ils n’aiment pas les Pieds noir mon enfant »
Cela suffisait comme explication, les pieds noirs ! « Ces esclavagistes buveurs du sang qui nourrissait leurs ouvriers avec un bol de riz ». (Sic)
Mais l’Espagne est bien loin ce jour d’avril 1964. Je vivais dans l’angoisse journalière d’entendre le signal. J’imaginais comme au temps des cow-boys mon père sur son fier destrier siffler et d’un geste de la main, nous indiquer à tous que la caravane s’élançait vers l’aventure. Malheureusement, là nous rentrions, humblement, tout simplement sans faire de bruit.
17 commentaires:
Désolé de le dire de maniere assez crue, mais je pense que la France est atteinte d'une forme de schizophrenie terrible. Rejeter l'autre, plus au moins, ça se comprend mais rejeter ses propres enfants car c'est soit disant des pieds noirs la chose devient choquante. Paradoxalement, nous aussi on fait la meme chose avec notre communauté qui vit à l'etranger quand ils reviennent au pays !!! Comme quoi on a beau etre tolerant, on peut toujours faire preuve d'aberrations inexplicables.
Merci takkou de ton passage
Une chanson française dit "les gens d'ici ne sont pas plus méchant que les gens de la bas, seulement les gens d'ici ils sont d'ici"
Voila ce que je pense, chacun s'appropries le droit de coeur sur les étrangers
Je dois dire aussi que certains pieds noirs et notamment d'algerie n'ont pas eu le comportement qu'il fallait pour se re-intégrer dans un nouveau pays
Et les pauvres "bougres comme mon pere en ont souffert
Le temps est passé aujourd'hui d'autres pays ont droit a la vindicte française
Ah si tous les gens du monde étaient un jour des immigres cela faciliterait la compréhension de l'autre
patrick
C'est marrant ... en 1964, tu rejoignais la France et moi l'Italie !...chacun en marche vers les origines !...
Je t'espére de bonnes balades à moto en ce moment ?!...
Claude
bonjour Patrick;votre traversee d'Espagne a ete selon votre texte sans ecombres ,par rapport à ce qu' avait subi beaucoup de pieds noirs lors de leur exode vers la France .votre pere avait parait il
bien prepare le retour.Par ailleur n 'avait t il pas envisager de s 'etablir en Espagne? beaucoup de pieds noirs l' avaient fait d' apres ce j'ai lu qq part. amities
Salut patrick.
je vois bien l'influence du cinema Rex qui se manifeste dans tes ecrits. Comme pour beaucoup de Mideltis, Cet unique salle de cinema était la porte vers l,évasion. Ils suffisait de quitter les limites de la ville pour retrouver les paysages dignes de Richard Widmark et de Jhon Wayne. Les canyons, les steppes, Lalla Mimouna et le vent qui, en chariant sa poussiere, fait siffler lugubrement les fils du télégraphe. Ne manquaient que les indiens mais nous, les enfants, nous les inventions pour pallier au manque.
J,ai aimé" Diable que les enfants sont innocents" car au Quebec le mot innocent est surtout utilisé dans le sens naif, Niais. on dit ici niaiseux. Il y aussi le mot habitant qu'on utilise ici pour dire les gens du pays, les colons(campagnards). Un habitant est peu civilisé car il vit comme à l'époque de la nouvelle France.
Enfin j,aime ton espagne car la mienne était une salle de transit à New york où l'on nous conduisait comme du bétail dans une salle sans fenetres pendant l,escale. Je hais l'entre deux car J,ai déja de la difficulté à me situer par rapport à mes deux reperes le maroc et le Quebec. Je veux bien que dans les histoires d'immigration il y ait des schisophrenes mais pas des "nulle part"
Je la sais ta blessure...L,arme de l,émigration(Transhumance)m,en a tatouée une.
majid
Merci claude
chacun chez soit "chacun sa baniere"
pourquoi faut il soufrir en rentrant chez soit ou en en partant?
merci de tes passages
patrick
Bonjour Dr Mouhib
En France nous attendait ........chut vous le saurez bientôt
Non l'Espagne il n'en était pas question ! Son pays c'était la France alors nous allions en France !
La suite lui donnera t'il raison ?
Merci de votre passage
Je suis heureux et triste, je viens de recevoir le livre de Mohamed choukri le pain nu, et en même temps je lis qu'il est mort en 2003
Triste car j'avais adoré son interview a une télé française
Je me jette dans le livre
A bientôt amitiés
Patrick
Bonjour Majid blal
Ah le cinéma Rex, et ses propriétaires les AYAKATSIKAS, comme le nom l’indique des grecques, mais pourquoi préciser, déformation française, a Midelt cela n’avait pas d’importance nous étions fils de l’AYACHI
Mes parents, mon père surtout était très ami avec les propriétaires du cinéma et café, il y jouait au billard, et moi j’allais au cinéma souvent gratuitement ou pour pas cher
Des cow boy des cow boys que des cow boys
Moi j’étais toujours pour les indiens, parce que pour moi c’était eux les gentils. Avais-je deviné avec mes petites méninges que ces cow boy allaient se transformer en Bush
Et bien sur quand je retournais au paysannat, lance pierre et cailloux dans la poche je partais a la chasse au grand fauve (gerboises, moineaux)
Merci pour ce retour en arrière
Patrick
Bonjour, Patrick,
Lorsque nous étions au Maroc, c'était à la fin des années 70, nous traversions aussi avec la SNCM que nous prenions nousà Montpellier
La traversée demandait une nuit sur le bateau
On arrivait à Tanger !
Que de souvenirs tu m'évoques !
bonjour cergie
sans doute toi et moi avons emprunté les meme chemins, et les meme routes
merci de ta fidelité
a bientot
patrick
Bizarre après avoir lu ce texte de se sentir étranger, je ne sais pas si la France comme dit plus haut est atteinte de schizophrénie, mais je crois devant une inconnue qui comme tu le dis toi même : La France cette inconnue (je racourcis ta pensée) et je pense que de notre coté, nous ne savions pas qui étaient ces personnes françaises venant d'ailleurs, surtout quand est arrivée la vague d'Algérie avec ce terme "pied noir"
Oui cette époque me semble loin et malgré tout je ressens toujours comme quelque chose de non résolu dans les t^tes !! Je dirai : Français ! Oui, mais pas d'ici !! Toujours un peu ailleurs.
La moto c'est ton nouveau cheval te permettant de galoper sur les routes ^^
@++
Bonjour fr@n6
Je voyais bien dans les yeux des français leur étonnement face à cette vague d’immigrés français d’un autre pays
Nous avons été tous suspectés d’être des esclavagistes et cela est arrivé après la guerre d’Algérie ou les français ne comprenaient pas a juste titre parfois que leurs enfants mourraient pour des colons fortunés et esclavagistes
Mais nous n’étions pas tous des esclavagistes, du moins je l’espère, il y avait beaucoup de simples gens, et ceux la en France ont reçu l’accueil froid des français
Les pieds noirs du Maroc et de Tunisie ont été bien mieux accueillis aussi que ceux d’Algérie
C’est une histoire douloureuse qui s’effacera avec les derniers survivant de cette période
Déjà les enfants des pieds noirs se sentent français sans aucun doute, le miens me parle même d’Occitanie
A bientôt et merci de ton passage
Patrick
Discuter avec l'habitant, voyager en s'arrêtant pour partager mille et une choses avec les gens du pays, c'est un peu un rêve pour moi. Peut-être aurais-je un jour la chance de le réaliser?
Bonjour Marie bland
il ne faut pas hésiter a aller vers les gens ,nous sommes tous paralyses a l'idée d'être "mal reçu"
Je ne voyage que chez l'habitant quand je le peux pour échanger, discuter, partager nos cultures
Être prêt des gens chaque jour c'est mieux vivre sa propre vie
Merci de ton passage
Patrick
On est toujours une immigrée de quelque part,je viens de mon Nord natal et je suis une étrangère en Normandie, mais j'aime voyager dans les autres pays et partager la vie de leurs habitants.
Bonjour lylianne
Je crois que l’on peux être un immigre dans son propre pays c’est sur et même dans son propre quartier ou village
La France est accueillante mais les français bien moins
Merci de ton passage et reviens quand tu veux ici tu sera chez toi
Patrick
Hummmm!! Les tapas à Valencia : les "sépias à la plancha " et "les tellines" juste ouvertes à la poêle avec un filet d'huile d'olive, un vrai régal. C'est décidé demain on part!
A bientôt
Josie
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