Monsieur Bunsik habitait en bordure de Midelt. Pour moi c’était la ville, pas de moineaux, plus de hyènes, plus de Mimouna à escalader…je m’ennuyais. Les poings inutiles enfoncés dans les poches, je footballais les cailloux de la cour. Moi qui ne savais que chasser, galoper, défier Orus le taureau de race de la ferme, manger des sauterelles grillées sur le « camoun » lors des invasions, chaparder avec la complicité des enfants la viande boucanée pendue sur une corde qui nous alléchait et nous narguait.
Je regrettais même de ne pas aller à l’école, je ne me serais pas ennuyé au moins. J’aurais à nouveau fait la connaissance avec la tendre baguette magique de Driss, celle qui te stimule les fesses et le cerveau. J’en arrivais à souhaiter re-goutter l’amertume de ses caresses sur mes frêles guiboles. Pourtant elle n’était pas bien loin, personne s’en était préoccupé, un oubli, je n’en sais rien. Trop de choses à penser.
Comme j’ai oublié le temps à retarder le signal de l’exode. Attendre l’angoisse du signal effrayant que donnerait mon père. Celui de l’appel du deuxième départ.
Les chariots de feu à l’envers, Go Ouest ! Vers le nord, la caravane des pionniers qui retournent chez eux la tête basse, honteuse d’avoir échoué dans le nouveau monde
Mon père avait déjà accompli plusieurs voyages en France avec notre fidèle Peugeot, pour préparer notre arrivée. Bien entendu, rien n’était prévu là-bas en métropole, et cela ressemblait bien à de la précipitation non préméditée, à un coup de tête.
Il nous dévoilait ses plans au compte goutte sur la maison qu’il venait d’acheter dans l’Ariège grâce à Monsieur Marquis un ami pâtissier.
« Tu connaissais » me disait-il, « la maison louée à Lux, tu t’en souviens on avait passé des bonnes vacances non ! Et bien c’est à coté ».
Je savais qu’il cherchait par ces tristes mots à acheter mon acquiescement à ce voyage, il cherchait des alliés, je n’en étais plus un. Il tenta alors de me dire que je ne serai pas dépaysé puisque je connaissais un peu la chute de notre histoire Marocaine.
Oui bof, je n’étais pas plus rassuré pour autant, mes souvenirs de France n’étaient vraiment pas des plus immortels. Pas de quoi motiver et convaincre un chasseur à la transhumance forcée. Un berbère, son cheval, son sloughi et sa « crîma » à changer de pâturage, se perdre vers l’oubli.
Je regrettais même de ne pas aller à l’école, je ne me serais pas ennuyé au moins. J’aurais à nouveau fait la connaissance avec la tendre baguette magique de Driss, celle qui te stimule les fesses et le cerveau. J’en arrivais à souhaiter re-goutter l’amertume de ses caresses sur mes frêles guiboles. Pourtant elle n’était pas bien loin, personne s’en était préoccupé, un oubli, je n’en sais rien. Trop de choses à penser.
Comme j’ai oublié le temps à retarder le signal de l’exode. Attendre l’angoisse du signal effrayant que donnerait mon père. Celui de l’appel du deuxième départ.
Les chariots de feu à l’envers, Go Ouest ! Vers le nord, la caravane des pionniers qui retournent chez eux la tête basse, honteuse d’avoir échoué dans le nouveau monde
Mon père avait déjà accompli plusieurs voyages en France avec notre fidèle Peugeot, pour préparer notre arrivée. Bien entendu, rien n’était prévu là-bas en métropole, et cela ressemblait bien à de la précipitation non préméditée, à un coup de tête.
Il nous dévoilait ses plans au compte goutte sur la maison qu’il venait d’acheter dans l’Ariège grâce à Monsieur Marquis un ami pâtissier.
« Tu connaissais » me disait-il, « la maison louée à Lux, tu t’en souviens on avait passé des bonnes vacances non ! Et bien c’est à coté ».
Je savais qu’il cherchait par ces tristes mots à acheter mon acquiescement à ce voyage, il cherchait des alliés, je n’en étais plus un. Il tenta alors de me dire que je ne serai pas dépaysé puisque je connaissais un peu la chute de notre histoire Marocaine.
Oui bof, je n’étais pas plus rassuré pour autant, mes souvenirs de France n’étaient vraiment pas des plus immortels. Pas de quoi motiver et convaincre un chasseur à la transhumance forcée. Un berbère, son cheval, son sloughi et sa « crîma » à changer de pâturage, se perdre vers l’oubli.
17 commentaires:
Salutations de L'icebeg.( Il fait frêtte icitte)
On voit bien que le petit garçon, dans cet épisode, se prépare au pire. Il essaye de s'immuniser contre la separation à venir. Je poserais bien quelques questions:
1) Peut-il guerir de sa separation en revenant sur les lieux?
2) Pourrait-il faire le deuil de son père qu'il met,indirectement, en scene comme premier personnage
de ce récit?
3)La maman est absente comme personnage, est elle condamnée à être le faire valoir de relation pere-fils? On N,a aucune indication sur ses émotions, sur l'ambiance familiale depuis le déménagement vers Midelt( Le transit)
La suite nous le dira-t-elle?
Le lecteur en nous tiendra notre mal en patience en attendant le developpement des évenemnets.
Papa j,ai mal à l'âme! J,ai "La blessure du nom propre".
Excuse moi si je fais un peu de coaching. Ce sont le genre de questions que j,aborde dans les ateliers que je donne sur l'Écriture.
Amicalement,Majid.
Bonjour
Majid Blal
Merci pour ces remarques venant d’un connaisseur de la langue et du pays que le petit garçon va quitter
Il va guérir certes, mais il ne sait pas encore que sa guérison ne sera que temporaire, qu’un jour, un événement va lui rappeler ses origines lointaines
Ce jour la subitement il redécouvre qu’il a eu une enfance dans un autre pays, il se croit encore guéri mais la blessure s’ouvre toujours plus
Pour cicatriser momentanément sa nouvelle blessure il va écrire pour s’exorciser
Mais écrire c’est pire comme la cigarette que vous attendez avec impatience et que vous trouvez dégoûtante dés la première bouffée
Il va prendre une décision retourner voir, et c’est ce qu’il fera bientôt
Pourquoi ne parle t’il plus de sa mère, c’est simple elle n’existe plus. Elle si présente décide de se recroqueviller sur elle, laissant à son mari assumer ses actes puisqu’il ne veut pas changer d’avis
Et toutes les années qu’il leur restera à vivre seront la copie parfaite de ce transit.
J’ai cherché longtemps si la mère avait eu une réaction pour pouvoir l’écrire, rien calme plat, elle s’est évadée ce jour là et n’acceptera jamais le retour en France
Il n’y avait plus de vie familiale en attendant le départ
A tel point que l’on oublia d’envoyer le gamin en classe
Chacun vivait ses derniers rêves en attendant……………………..
Merci de continuer vos commentaires si instructifs, je vais modifier le texte en en tenant compte
Amitiés
patrick
Patrick.
je voulais juste te suggerer des indices pour la suite et je suis confiant que tu vas nous régaler(intelectuellement).
je voulais aussi te remercier car à travers ton blog j'ai pu connaitre d,autre personnes avec des sensibilités differentes mais aussi intenses. Les photos de Cergies sont explicites d,un regard qui se veut avec nous mais different de nous. Une sorte d,excluvité.
Finalement, je te tutoies. Enfin l'un de nos enfants prodigues revient nous dire qu,il nous a toujours aimé et nous chantons, tu es le plus que bienvenu.
Ton chum majid.
Bonsoir Patrick,
Merci pour ta sympathie où je reconnais la chaleur et la sincérité des lorrains que je connais si bien.
Bien amicalement
Te souhaite une bonne semaine et une fois de plus MERCI pour les émotions qui se dégagent de tes récits.
Claude
bonjour Majid blal
merci pour ces remarques pertinentes ,n'hesitez surtout pas a contunuer a me conseiller
amicalement
patrick
bonjour fabrice
mon pere etait lorrains de naissance ,puis je crois qu'il est devenu fils du monde
j'ai garde de lui la chaleur des gens de l'est du moins c'est ce que l'on dit, et l'hospitalite legendaire du maroc
merci de ton passage
je profite de l'occasion pour conseiller aux visiteurs de ce blog d'aller faire un tour du cote de chez fabrice (liens direct)
amities
claude
mes textes sont ils a la hauteur de tes photos,c'est mon objectif de communication
visitez aussi claude,ses photos en disent plus que des centaines de lignes
patrick
la route continue, triste mais y aura t-il par la suite un rayon de soleil !! Une compréhension de la décisions, le véritable motif de la décision du départ ? @suivre dans les prochaines notes
j'ai mangé les sauterelles au kanoun, c'était lors de la grande invasion du maroc par les sauterelles en 59-60.
Actuellement, et à cause des pesticides utilisés par le ministère de l'agriculture sur les essaims, les marocains ne peuvent plus y gouter.
Merci pour ces souvenirs, j'attends avec impatience la suite de tes péripéties de l'autre rive
M.Mouhib.
bonjour fr@n6
et bien vous le saurez en lisant le prochain episode de /.............
voila une annonce pub bien lancée
oui il faudra bien s'adapter comme je le crois de nombreux pieds noirs se sont adaptes et integres a la france
merci de tes passages
patrick
bonjour DR Mouhib
alors nous avons sans le savoir mangés les memes sauterelles,moi au paysannat et vous à Midelt
Car le n'ai connu qu'une seule veritable attaque de sauterelles et donc n'a pu se derouler qu'entre 59 et 64 la date de notre depart
Sans le savoir a 10 km d'eloignement l'un de l'autre, nous avions les memes gestes que nous realisons seulement 44 ans apres
Drole la vie et ses surprises!!
merci comme toujours et encore
patrick
"De super directeur à éleveur de moutons"
C'est déchoir de retourner en France et se perdre dans l'oubli
Dans l'anonymat
C'est perdre la face
Et pourtant tu es attaché autant aux choses dérisoires qu'aux choses prestigieuses, le sloughi (mon chien Nadia qui était un batard rondouillard à poil noir et blanc au ventre rose, je prétendais que c'était un shloughi !), le taureau de race
que les hyènes, les sauterelles, les cailloux !
Tout cela contribuant au prestige, en réalité à mon avis à l'impression d'appartenir à la race des seigneurs de cette terre que tu connaissais si bien et non à la terre étrangère du nord même si tu y avais été en vacances parfois.
C'est curieux comme les enfants ont besoin de reconnaissance et de grands mots et toi Patrick tu sais si bien rendre ce besoin là
Il y a beaucoup à dire de tes textes chaque fois et ce que tu y exprimes je ne sais si tu le fais consciemment, à mon avis tu le rends avec ta hargne, avec tes tripes, avec ton coeur.
Bonjour cergie
Laisse moi quelques secondes, quelques minutes pour reprendre mes esprits
Tout blogeurs, ou toute personne qui écrit et s’expose, aime avoir un retour de son texte, une impression, un sentiment
Comme les autres j’attends vos commentaires a tous,
je crois maintenant qu’une dizaine d’entres vous est fidèle à mes écrits alors j’attends avec impatience
Et puis certains commentaires font mouches, le tiens viens de toucher au centre, en plein dans le cœur
J’ai aimé tes remarques et surtout « il y a beaucoup à dire sur tes textes…. » Alors surtout sur les textes, ne te gène pas vas y, je sais que ce sera constructif
Oui j’écris avec les tripes et pas les doigts, je ne saurai je crois écrire autre chose si je ne l’ai pas vécu, ou si mes tripes ne ressentent pas la situation
Ceux qui me connaissent savent (chut c’est un secret) que mon caractère tourne autour de tes remarques
Reviens écris, je serai heureux
Patrick
(Ps :je suis content de l’amitié naissante sur ce blog avec Majid blal)
Bonjour Patrick,
Alors nous avons au moins deux points communs. La Lorraine et le Maroc.
La Lorraine et ses sites de mémoire ne font qu'un avec moi puisqu'ils sont mon quotidien. Quant au Maroc, j'aime avec passion ce majestueux pays où, comme tu le soulignes justement, son hospitalité est plus que legendaire. Si mon emploi du temps le permet, je dois d'ailleurs répondre favorablement à l'invitation de la fête du Trône le 30 juillet prochain.
A la lecture de tes épisodes et tes carnets de souvenirs, je comprends Patrick ton affection pour ce merveilleux pays.
Bien amicalement à toi
Bonjour Fabrice
Merci pour ton passage
Les deux points communs me vont
La lorraine, c’est le pays de mon père,meligny le petit, meligny le grand,meligny le horgne, tous ces noms chantaient dans ma tête
J’y suis all' un jour voir la tombe des ancêtre, elle remonte vers 1700
Le Maroc, ce sont mes souvenirs embellis sûrement, mais même la moitie de ces souvenirs sont déjà une vie
Quelle chance d'être invité a la fête du trône, c’est un honneur, tu as donc gardé des contacts
Moi c'est mai ou juin l'année prochaine et devines où j'irai
Patrick
Coucou!! je reprends la route de Midelt. j'aime toujours autant ton style.
Enregistrer un commentaire