Ce triste moment s’est déroulé vers Mars 1964. Aujourd’hui encore j’entends les pleurs des fantômes. Sur ce blog, le Docteur Mouhib est venu ressusciter les pleurs et les lamentations de souvenirs douloureux que je croyais à jamais enfouis. Il a rencontré des Mideltis qui étaient présents au départ de mon père, et lui ont raconté la scène que je viens de conter. Pas un mot n’a manqué, ni même les émotions.
Un camion, quelques jours avant, était venu chercher nos grosses malles en bois. Toute notre vie avec ses souvenirs bien rangés au carré dans des caisses fermées à double tour. Pour être sûr de ne rien perdre, ni rien oublier de son passé. Pour les empêcher de s’enfuir ou de tenter de rester à Midelt.
Le poids est limité, il faut trier. Quels souvenirs faut-il emporter ? Les meilleurs sans doutes, mais lesquels, il y en a tant !
Les journées de chasses avec Almy et nos deux chiens, ou la pêche à la Zaouïa de Sidi Amza, pas beaucoup de truite mais que des grosses.
Imsouane et ses barques bleues ou les sardines de Safi ?
L’outarde de ksar Souk empaillée dans le salon ou le mouflon de Tedders ?
Les couvertures de Chichaoua ou la table de Mogador ?
Les épices de Marrakech ou la théière de Midelt ?
La Mimouna ou le Moussen d’Imilchil ?
Les hyènes mystérieuses ou les gerboises intrépides qui nous narguaient du bord de la route ?
Mais comment emmener mes amis avec moi, les rires de Fatima, la peur de Slimane et les grimaces de Mohamed.
Au loin, La Mimouna, ma mère, ma montagne éternelle pour des siècles, ne me reverra plus l’escalader en marmonnant en arrivant à son sommet qu’elle avait bien voulu par indulgence me laisser escalader. « Je suis Patrick le chasseur de l’atlas ». Des larmes rouges et ocres ruissellent sur ses flancs. Elle aussi gémit, j’en suis sûr, je l’entends ! Je le sens.
Il ne faut choisir que les bons souvenirs, ceux qui un jour vous aideront par leur seule pensée, à vous échapper de votre vie sans vie, de votre cauchemar. Un léger rictus aux lèvres et un hochement de tête sauront sûrement pour quelques courts instant raviver la flamme de ce passé si pressant.
Sans doute aussi, emporter et essuyer vos larmes, celles qui depuis trois jours deviennent votre quotidien. Même la bonne n’a pas le droit de disposer des caisses du désespoir, du demain qui fait peur, de la France qui ne nous attend pas.
De super directeur à éleveur de moutons, voila le futur de mon père. A-t-il au moins une vague idée de ce qui l’attend ?
« Papa il n’est pas trop tard pour rester »
Pourquoi n’ai-je jamais crié cette phrase. Pourquoi restait-elle enfouie dans mes entrailles sans jamais s’exiler.
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Un camion, quelques jours avant, était venu chercher nos grosses malles en bois. Toute notre vie avec ses souvenirs bien rangés au carré dans des caisses fermées à double tour. Pour être sûr de ne rien perdre, ni rien oublier de son passé. Pour les empêcher de s’enfuir ou de tenter de rester à Midelt.
Le poids est limité, il faut trier. Quels souvenirs faut-il emporter ? Les meilleurs sans doutes, mais lesquels, il y en a tant !
Les journées de chasses avec Almy et nos deux chiens, ou la pêche à la Zaouïa de Sidi Amza, pas beaucoup de truite mais que des grosses.
Imsouane et ses barques bleues ou les sardines de Safi ?
L’outarde de ksar Souk empaillée dans le salon ou le mouflon de Tedders ?
Les couvertures de Chichaoua ou la table de Mogador ?
Les épices de Marrakech ou la théière de Midelt ?
La Mimouna ou le Moussen d’Imilchil ?
Les hyènes mystérieuses ou les gerboises intrépides qui nous narguaient du bord de la route ?
Mais comment emmener mes amis avec moi, les rires de Fatima, la peur de Slimane et les grimaces de Mohamed.
Au loin, La Mimouna, ma mère, ma montagne éternelle pour des siècles, ne me reverra plus l’escalader en marmonnant en arrivant à son sommet qu’elle avait bien voulu par indulgence me laisser escalader. « Je suis Patrick le chasseur de l’atlas ». Des larmes rouges et ocres ruissellent sur ses flancs. Elle aussi gémit, j’en suis sûr, je l’entends ! Je le sens.
Il ne faut choisir que les bons souvenirs, ceux qui un jour vous aideront par leur seule pensée, à vous échapper de votre vie sans vie, de votre cauchemar. Un léger rictus aux lèvres et un hochement de tête sauront sûrement pour quelques courts instant raviver la flamme de ce passé si pressant.
Sans doute aussi, emporter et essuyer vos larmes, celles qui depuis trois jours deviennent votre quotidien. Même la bonne n’a pas le droit de disposer des caisses du désespoir, du demain qui fait peur, de la France qui ne nous attend pas.
De super directeur à éleveur de moutons, voila le futur de mon père. A-t-il au moins une vague idée de ce qui l’attend ?
« Papa il n’est pas trop tard pour rester »
Pourquoi n’ai-je jamais crié cette phrase. Pourquoi restait-elle enfouie dans mes entrailles sans jamais s’exiler.
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13 commentaires:
Toujours autant d'émotion dans tes récits, MERCI...
Bonne semaine estivale à toi
Claude
bonjour claude
j'essaye d'etre modestement a la hauteur de tes photos
patrick
Salut Patrick, je viens de lire ou plutot de devorer ce que tu as ecris. Comme d'habitude je suis fasciné. A bientot...
Bonjour patrick. C,est devenu un rendez vous ponctuel. Une rencontre à et avec chaque épisode.
J,ai constaté une évolution dans votre style. En plus du volet narratif et la précision dans la description des lieux, des personnages et des émotions, voila que cet épisode est plein de poesie. Une transe interne qui vous(te) fait dialoguer avec lalla Mimouna ainsi qu'avec un environnement que vous(tu) restituez avec de l,imagerie du poete. Une vraie trame sonore.
Bonne continuation.
Majid Blal
Doucement le départ prend forme, oui mais vers quoi ? La suite des billets nous le dira !!
Bien @twa
Bonjour takkou
Sans fausse modestie, je pense tu exagères, sur mon écriture !
très honnêtement je ne me compare pas a toi qui traite si bien les sujets que tu écris
Mais comme tout homme cela me fais énormément plaisir et comme le « bourgeois gentilhomme « continuez à me flatter »
Venant de toi-même une infime partie de ce compliment me fais plaisir
Reviens
Au fait ton voyage en France ? Je t’attends
Bonjour Mr majid Blal
Je pense de suite qu’il faut se tutoyer (si tu ni vois aucun inconvénient)
Je retiens un mot, le plus important de ton commentaire « transe interne » je dirai comment as-tu deviné ?
Merci de ce commentaire il vient de quelqu’un qui a écris et qui a publié des poèmes, mais comme a takkou je pense que c’est exagéré, mais je veux bien accepter cela comme un encouragement à continuer, et à toujours m’améliorer
Je savais intiment que ces quelques épisodes étaient et seraient differents, je le sentais au bout de mes doigts mais aussi au plus profonds de moi
42 ans après je revivais en direct, ce départ,de plus quelques jours avant vous veniez de me confirmer que j’avais assez bien retranscris l’épisode du départ ,et encore il m’a manque des mots pour tout exprimer
Merci de votre passage et de votre fidélité
Patrick
bonjour fr@n6
oui tu le sauras bientot
mais sans doute aussi as tu deviné la destination c'est la france,
Mais ce n'est pas le plus important
le plus important c'est comment "le petit chasseur de l'atlas" va t'il s'integrer à son nouveau pays
merci de ton passage
a bientot
patrick
Heureusement dans notre tête on peut embarquer tous les souvenirs...j'allais dire que l'on veut...mais pas forcément...Tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc et tout n'est pas gris non plus et sans doute le "Petit chasseur de l'Atlas" l'a compris qui après toutes ces années nous l'écrit...
La France ?
Entrer en scène dans ton histoire comme témoin m'honore .
J'aimerai tellement que les jeunes de la région qui la dénigrent lisent votre blog; et surtout ce dernier message qui met en exergue les trésors que recèle Midelt.
Merci.
oui je crois que le plus important est comment l'on arrive à s'intégrer dans un lieu pour ainsi dire inconnu.
Eh oui, pourquoi ?
Pourquoi ne pas avoir crié ?
Parce que les enfants voudraient que l'on les entendent sans qu'ils formulent une parole
C'est ainsi que je n'ai jamais osé demander à faire de la danse, j'apprenais toute seule les positions, je m'étais tricoté un tutu
C'est pourquoi lorsque nous aussi avons fait les grosses malles en bois pour quitter la Côte d'Ivoire, nous n'avons pas osé demander à emmener notre chienne Nadia
Il me semble que je t'en ai parlé de ma chienne qd j'ai lu qch sur ton chien
Je t'ai raconté aussi que mon mari était coopérant militaire à l'institut agronomique Hassan II de Rabat pendant 2 ans, c'est pourquoi j'ai quitté Laxou
Oui, je sais que tu connais Nancy donc je savais que tu connais Laxou
Profiter une dernière fois, s'imprégner pour se souvenir toujours...
Nous sommes tous pareils
Vois comme Marcel Pagnol a aussi très bien raconté comme il ne voulait pas quitter Aubagne et voulait se faire ermite dans une grotte ?
Patrick, j'ai eu le bonheur d'avoir la visite de Majid qui a sous ses doigts des mots de vent
Il est passé sur mon blog et j'ai aimé son regard porté sur mes photos
Dis lui STP, car son profil étant fermé je ne peux lui rendre sa visite
Dis lui aussi que j'ai un autre blog qui est plus actualisé, où j'ai aussi des textes.
Merci, Patrick, et bonne journée à toi.
bonjour cergie
Majid Blaln'a pas de blog, nous echangeons a travers le blog "echos de Midelt" que tu trouveras sur mes liens,tu peux aussi te servir du mien si tu le veux
je ne connais pas ton autre blog,merci de me donner son adresse,je suis interessé
merci de ton passage et de nos souvenirs comment a distance
a bientot
patrick
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